Interview

Younes Araki Houssaini : «Bank Assafa et Umnia Bank détiennent plus de 60% du marché» 

Tour d’horizon avec Younes Araki Houssaini sur le secteur de la finance participative qui, malgré son développement a encore des défis à surmonter pour pouvoir se développer au mieux. Explications.  

Challenge :Vous venez de publier une étude sur le secteur de la banque participative au Maroc.  Quel a été l’objectif et la méthodologie adoptée par votre cabinet pour mener cette étude et qui sont les acteurs qui contrôlent ce marché ?      

Younes Araki Houssaini : Effectivement, les équipes Conseil d’Effyis ont mené une étude portant sur l’ensemble des banques participatives au Maroc, incluant également les fenêtres participatives. La méthodologie adoptée a reposé sur une approche exhaustive et analytique. Nous avons examiné l’ensemble des acteurs en combinant une analyse approfondie des performances financières avec l’expertise terrain de nos équipes d’Effyis Consulting Maroc. L’objectif était de fournir une vision holistique du paysage de la finance participative au Maroc, en mettant l’accent sur la performance des acteurs clés, les produits les plus prisés, les défis et les perspectives de développement.

Concernant votre question sur les parts de marchés, on peut clairement affirmer que Bank Assafa et Umnia Bank se positionnent comme des acteurs clés, détenant à eux deux plus de 60% du marché, avec des parts respectives de 40% et 23%. Malgré cela, les autres acteurs poursuivent une croissance équilibrée, notamment avec Dar Al Alamane qui se distingue parmi les fenêtres participatives en captant environ à peu près 15% du marché.

Challenge : Dans ce sens, quels sont donc les produits les plus prisés auprès de la clientèle ? 

Y.A.H. : Parmi la panoplie de produits offerts par les banques participatives au Maroc, certains se distinguent particulièrement par leur attrait auprès de la clientèle. La Mourabaha immobilière, par exemple, a connu un engouement considérable, avec Bank Assafa orchestrant des transactions d’une valeur significative, atteignant 5 milliards de dirhams en 2022. Umnia Bank, de son côté, a su séduire les clients avec la Mourabaha auto, générant des revenus conséquents de l’ordre de 586 millions de dirhams. En ce qui concerne la Mourabaha équipement, Al Akhdar Bank prend la tête, suivie de près par Umnia Bank. Cette diversité de produits populaires reflète la capacité des institutions participatives à répondre aux besoins variés de leur clientèle. Par ailleurs, l’exploration continue de nouveaux produits, avec certains déjà labellisés en 2022 et 2023, démontre l’engagement du secteur envers l’innovation et l’adaptation aux évolutions du marché.

Challenge : Qu’est-ce qui bloque à votre avis le développement de ce secteur au Maroc, puisque, selon certains experts, comparé à d’autres pays la finance participative a encore du mal à décoller ? 

Y.A.H. : L’évolution de la finance participative au Maroc, loin d’être entravée, est plutôt caractérisée par des défis inhérents à la nature émergente du marché. Plutôt que de parler de blocage, il est pertinent de considérer ces défis comme des opportunités d’amélioration et de croissance. Le besoin d’innovation commerciale, en particulier dans le domaine du digital, se présente comme un impératif pour conquérir un marché à fort potentiel, notamment parmi les particuliers et les entreprises non encore intégrés dans la sphère de la banque traditionnelle.

L’initiation d’offres novatrices est donc essentielle, d’autant plus que la plupart des institutions ont déjà consolidé leurs infrastructures IT. Un autre défi stimulant concerne la mobilisation de l’épargne. Alors que les financements participatifs ont pris racine, le potentiel inexploité des dépôts offre une opportunité significative. Jusqu’au 31 décembre 2022, les banques participatives ont collecté près de 9,5 milliards de dirhams, représentant 1% des dépôts sur le marché. Cette dynamique, bien que significative, suggère un potentiel de croissance important à exploiter.

Challenge : Quelles sont les perspectives de développement de ce secteur pour les années à venir ? 

Y.A.H. : Les perspectives pour le marché de la banque participative au Maroc s’avèrent prometteuses, avec des plans stratégiques visant à consolider et à diversifier davantage le secteur. La diversification du portefeuille de financement au niveau du Corporate représente une étape cruciale, offrant de nouvelles opportunités dans des domaines tels que la Mourabaha immobilière. De plus, l’exploration de nouvelles offres telles que le cash management, le trade, et les opérations internationales reflète l’ambition du secteur de s’adapter aux évolutions du marché bancaire.

La mobilisation accrue de l’épargne restera un axe majeur, avec des offres de «la banque au quotidien » et une entrée en relation digitale. L’expansion du réseau, en particulier pour les fenêtres participatives, avec de nouvelles offres LSB et un réseau GAB déployé à plus de 200, vise à renforcer la présence physique des institutions. Ces perspectives d’évolution dépendent de facto du poids réglementaire qui doit accompagner la croissance commerciale et non la freiner. Une réglementation claire et adaptée jouera un rôle essentiel pour stimuler l’innovation et garantir la stabilité du secteur, créant ainsi un environnement propice à la croissance continue de la finance participative au Maroc.

 
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