Le Hamas ne voit plus d’intérêt à négocier, un ministre israélien avertit que Gaza sera « totalement détruit »

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a estimé que des négociations pour une trêve avec Israël n’avaient plus « aucun sens » au lendemain de l’annonce par Israël d’un plan de « conquête » de la bande de Gaza, dont un ministre de Benjamin Netanyahu a prédit la destruction totale.
L’objectif affiché par le gouvernement israélien est de vaincre le Hamas dont l’attaque contre Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre à Gaza, et de ramener les otages enlevés ce jour-là et encore retenus dans le territoire palestinien.
L’offensive de représailles de l’armée israélienne a dévasté la bande de Gaza, fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire. Israël, qui assiège les 2,4 millions d’habitants à Gaza, interdit depuis le 2 mars l’entrée de toute aide humanitaire dans l’enclave.
La cheffe de la diplomatie de l’Union européenne Kaja Kallas a jugé mardi « intenable » la situation à Gaza. « L’aide humanitaire doit reprendre immédiatement et ne doit jamais être politisée », a-t-elle écrit sur X, en rapportant un entretien téléphonique avec le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar.
Lire aussi | Israël approuve un plan prévoyant la « conquête » de la bande de Gaza
Ce dernier a plus tôt accusé le Hamas « d’utiliser l’aide humanitaire entrée dans Gaza pour alimenter sa machine de guerre ».
L’ONU a de son côté accusé Israël d’utiliser l’aide humanitaire comme « arme » de guerre, en envoyant « des bombes » plutôt que de l’eau et de la nourriture à la population palestinienne.
Lundi, le gouvernement israélien a annoncé une nouvelle campagne militaire qui prévoit la « conquête » de la bande de Gaza et un déplacement massif de sa population à l’intérieur du territoire.
« Gaza sera totalement détruite », a affirmé mardi le ministre israélien des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, interrogé sur sa vision de l’après-guerre à Gaza.
Après avoir été déplacée vers le sud, la population gazaouie commencera à « partir en grand nombre vers des pays tiers », a-t-il dit lors d’un colloque dans la colonie israélienne d’Ofra, en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Lire aussi | Israël bombarde près du palais du président syrien accusé de « génocide » des Druzes
Toute tentative par Israël d’annexer des territoires à Gaza serait « inacceptable », a prévenu Londres.
Au terme de 38 années d’occupation, Israël s’était retiré unilatéralement en 2005 de la bande de Gaza. Après sa prise par le Hamas, il y a imposé un blocus aérien, maritime et terrestre pendant plus de 15 ans.
« Il n’y a aucun sens à engager des négociations, ni à examiner de nouvelles propositions de cessez-le-feu tant que se poursuivent la guerre de la faim et la guerre d’extermination à Gaza », a déclaré à l’AFP Bassem Naïm, membre du bureau politique du Hamas.
Malgré le blocage, le Qatar, l’un des médiateurs entre Israël et le Hamas, a dit poursuivre ses efforts en vue d’une trêve.
A Gaza, la Défense civile a fait état de 31 morts et de « dizaines de blessés » dans deux frappes aériennes israéliennes consécutives, au cours de la nuit de mardi à mercredi, contre une école abritant des personnes déplacées à Bureij, dans le centre du territoire. L’armée israélienne a dit avoir ciblé « un centre de commandement et de contrôle » du Hamas.
L’armée israélienne a repris son offensive sur Gaza le 18 mars, mettant fin à deux mois de trêve avec le Hamas.
En Israël, l’armée a lancé un appel à des dizaines de milliers de réservistes pour une expansion de son offensive à Gaza.
Mais un haut responsable sécuritaire a affirmé lundi qu’il restait une « fenêtre » de négociations en vue de la libération des otages jusqu’à la fin de la visite du président américain Donald Trump, attendu du 13 au 16 mai au Moyen-Orient.
Mardi, M. Trump a promis une « très, très grande annonce » avant son voyage au Moyen-Orient, se refusant cependant à donner un quelconque indice sur sa nature.
Le président israélien, Isaac Herzog, a estimé que « toutes les parties devraient faire des efforts supplémentaires (…) afin de voir nos otages revenir immédiatement ».
L’attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.
Lire aussi | Israël annonce l’extension de ses opérations militaires dans la bande de Gaza
L’offensive israélienne a fait au moins 52.615 morts à Gaza, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
Donald Trump a déclaré mardi que trois des otages encore retenus à Gaza, enlevés pendant l’attaque du 7-Octobre, étaient morts et que 21 étaient en vie.
Selon le précédent bilan établi par l’armée israélienne, sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, dont 58 sont toujours à Gaza, 34 avaient jusque-là été déclarées mortes.
Depuis le début de la guerre, plusieurs séries de tractations difficiles entre le Hamas et Israël ont permis deux trêves – l’une d’une semaine en novembre 2023 et l’autre de deux mois début 2025 – au cours desquelles des otages retenus à Gaza et des prisonniers palestiniens détenus par Israël ont été libérés.
Challenge (avec AFP)