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L’avenir est pluriel

Si l’origine des humains est quasi identique, leur avenir ne peut être que pluriel. Homo Sapiens légèrement mixé avec le Neandertal. Le grand voyage dans le temps et dans l’espace, qui continue, s’est fait dans la diversité matérielle et immatérielle du monde. D’où les différences d’aujourd’hui, en termes de couleurs, de modes de vie, de cultures (…). Réalité à la fois historique et empirique, sans jamais être statique. Dans ce sens, le Maroc a toujours été un exemple de pluralité. La diversité géographique, linguistique, culturelle, humaine (…) n’a jamais été source de conflits. Au contraire, cette diversité a été et demeure une source inépuisable d’enrichissement. C’est dans ce processus qu’il faut bien situer le traitement exceptionnel de la question Amazigh par le Maroc qui n’a jamais renié son passé et qui a toujours su conserver et développer ses racines, tout en restant ouvert au reste du monde.

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La Constitution de 2011 a d’ailleurs explicitement consacré cette réalité, base d’une aspiration constructive d’un devenir toujours pluriel. Il suffit de jeter un coup d’œil sur le préambule de la Constitution pou lire : « Etat musulman souverain (…), le Royaume du Maroc entend préserver, dans sa plénitude et sa diversité, son identité nationale une et indivisible. Son unité, forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie, s’est nourrie et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen ». L’article 6 déclare : « L’arabe demeure la langue officielle de l’Etat (…). De même, l’amazighe constitue une langue officielle de l’Etat, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception ». Les différences linguistiques n’ont jamais été un obstacle aux échanges, aux liens d’amitiés, aux mariages (…), sans que l’identité marocaine, dans sa pluralité, puisse être menacée par une éventuelle « fonte » ou « disparition ». Sur la question amazigh, le Maroc a incontestablement fait un grand bond en avant et a su se réconcilier avec son passé le plus lointain.

Parlée dans la vie quotidienne avec fierté, la langue amazighe a pénétré les médias. Un institut royal a été créé, ouvrant ainsi de belles perspectives, notamment en matière de recherches historiques et scientifiques, et de créativité culturelle et artistique. Néanmoins, la question amazighe n’est pas seulement une question officielle ou d’élite. Elle fait partie de cette « mémoire tatouée » pour emprunter l’expression à Abdelakébir Khattibi. Elle peut aujourd’hui nourrir une renaissance constructive pour enrichir notre capital immatériel. Aucune crainte de réveiller des fantômes. Aucun obstacle à cette dynamique sociétale pouvant émerger dans les zones les plus enclavées physiquement et culturellement. L’amazighité est avant tout une preuve de capacité de résistance endogène. Aujourd’hui, l’intégration de l’amazigh dans l’enseignement est à ses premiers pas. Des structures d’apprentissage linguistiques peuvent être mises en place dans les « maisons ou centres de cultures », à réactiver, dans les douars, voire à distance en mobilisant les nouvelles technologies. Sortir de l’« hiver amazigh » et évoluer vers un « printemps amazigh », c’est ressusciter des sources inépuisables de poésie et de traditions orales qui forment les véritables strates de notre identité plurielle, expression vivante d’une formation sociale bien ancrée dans l’histoire de l’Afrique du Nord.

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Face à une « Europe-Forteresse », actuellement de plus en plus victime d’un repli identitaire appauvri où les différences sont souvent perçues comme des menaces, le Maroc a choisi une autre voie, celle de la diversité et de la pluralité, où se construisent solidement l’amitié et la paix, avec la dignité humaine comme socle commun. Après le nouvel an grégorien 2024, Challenge saisit cette occasion pour souhaiter à tous ses lecteurs et lectrices une bonne année amazighe 2974, autour d’un délicieux couscous aux multiples légumes et couleurs. Assegas ameggaz. 

 
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