Interview

Adnane Zerhouni, DG de Vicenne : « L’entrée en Bourse donne à notre mission sociale les moyens de changer d’échelle »

Avec son introduction en Bourse de Casablanca pour un montant de près de 500 millions de dirhams et dont la période de souscription s’étend du 30 juin au 4 juillet 2025, Vicenne, ex-Best Health, entame une nouvelle phase de son expansion continentale. À la tête du groupe, Adnane Zerhouni orchestre cette levée de fonds stratégique pour renforcer les activités historiques de Vicenne, accélérer sa diversification technologique, consolider ses acquisitions et structurer un réseau médical intégré en Afrique. Dans cet entretien, le Directeur Général détaille les ambitions, les leviers de croissance et l’équilibre entre performance financière et impact social dans un secteur de la santé en pleine transformation.

Challenge : Quels sont les objectifs prioritaires que vous comptez financer grâce aux 500 millions de dirhams levés lors de cette introduction en bourse, notamment dans le cadre de votre expansion panafricaine ?

Adnane Zerhouni : LLes 500 millions de dirhams levés dans le cadre de notre introduction en bourse vont nous permettre d’accélérer notre développement dans le cadre de notre stratégie de croissance, dans laquelle figure l’expansion internationale, notamment en Afrique francophone.

Nous souhaitons également renforcer nos activités historiques, en consolidant notre présence sur les marchés où nous sommes déjà implantés, et élargir notre portefeuille de produits et solutions à forte valeur ajoutée technologique afin d’accompagner et de répondre aux besoins de nos professionnels de santé.

Par ailleurs, cette levée de fonds nous permettra de saisir des opportunités de croissance externe, en acquérant des entreprises à forte complémentarité avec nos métiers, et qui partagent notre ADN : un positionnement technologique ou technique fort, au service d’une santé plus performante et accessible.

Lire aussi | Dispositifs médicaux : le groupe Vicenne fait un saut qualitatif

Challenge : Votre modèle repose sur des business units très diversifiées. Comment cette structure organisationnelle vous permet-elle d’assurer une croissance durable et différenciée sur des marchés aussi complexes que ceux de la santé en Afrique ?

A.Z : Notre modèle par business units spécialisées est justement l’un des leviers qui nous permet de garantir une croissance durable et différenciée sur des marchés aussi complexes que ceux de la santé en Afrique.

Chaque segment, qui comprend plusieurs business units, est focalisé sur un domaine d’expertise :

• Le matériel lourd et semi-lourd, incluant les équipements d’imagerie médicale (IRM, scanner, salles de cathétérisme), le traitement du cancer (accélérateurs linéaires pour la radiothérapie et la radiochirurgie), et les équipements de blocs opératoires, salles de réanimation et de soins intensifs

• Les dispositifs médicaux implantables, c’est-à-dire les prothèses destinées à être implantées dans le corps humain. Nous couvrons des spécialités telles que la cardiologie, l’oncologie et la chirurgie en général

• Le diagnostic et le diagnostic in vitro, plus précisément la fourniture d’équipements et de matériel pour les laboratoires d’analyse médicale, ainsi que les réactifs nécessaires

• La gestion des déchets hospitaliers à risque infectieux (DARSI), qui est un segment en fort développement chez nous, incluant la collecte, le tri et le traitement de ces déchets

Challenge : En quoi votre partenariat avec des géants comme Philips ou Abbott constitue-t-il un levier stratégique pour positionner Vicenne comme un hub technologique panafricain ?

A.Z : Nos partenariats avec des leaders mondiaux comme Philips ou Abbott sont au cœur de notre stratégie de positionnement comme hub technologique panafricain.

Ces collaborations nous permettent d’intégrer des technologies de pointe dans nos offres, tout en bénéficiant d’un transfert de savoir-faire, d’une veille permanente sur les innovations et d’un accès privilégié à des solutions éprouvées à l’échelle mondiale.

Être le partenaire local de grands industriels internationaux renforce également la confiance des acteurs publics et privés dans notre capacité à intégrer, former, maintenir et accompagner dans la durée.

C’est cette combinaison entre excellence technologique et ancrage local qui nous permet d’asseoir notre rôle d’acteur de référence en Afrique, pour des solutions médicales à haute valeur ajoutée.

Lire aussi | Bennani & Associés s’implante en République du Congo, sa huitième destination africaine

Challenge : Quels enseignements tirez-vous de vos récentes acquisitions (Mabiotech, Saïss Environnement), et comment celles-ci s’intègrent-elles dans votre projet de transformation à l’échelle continentale ?

A.Z : Ces acquisitions nous ont permis de nous positionner sur des services ou offres complémentaires. Nous cherchons toujours à nous positionner sur des segments de marché où l’expertise et la technologie sont clés.

Ces deux acquisitions spécifiques s’inscrivent pleinement dans cette démarche :

Mabiotech nous a permis d’obtenir une position de leader sur le marché de la biologie médicale.

Saïss Environnement nous positionne idéalement pour nous développer dans le secteur du traitement des déchets médicaux à risque infectieux.

Challenge : Comment prévoyez-vous d’équilibrer les exigences de rentabilité propres à la cotation en bourse avec votre mission d’impact social dans le secteur de la santé ?

A.Z : L’entrée en bourse ne remet pas en question notre mission d’impact social – au contraire, elle nous donne les moyens de la déployer à plus grande échelle.

Notre ambition a toujours été de concilier performance économique et utilité sociale, en rendant accessibles des technologies médicales de pointe et des services durables, dans des contextes souvent complexes. Aujourd’hui, cette vocation est pleinement compatible avec les exigences de rentabilité liées à notre cotation.

Nous considérons que la création de valeur durable passe par l’impact positif que nous générons sur les systèmes de santé, la qualité des soins, et la formation des professionnels. Ce sont ces dimensions humaines, techniques et responsables qui font notre différenciation, et qui nourrissent la confiance de nos clients comme de nos investisseurs.

Notre modèle repose donc sur une rentabilité saine, construite sur le long terme, par la fidélité de nos clients, la solidité de nos offres et la pertinence de notre déploiement panafricain. En ce sens, l’impact et la rentabilité ne sont pas opposés — ils sont les deux piliers d’un même projet d’entreprise.

 
Article précédent

RSE NOW 2025 à Tanger : les entreprises appelées à intégrer la durabilité dans leurs modèles économiques

Article suivant

La vague de chaleur se poursuit au Maroc jusqu'à samedi