Fitch dégrade la note de la France à cause de sa dette colossale

L’agence de notation Fitch abaisse la note souveraine de la France, à A+, sanctionnant le pays pour son instabilité politique persistante et les incertitudes budgétaires qui contrarient l’assainissement de ses comptes publics très dégradés.
Ouvrant le bal des revues d’automne des agences de notation, Fitch dresse un constat sévère de la situation des finances publiques dans la deuxième économie de la zone euro, quatre jours après la chute du gouvernement François Bayrou.
Pointant la « fragmentation et la polarisation croissante », Fitch estime que « cette instabilité affaiblit la capacité du système politique à mettre en œuvre une consolidation budgétaire d’ampleur ». Elle juge improbable de ramener le déficit public sous 3% du PIB pour remettre la France dans les clous européens.
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La dégradation de la note, qui mesure la capacité à rembourser sa dette, marque un tournant pour le pays. En effet, Fitch fait basculer la France dans la catégorie inférieure, de qualité « moyenne supérieure », contre « bonne ou haute » jusqu’ici. Cela est à même de conduire des investisseurs à vendre leurs titres de dette pour des placements moins risqués et entraîner des hausses de taux.
L’aversion des investisseurs risque d’alourdir davantage les intérêts payés par la France pour rembourser sa dette, estimés à environ 55 milliards d’euros en 2025. Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, en juin 2024, la dette française se négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande.
Cet abaissement, le deuxième par Fitch depuis avril 2023, laisse préfigurer d’un mouvement similaire par les deux autres grandes agences mondiales de notation, Moody’s le 24 octobre et S&P le 28 novembre.
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La France bénéficie jusqu’ici d’une note d’un cran supérieur, AA-, avec une perspective négative qui ouvrait la porte à son abaissement. La nouvelle notation est assortie d’une perspective stable. Les finances publiques françaises sont parmi les plus détériorées de la zone euro.
La dette atteint 113,9% du PIB fin mars 2025 (soit 3.345,4 milliards d’euros) et le déficit doit se situer à 5,4% du PIB, d’après les prévisions du gouvernement sortant. Bien que la croissance pourrait atteindre 0,8%, l’économie souffre d’un manque de confiance généralisé, selon l’institut statistique (Insee).
Selon Fitch, l’endettement de la France continuerait de gonfler jusqu’à 121% du PIB en 2027, « sans horizon clair de stabilisation » après cette année d’élection présidentielle, avec toujours le risque d’un blocage politique.
Challenge (Avec Agences)