Liban : l’armée israélienne a entamé une opération terrestre « limitée »
Les Etats-Unis ont annoncé lundi des opérations terrestres « limitées » d’Israël contre le Hezbollah au Liban voisin, à l’heure où l’armée israélienne a déclaré trois localités frontalières « zones militaires fermées », sur fond de craintes d’un embrasement.
Au Liban, l’armée libanaise a repositionné ses troupes dans le sud du pays frontalier du nord d’Israël, a déclaré à l’AFP un responsable militaire.
En dépit du coup dévastateur infligé au Hezbollah avec l’assassinat de son chef Hassan Nasrallah vendredi dans une frappe israélienne près de Beyrouth, les dirigeants israéliens ont averti que la bataille n’était pas encore finie contre le mouvement pro-iranien, ennemi d’Israël.
Israël mène « actuellement » des opérations terrestres « limitées » visant le Hezbollah dans le sud du Liban, près de la frontière, a indiqué le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller.
« Ils nous ont informé du fait qu’ils mènent actuellement ce qu’ils disent être des opérations limitées ciblant des infrastructures du Hezbollah près de la frontière », a-t-il dit, faisant part de conversations entre Israël et les Etats-Unis.
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En Israël, l’armée a annoncé l’établissement d’une « zone militaire fermée » autour des localités de Metula, Misgav Am et Kfar Giladi « déclarées zone militaire fermée. L’entrée dans cette zone est interdite ».
Plus tôt, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a averti, devant des soldats positionnés dans le nord du pays, que « l’élimination de Nasrallah est une étape importante, mais ce n’est pas la dernière » contre le Hezbollah.
« Nous emploierons toutes les capacités dont nous disposons (…) Nous utiliserons tous les moyens nécessaires, vos forces, d’autres forces depuis les airs, depuis la mer et sur terre », a-t-il prévenu.
Malgré les coups infligés par Israël qui a tué de nombreux dirigeants du Hezbollah, le numéro deux du mouvement, Naïm Qassem, a affirmé: « Israël n’a pas été en mesure d’entamer nos capacités militaires ».
« Nous sommes prêts si les Israéliens décident d’entrer au sol. Nos forces de résistance sont prêtes pour une confrontation terrestre », a-t-il lancé, en affirmant que son parti poursuivrait sa lutte contre Israël « en soutien à Gaza », où l’armée israélienne mène une offensive en riposte à une attaque sans précédent du Hamas palestinien le 7 octobre 2023.
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Le décès de Hassan Nasrallah, qui était considéré comme l’homme le plus puissant du Liban, constitue une victoire majeure d’Israël face à l’Iran, ennemi d’Israël, et ses alliés.
Israël a promis de combattre ses « ennemis » et de les « éliminer » partout où ils se trouvent.
Il n’y a « pas d’endroit au Moyen-Orient que Israël ne puisse atteindre », a averti le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
L’ONU a annoncé que les plus de 10.000 Casques bleus déployés dans le sud du Liban ne pouvaient plus patrouiller en raison de l’intensité des combats. Et le patron de l’ONU Antonio Guterres a dit son opposition à toute « invasion terrestre » israélienne.
A Washington, le président Joe Biden a lui aussi laissé entendre qu’il était opposé à des opérations terrestres israéliennes au Liban, appelant à un cessez-le-feu « maintenant ».
Présent à Beyrouth, le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a appelé Israël à « s’abstenir de toute incursion terrestre » et à un cessez-le-feu.
Toute nouvelle intervention militaire israélienne au Liban « doit être évitée », a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Au lendemain du début de la guerre à Gaza, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël en soutien au Hamas, son allié, et des tirs quotidiens étaient échangés entre les deux camps.
Mais depuis la mi-septembre, Israël a déplacé le coeur de ses opérations militaires vers le nord, avec l’objectif de mettre un terme aux tirs de roquettes du Hezbollah et de permettre le retour de dizaines de milliers d’habitants déplacés par ces tirs.
L’Iran, également allié du Hamas, a affirmé qu’il ne « déploierait » pas de combattants au Liban et à Gaza pour affronter Israël. « Les gouvernements du Liban et de Palestine ont la capacité et la puissance nécessaires pour faire face à l’agression du régime sioniste », ont dit les Affaires étrangères.
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Entretemps, de nouveaux raids israéliens au Liban ont fait au moins 25 morts, dont trois membres d’un groupe palestinien, le chef du Hamas au Liban et un soldat libanais, selon différentes sources. Le Hezbollah pour sa part a tiré des roquettes vers le nord d’Israël.
Depuis les explosions des systèmes de transmission du Hezbollah au Liban le 17 septembre, imputées à Israël, et l’intensification des frappes israéliennes qui ont suivi, le bilan s’élève à plus de 1.000 morts au Liban, selon le ministère de la Santé.
Lundi et pour la première fois depuis le 8 octobre, une frappe israélienne a visé le centre de Beyrouth, détruisant l’étage d’un immeuble. Selon le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP), trois de ses membres y ont été tués. Israël a dit avoir tué deux commandants du groupe qualifié de terroriste par Israël et l’Union européenne.
Sur le front de Gaza, l’armée israélienne continue son offensive dans le territoire palestinien dévasté et assiégé depuis près d’un an. Néanmoins, les frappes israéliennes ont baissé d’intensité ces derniers jours.
Challenge (avec AFP)