La fintech Zazu prépare son arrivée sur plusieurs marchés africains en 2026. Parmi ces marchés, le Maroc occupe une place de choix.
Depuis le 1er décembre 2025, la fintech panafricaine Zazu a levé 1 million de dollars en pré-amorçage pour soutenir son expansion sur le continent — avec un objectif clair : lancer ses services en Afrique du Sud et au Maroc, en vue d’un déploiement pan-africain en 2026 révèle le confrère Agence Ecofin. Selon notre source, la fintech a choisi l’Afrique du Sud et le Maroc comme premiers marchés, en raison du poids de leurs petites et moyennes entreprises (PME), de la croissance de leurs écosystèmes entrepreneuriaux et de la présence d’infrastructures fintech structurées. « Cela nous donne les moyens d’accélérer la vision que Rinse Jacobs et moi avons initiée il y a un peu plus d’un an. Je me souviens de mon atterrissage en Afrique du Sud, avec une idée audacieuse : confronter les grandes banques et la conviction que la banque devait être radicalement meilleure. Notre objectif ? Construire la solution financière que les entreprises vont adorer, pour plus de 50 millions d’entrepreneurs, PME et freelances à travers ce continent. Ambitieux ? Sans doute. Mais ce n’est que le début de notre aventure. Nous servons déjà nos premiers clients au Maroc, et une cohorte bêta en Afrique du Sud. L’opportunité devant nous est immense », a déclaré le cofondateur de Zazu, Germain Bahri, sur son compte LinkedIn. Il faut d’ailleurs rappeler que ce tour de table a vu la participation de Plug and Play Ventures, ainsi que d’investisseurs et de fondateurs de fintechs issus de Launch Africa Ventures, AUTO24.africa, Paymentology, Chari, Fiat Republic, Fiat Republic, et de plusieurs membres fondateurs de licornes fintech européennes comme Qonto et Solarisbank.
Le « missing middle » africain : un besoin criant d’outils adaptés
L’idée derrière Zazu repose sur un constat largement documenté : en Afrique, les micro-entreprises accèdent souvent à la microfinance ou aux services de mobile money, tandis que les grandes entreprises bénéficient de services bancaires structurés. Le segment intermédiaire — les PME — souffre d’un manque chronique d’outils adaptés. On parle de ce qu’on appelle le « chaînon manquant » (the “missing middle”). Ce déficit est loin d’être anecdotique : des dizaines de millions d’entreprises en Afrique restent « sous-bankées » ou ne bénéficient pas de services adaptés à leurs besoins réels (comptabilité, gestion de trésorerie, paiements, etc.).
Zazu entend précisément combler ce vide. En combinant, via une même plateforme, la banque et les outils de gestion — facturation, comptabilité, gestion de flux — elle permet de rationaliser les opérations, d’améliorer la transparence financière et de donner aux PME les moyens de se structurer comme de plus grandes entreprises. Fondée en 2024 par Rinse Jacobs et Germain Bahri, tous deux anciens employés de Solarisbank, la licorne allemande des services bancaires à la demande, Zazu se positionne comme une alternative aux banques traditionnelles africaines. Avec plus de 50 PME déjà en phase bêta et une liste d’attente de plus de 1 000 entreprises, la startup ambitionne de combler le déficit de financement qui affecte les entreprises à taille humaine en Afrique. « Cette annonce est une bonne nouvelle pour les marchés africains. Cela dit, il faut aussi noter que ce n’est rien de révolutionnaire : il s’agit avant tout d’un service financier supplémentaire pour aider les PME à mieux gérer leurs opérations. Pour s’installer au Maroc, un agrément est indispensable. Or, au regard de leur levée de fonds, qui reste modeste, cela paraît encore difficile à ce stade. À mon sens, il s’agit plutôt d’une prémisse à un partenariat, voire à une alliance avec une banque locale déjà établie », nous confie Andrea Bises, expert fintech auprès du Fonds Monétaire Arabe. « La plus grosse barrière à l’entrée pour ces fintechs reste la licence bancaire et le niveau d’exigence réglementaire au Maroc. Ceci dit, Zazu reste un petit acteur. Je pense que son arrivée au Maroc n’est pas pour demain et ce n’est pas vraiment un événement », explique une de nos sources.