Maarif : un marché «conclu» avec brio pour 2,5 MDH

Le marché communal du Maârif vient de faire peau neuve, pour le plus grand bonheur de ses habitués. Il n’aura fallu que deux mois de travaux — sans interruption d’activité — et 2,5 millions de dirhams pour transformer ce lieu en véritable chef-d’œuvre, en passe de devenir un site touristique à part entière.
« On se croirait dans un musée, agencé avec goût sans perdre son authenticité », confie une résidente française. Construit en 1914, ce souk moderne, deuxième plus ancien de Casablanca après le Marché Central, est désormais une promenade apaisante et esthétique, digne d’un véritable temple du commerce.
Mais la dynamique n’est pas aussi fluide ailleurs. À quelques encablures de là, le marché du Temple — aussi appelé « Esselk » (fil de fer) — situé près du complexe Mohammed V, reste un point de crispation majeur. Construit en sous-sol, il souffre de graves dysfonctionnements structurels. Pis, les commerçants qui l’occupent refusent de payer leurs redevances depuis 1997. Les tentatives de médiation, y compris une proposition de relogement, sont restées lettre morte. « C’est un problème chronique. Il faut appliquer la loi », tranche le président de l’arrondissement du Maârif, tout en appelant à une issue réaliste.
Près de 60 commerçants y détiendraient plus de 200 charrettes — jusqu’à sept par personne — et s’opposent farouchement à toute opération de réhabilitation, pourtant censée servir leurs propres intérêts. « En 2023, nous avons tout démoli pour reconstruire », explique le président. Malgré les résistances, 2 millions de dirhams ont été débloqués pour réaménager les abords du marché. Un budget global de 4 millions de dirhams a également été mobilisé via l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), tandis que le jardin adjacent a été réhabilité pour 180 000 dirhams.
D’autres projets sont en cours, comme celui du marché Oasis, conçu avec la participation active d’un architecte résident du quartier. Là encore, les maîtres-mots sont sobriété, fonctionnalité et intégration harmonieuse dans le tissu urbain.
En 2020, la ville avait lancé un plan global de réhabilitation des marchés, mais la majorité des marchands concernés s’y étaient opposés. Certains ont payé des sommes dérisoires pour occuper des emplacements stratégiques, alimentant tensions et blocages. À titre d’exemple, une chambre froide financée à hauteur de 2 millions de dirhams par l’INDH reste inutilisée, faute de coopération.
Aujourd’hui, la volonté politique est claire : remettre de l’ordre dans les marchés du Maârif tout en préservant leur rôle économique et social. Mais la réussite de cette mission ne pourra se concrétiser qu’à travers une coordination étroite entre la commune, la wilaya et les acteurs de terrain.

La gestion responsable est au cœur de cette dynamique. Mais les défis sont nombreux : marchés informels implantés depuis 1997, législation contraignante, désorganisation. Pour Mourchid, le Maârif doit reposer sur trois piliers : commerce, politique locale et culture. « Il faut repenser le quartier de manière globale, en s’appuyant sur les communautés et en adaptant les modèles », souligne-t-il. Les deux autres marchés tout aussi historiques, également sous notre responsabilité, notamment l’Oasis et Rivièra, ont également été rénovés avec un budget de 2,7 millions de dirhams, mais sans les dénaturer ; nous avons tâché de préserver leur identité, en harmonie avec leur milieu urbain serein.
La réhabilitation des espaces publics, impulsée par la vision royale, s’inscrit dans la transformation profonde de Casablanca, notamment à l’horizon de la Coupe du Monde 2030. Le Marché central, joyau Art déco, attend quant à lui toujours sa renaissance, prévue en 2026 après plusieurs reports. En parallèle, l’exemple du Maârif suscite désormais l’intérêt au-delà de la ville : « Plusieurs responsables m’ont sollicité pour partager notre méthode », confie Mourchid, fier d’avoir conduit une rénovation rapide, sans interrompre l’activité des commerçants, et avec un budget maîtrisé.
L’Arrondissement du Maarif ne s’est pas contenté de la rénovation de ses marchés. D’autres projets structurants ont également été mis en œuvre : création d’une salle moderne dédiée aux femmes au foyer, avec crèche, jardin et équipements sportifs de haut niveau ; Dar Taqafa Ahmed Sabri, espace de coworking réservé aux associations. Grâce à une plateforme digitale, les usagers réservent des salles équipées pour réunions ou activités. C’est un modèle d’exploitation partagée, avec un budget modeste (650 000 à 1 million de dirhams), mais un fort impact social, sans oublier l’impressionnante rénovation du complexe culturel Touria Sekkat.
Trois questions à Abessadeq Mourchid, président de l’arrondissement du Maârif

1. Pourquoi le réaménagement du marché communal du Maârif était-il une priorité ?
Lorsque nous avons pris nos fonctions, nous avons d’abord observé, écouté et tenté de comprendre les dynamiques locales. Le marché communal était devenu le symbole d’un désordre chronique : anarchie des charrettes, commerce informel installé depuis 1997, insalubrité, blocages légaux… C’était intenable. Nous avons compris qu’une restructuration profonde était nécessaire pour rendre sa dignité à cet espace stratégique. Le chantier lancé en 2023, pour un budget de 180 millions de dirhams, marque un tournant décisif.
2. Quels obstacles avez-vous rencontrés dans la mise en œuvre de ce chantier ?
Nous avons dû repartir de zéro. Le projet manquait d’ancrage et de clarté. La concertation avec les autorités locales a été indispensable, mais longue. Des commerçants refusaient de quitter les lieux, et les lois freinent souvent l’action rapide. Malgré cela, nous avons débloqué 2 millions de dirhams pour embellir l’extérieur, tout en gardant à l’esprit que ce quartier a besoin d’un plan global et réfléchi. Aujourd’hui, il ne s’agit plus d’expérimenter, mais d’appliquer la loi et rétablir l’ordre.
3. Quels autres projets structurants portez-vous dans l’arrondissement ?
Nous avons lancé deux initiatives dont nous sommes fiers. D’abord, une salle moderne dédiée aux femmes au foyer, avec crèche, jardin et équipements sportifs, fréquentée par plus de 500 femmes. Ensuite, Dar Taqafa Ahmed Sabri, un espace de co-working novateur, conçu pour les associations. Grâce à une plateforme digitale, les usagers réservent des salles équipées pour réunions ou activités. C’est un modèle d’exploitation partagée, avec un budget modeste (650 000 à 1 million de dirhams), mais un fort impact social.