C’est dans un contexte mondial toujours instable et incertain, que le processus budgétaire vient d’être relancé par la ministre de l’Economie et des finances, devant le Parlement, conformément à la loi organique des finances. Un processus qui s’inscrit dans la continuité.
Le contexte global demeure complexe. Les mots résumant l’état des lieux aux niveaux national et international sont les suivants : incertitude (s) ; tensions géopolitiques ; changement climatique ; et faible croissance économique mondiale. L’expression marocaine pourrait y être appliquée : « Telle est la volonté du ciel (Dieu) et du marché (international) ! ».
D’après la présentation en PowerPoint de la ministre de l’Economie et des finances, malgré ce contexte, les finances publiques du Royaume ont fait preuve de résilience, à travers des mesures gouvernementales anticipatrices qui auraient permis de maintenir le cap dans le financement des programmes sociaux, l’appui à l’investissement privé et la création d’emploi, tout en veillant aux équilibres macroéconomiques.
Le contexte économique international, au 1er semestre 2025, a été caractérisé surtout par des perturbations dues à la « guerre commerciale » lancée par la nouvelle administration étatsunienne dirigée par D. Trump. A cela, s’ajoutent la persistance des tensions géopolitiques et la « croissance des incertitudes ». Ainsi, le taux de croissance mondiale est passé de 3,3% en 2024, à 2,8%, au 1er semestre 2025 (S1-2025).
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C’est surtout le cas de la zone euro, principal partenaire du Maroc, dont le taux de croissance est proche de 1%. Cette tendance a néanmoins été favorable à une baisse des cours du pétrole, avec une timide hausse du prix du gaz butane. Le prix des céréales a aussi connu une légère diminution. Le cours des phosphates s’est stabilisé avec une hausse pour les dérivés. Dans un contexte de faible croissance mondiale réapparait le spectre de l’inflation (en fait stagflation).
Au niveau national, le PIB non agricole a connu une hausse, en 2024, pour atteindre 4,8%, contre 3,9%, en 2023. D’après la ministre de l’Economie et des finances, cette évolution reflète une transformation structurelle de l’économie marocaine, en tant que source de résilience, grâce notamment à une baisse de la dépendance vis-à-vis des activités agricoles à forte volatilité.
Par ailleurs, la demande intérieure aurait enregistré une hausse de 8%, au 1er semestre 2025, contre 4%, au 1er semestre 2024, hausse liée à la croissance des investissements, à la baisse du taux d’inflation et à l’amélioration du pouvoir d’achat. Ce qui aurait permis de renforcer la résilience de l’économie nationale face aux chocs externes.
L’argentière du Royaume avance, comme principal indicateur, la croissance des ventes de ciment de 15,3% au 2ème trimestre 2025, contre 4,6% au 1er trimestre 2025. Hausse boostée par le chantier de reconstruction des régions touchées par le tremblement de terre du mois de septembre 2023, l’aide au logement insérée dans la LF-2025, et les chantiers relatifs à la CAN-2025 et à la Coupe du Monde 2030. A cela, s’ajoute la hausse de 10,2% des ventes des phosphates et dérivés au 1er trimestre 2025 (+18,1%). Ce qui a permis de réviser le taux de croissance dans une optique plus optimiste, à 4,5%, au lieu de 4,1%.
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Néanmoins, globalement, les exportations ont évolué négativement, avec – 0,1% au 1er trimestre 2025, tirées vers le bas par une baisse des exportations automobiles et des produits textiles. Inversement, les importations ont connu une hausse de 7,4%, donnant lieu à un déficit commercial accru de 15,1%. Le taux de couverture des importations par les exportations s’est ainsi stabilité à 60%.
Evolution atténuée par une hausse de 27% des investissements directs étrangers, pour le 1er trimestre 2025. Le marché du travail aurait connu une reprise avec la création de 282 000 emplois au 1er trimestre 2025, et un taux de chômage de 13,3%.
Les recettes fiscales ont continué leur évolution positive, avec une hausse de 16,6%, au 1er trimestre 2025, après un taux moyen de croissance annuelle de 12%, entre 2021 et 2024. Taux supérieur à celui des dépenses publiques (10%), ce qui a permis un impact positif sur le déficit budgétaire. Au niveau de l’endettement, au 1er trimestre 2025, la dette interne a atteint 830,5 MMDH contre une dette externe de 293,7 MMDH, soit respectivement, 73,87% et 26,13%.
Ainsi, pour la programmation triennale 2026-2028, les priorités stratégiques sont maintenues et visent la « consolidation des piliers de l’Etat social », la continuité des grands chantiers afférents aux infrastructures de base dans une optique de développement durable, et l’encouragement de l’investissement privé, appelé à prendre la relève en matière de production de la valeur ajoutée et de l’emploi. Le tout dans un cadre d’équilibre macroéconomique.