Après une période de turbulence, le Rwanda a pu renouveler son partenariat avec le PSG jusqu’en 2028. Un partenariat stratégique qui irrigue le tourisme rwandais. Zoom sur cette marque engagée auprès d’Arsenal, du Bayern et du PSG.
Ayant été sur le toit européen, le Paris Saint-Germain a su maintenir son deal avec « Visit Rwanda ». Le slogan, visible sur les manches des maillots du PSG, sur les LED du Parc des Princes ou encore dans les contenus digitaux du club, est devenu un symbole stratégique de la diplomatie touristique du Rwanda. Depuis quelques années ce petit de la région des lacs a impulsé cette stratégie de sponsoring stratégique de club européen afin de mettre en avant son offre touristique.
L’objectif est clair : profiter de l’attractivité des champions de France, de leur force de frappe digitale. Pour le PSG par exemple, on parle de 76 millions de fans sur les réseaux sociaux. Mais aussi séduire de futurs investisseurs étrangers et mettre en lumière le Rwanda, loin du sombre épisode des années 90. Avant le PSG, en 2018, le pays avait signé un partenariat avec le Club Arsenal.
« Au terme de cette année 2018, le Rwanda affiche une hausse des arrivées touristiques de 42% à 1,7 million de visiteurs en glissement annuel », expliquait es données du RDB (Conseil du développement du Rwanda). Outre les spectateurs de matchs d’Arsenal en effet, le RDB assure avoir pu drainer de la visibilité via les réseaux sociaux. Depuis le lancement du partenariat, le Conseil a noté une hausse de 100% des abonnés sur la chaîne YouTube de «Visit Rwanda» et de 72% et 577% respectivement sur Twitter et Instagram.
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Et selon les cabinets internationaux Nielsen, Blinkfire Analytics et l’agence de recherche Hall and Partners, les partenariats conclus avec Arsenal et le PSG ont généré plus de 160 millions de dollars (148 millions d’euros) et permis d’attirer un million de visiteurs, générant 445 millions de dollars (412 millions d’euros) supplémentaires.
Contacté par Challenge l’économiste Driss Aissaoui, déclare: » Le président Paul Kagame a eu l’intelligence de transformé son pays depuis l’épisode douloureux du génocide. Sur le plan de l’industrie, de l’aménagement territorial, et surtout du tourisme, le Rwanda est une étoile qui brille aujourd’hui sur le continent ».
Un accord entre 8 et 10 millions d’euros
En renouvelant son partenariat avec le PSG jusqu’en 2028, le Rwanda confirme sa stratégie audacieuse : faire du sport un levier d’image et de développement touristique. Rappelons que cette stratégie, inspirée des pays comme le Qatar qui ces dernières années mise sur le tourisme. Être visible aux côtés de Ousmane Dembélé, Hakimi ou encore Mbapé maintenant au Réal, est plus qu’une opération de com’. Par ailleurs il faut noter que ce partenariat ne s’arrête pas au sponsoring : il inclut des formations pour les jeunes, des échanges culturels, et une mise en valeur du patrimoine naturel et culturel du pays. En renouvelant son partenariat avec le PSG jusqu’en 2028, le Rwanda démontre que le tourisme est un secteur qui compte pour l’essor de son économie. Il ancre donc sa présence dans le football européen au moment où les regards se tournent de plus en plus vers l’Afrique. Dans un continent encore trop souvent marginalisé dans les imaginaires mondiaux, Kigali vend l’offre rwandaise.
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Pour rappel, Au Rwanda, l’industrie touristique contribue à 12,7% du PIB et génère 132 000 emplois. Dans sa démarche de développement, le gouvernement a fait de ce secteur un des piliers de sa stratégie, désireux de capitaliser sur les richesses naturelles. C’est ainsi que l’écotourisme y prend une place de plus en plus importante. De grandes enseignes internationales opérant dans le luxe font de plus en plus du Rwanda une destination privilégiée, notamment en raison de sa richesse faunique et ses paysages naturels
CAN Maroc. Quels enjeux ?
« Au Maroc la diplomatie du sport ouvre une grande lucarne économique », explique, l’économiste Mehdi Fakkir. Et d’expliquer : « Avec l’organisation de la CAN, le Maroc en plus de jouir d’une aura continentale, profitera d’externalité économique. « . Selon une étude du cabinet de conseil en stratégie AT Kearney situé à Chicago, le marché mondial du sport génère en effet jusqu’à 700 milliards de dollars par an, soit près de 1% du PIB mondial, avec une croissance moyenne annuelle de 4%. Et toujours selon la même source, la répartition régionale de ce chiffre d’affaires mondial donne l’Amérique du nord ténor du secteur avec 40% des recettes.
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L’Europe Moyen-Orient-Afrique serait la seconde région sur le marché du sport avec 34% du chiffre d’affaires global (tandis que l’Asie du pacifique est à 15% et l’Amérique du Sud 4%). Au Maroc depuis le discours du 24 Octobre 2008 de sa Majesté à l’occasion des assises du sport, on assiste à un véritable effet levier dans cet écosystème. Rappelons que c’est à la suite de cette vision royale que plusieurs programmes ont vu le jour notamment, la Stratégie Nationale du Sport 2008-2020, fruit de l’impulsion Royale visant à faire du sport un « levier fort de développement humain, d’inclusion, de cohésion sociale » D’ailleurs, le sport offre des opportunités économiques considérables.
Et selon une étude de la Fédération Marocaine des Professionnels du Sport (FMPS) en partenariat avec l’agence fédérale Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) et le cabinet de conseil IN&Sport., en 2021, le seul secteur privé du sport pesait donc 1,16% du PIB du Maroc. Qu’il se fasse en boutique ou par Internet, le commerce d’articles de sport génère 2,33 milliards de Dirham (210 millions d’Euros), sur la même période ».