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Tourisme : à quand la diversification ?

Le secteur touristique marocain doit relever le défi de diversifier ses marchés. En 2024, 80 % des arrivées proviennent d’Europe, avec une forte dépendance vis-à-vis de la France, de l’Espagne et du Royaume-Uni, exposant ainsi le Maroc à des fluctuations économiques dans ces pays. Afin de réduire cette dépendance, le Maroc doit explorer de nouveaux marchés. Les États-Unis, le Canada, le Brésil, la Chine et l’Inde montrent un potentiel de croissance énorme…

Le 27 janvier 2025, jour pour jour, devant le Parlement, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, avait exprimé sa satisfaction face aux résultats du secteur touristique, qui a accueilli 17,4 millions de touristes en 2024, marquant une hausse de 20 % par rapport à l’année précédente. Cette performance, selon lui, est le fruit d’une approche globale et multidimensionnelle, intégrant d’autres secteurs et politiques gouvernementales. Le chef du gouvernement a également mis en avant l’importance de l’investissement dans les ressources humaines, avec la création de 25 000 nouveaux emplois en 2023, et a souligné un investissement de plus de 8 milliards de dirhams en 2024 pour renforcer l’infrastructure et améliorer les services touristiques. Il a également indiqué que le tourisme interne au Maroc a connu une forte dynamique en 2024, avec 8,5 millions de nuitées enregistrées dans les hôtels classés, soit 30 % du total des nuitées à l’échelle nationale.

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« La déclaration du chef du gouvernement, Monsieur Aziz Akhannouch, devant le Parlement le 27 janvier 2025, constitue une nouvelle illustration de l’importance croissante du secteur du tourisme au Maroc. Ce secteur, porteur de nombreux atouts, mérite une attention particulière afin de valoriser pleinement son potentiel. Dans cette optique, notre point de vue vise à contribuer à la co-construction d’une vision réaliste du tourisme marocain, au service des intérêts supérieurs de la nation », nous confie Zoubir Bouhoute, expert en politique touristique.

En effet, le secteur touristique marocain doit relever le défi de diversifier ses marchés. En 2024, 80 % des arrivées proviennent d’Europe, avec une forte dépendance vis-à-vis de la France, de l’Espagne et du Royaume-Uni, exposant ainsi le Maroc à des fluctuations économiques dans ces pays. Afin de réduire cette dépendance, le Maroc doit explorer de nouveaux marchés. Les États-Unis, le Canada, le Brésil, la Chine et l’Inde montrent un potentiel de croissance, attirant des visiteurs à fort pouvoir d’achat, intéressés par le luxe, l’aventure et les expériences culturelles. Les marchés asiatiques sont aussi prometteurs pour le tourisme haut de gamme.

Zoom sur l’évolution des arrivées touristiques entre 2023 et 2024

Le Maroc a enregistré une progression notable des arrivées touristiques entre 2023 et 2024. Le chiffre global, englobant les touristes étrangers en séjour (TES) et les Marocains résidant à l’étranger (MRE), est passé de 14 524 727 en 2023 à 17 411 949 en 2024, marquant une augmentation absolue de 2 887 222 arrivées, soit une variation relative de +20 %. Cette croissance témoigne de l’attractivité renforcée de la destination marocaine et des efforts constants pour promouvoir le secteur touristique.

En 2024, le nombre de touristes étrangers en séjour (TES) a atteint 8 797 771, en hausse de 23 % par rapport à 2023, avec une augmentation de 1 647 777 visiteurs. Les MRE ont également enregistré une hausse significative de 17 %, passant de 7 374 733 à 8 614 178. Parmi les principales nationalités, la France reste en tête avec une augmentation de 21 %, atteignant 2 421 539 TES. Le Royaume-Uni connaît une forte progression de 47 %, avec 998 862 visiteurs. L’Italie et l’Allemagne affichent également de solides croissances de +35 % et +29 % respectivement, tandis que les États-Unis enregistrent une hausse plus modeste de 6 %.

Les défis…

Dans le nouveau modèle de développement, les conclusions du CSMD sont claires : « Repenser le secteur du tourisme au-delà des mesures de relance et à l’aune des tendances mondiales et de la nouvelle donne à la suite de la pandémie est essentiel. » Ayant bénéficié de deux grands contrats-programmes et d’un troisième obtenu au forceps le 6 août 2020 (un contrat-programme couvrant la période 2020‑2022), cette nouvelle feuille de route à l’horizon 2026 se positionne aujourd’hui comme le point de départ d’une croissance réelle. Elle ambitionne d’attirer 17,5 millions de touristes, d’atteindre 120 milliards de recettes en devises, de créer 80 000 emplois directs et 120 000 indirects, en plus de repositionner le tourisme comme secteur clé dans l’économie nationale.

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Pour atteindre ces objectifs, cette feuille de route entend transformer le secteur du tourisme en agissant sur tous les leviers essentiels, à savoir une nouvelle logique de l’offre articulée autour de l’expérience client et structurée autour de neuf filières thématiques et cinq filières transverses, un plan offensif pour doubler la capacité aérienne et le renforcement de la promotion et du marketing, avec une importance particulière accordée au digital.

En attendant, le secteur cherche sa voie pour la diversification. « L’avenir du tourisme marocain repose sur une stratégie ambitieuse et équilibrée. D’une part, le pays doit consolider ses marchés existants, notamment en Europe, grâce à des partenariats renforcés avec les compagnies aériennes et des campagnes de promotion ciblées. D’autre part, il est important d’explorer de nouveaux marchés prometteurs comme la Chine, les États-Unis, l’Inde, le Japon et la Corée du Sud. La diversification géographique permettra de réduire la dépendance aux marchés traditionnels tout en attirant des segments à fort potentiel. Par ailleurs, les investissements dans des régions moins développées, comme Ouarzazate, sont essentiels pour équilibrer la répartition des flux touristiques. Ces efforts permettront non seulement de soutenir la croissance du secteur, mais aussi de stimuler l’économie locale et de réduire les disparités régionales », précise l’expert.

Abordant la question du tourisme local, l’expert déclare : « Le tourisme local est un pilier essentiel pour le développement durable du secteur. En période de crise, notamment durant la pandémie de COVID-19, il a permis au secteur de se maintenir face à la chute des arrivées internationales. Toutefois, son potentiel reste sous-exploité. Pour valoriser ce segment, il est impératif de proposer des offres adaptées aux familles marocaines, d’améliorer les infrastructures dans les destinations moins connues, notamment dans les zones rurales. Ce renforcement du tourisme interne non seulement soutiendrait l’économie locale, mais offrirait également une base stable pour le secteur, rendant le Maroc moins vulnérable aux fluctuations internationales. »

 
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