Dossier

Industrie agroalimentaire. Le pari de la transformation des produits agricoles

Actuellement, le taux de transformation des produits agricoles atteint à peine 20% et il est attendu qu’il s’élève à 70% à l’horizon 2030 dans le cadre de la stratégie Generation Green. Le tissu industriel actuel est-il prêt ? 

L’agroalimentaire marocain, n’a pas manqué son rendez-vous 2024 au SIAM (Salon International de l’Agriculture au Maroc) à Meknès. Les industriels de ce secteur à travers 56 sociétés agroalimentaires sur 1400 exposants, ont étalé leur savoir-faire en matière de transformation des fruits & légumes, les pâtes & couscous, les viandes rouges et blanches, les huiles d’olive, les biscuiteries, chocolateries et confiseries, et le lait & ses dérivés, entre autres.

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Les stands des grandes entreprises de l’agro-industrie rivalisant d’originalité et de faste ont beaucoup de succès. Centrale Danone, la Copag, Maroc Fruits Board, groupe Dari Couspate … Personne ne manque. Certains grands groupes ont même installé plusieurs stands en fonction de leurs marques et de leurs activités, comme le groupe Zine ou encore Holmarcom. Même la Fédération Nationale de l’Agroalimentaire (FENAGRI), le premier réseau d’entrepreneurs agroalimentaire du Maroc, créé avec pour objectif de réunir les professionnels et les entreprises de l’industrie agroalimentaire locale, de fédérer l’écosystème de cette industrie, participe activement pour la première fois via un stand à cet événement d’envergure internationale.

«Le SIAM constitue une plateforme idéale pour la FENAGRI afin de mettre en lumière le dynamisme et la richesse marocaine de l’agroalimentaire, et ce, auprès d’un public de professionnels et de décideurs nationaux et internationaux. Il sera également l’occasion de nouer des partenariats stratégiques avec des acteurs nationaux et internationaux, de promouvoir les produits marocains sur les marchés d’exportation, et de contribuer au renforcement des compétences des agriculteurs et des agro-industriels marocains», souligne Abdelmounim El Eulj, Président de la FENAGRI.

Il faut dire, que s’il y a une industrie qui aura beaucoup à gagner à se développer et surtout à se tourner vers le local, c’est bien l’agroalimentaire. Ce dernier dispose d’un potentiel de croissance important sur le marché local et à l’export. En effet, le PIB agricole représente entre 12% et 14% du PIB national, alors que le PIB des industries agroalimentaires ne pèse que 5% du PIB national. Cela, au moment où ces deux ratios sont à des niveaux similaires dans les pays industrialisés. De plus, la consommation des produits transformés reste faible comparée à celle des pays voisins.

En matière d’export, nos exportations ne représentent que 15% des exportations industrielles. Et encore ! Elles concernent quelques fruits et légumes, pâtes et couscous, viandes rouges et blanches, huiles d’olive, biscuiteries, chocolateries, lait et produits laitiers.

En matière d’export aussi, les exportations marocaines ne représentent que 15% des exportations industrielles. Et elles concernent principalement les fruits et légumes, les pâtes et couscous, les viandes rouges et blanches, les huiles d’olive, les biscuiteries, les chocolateries, le lait et ses dérivés. Et là encore, les performances d’exportation diffèrent d’une filière à l’autre. «Cela est dû à plusieurs facteurs, dont essentiellement le degré d’intégration et d’organisation de la chaîne de valeurs de chacune de ces filières», explique la FENAGRI.

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Pour l’heure, le taux de transformation des produits agricoles atteint à peine 20%. La nouvelle stratégie «Generation Green» ambitionne de le porter à 70% à l’horizon 2030.  Selon la FENAGRI, le tissu industriel actuel dispose de la capacité requise afin d’atteindre ce taux, sans oublier les mesures importantes mises en place concernant la promotion de l’investissement dans le cadre du Fonds de développement agricole et du Fonds de développement industriel et des investissements. Cela permettra la mise en place de nouvelles unités industrielles et l’extension de celles existantes. Reste à savoir comment atteindre cet objectif?

Selon les professionnels de l’industrie agroalimentaire marocaine, l’atteinte de ces objectifs de transformation suppose la satisfaction de certains préalables, dont notamment l’amélioration de l’offre et de la qualité des produits agricoles destinés à la transformation, l’amélioration et l’organisation des circuits de commercialisation, le développement de l’agrégation agricole, le renforcement de l’accompagnement de l’Etat des industriels exportateurs dans la consolidation des marchés historiques et la prospection de nouveaux marchés internationaux, mais aussi le lancement de campagnes de communication d’envergure pour sensibiliser le consommateur local de l’intérêt de consommer le produit transformé local.

L’une des actions majeures allant dans ce sens, est la signature d’une convention entre les opérateurs et Marjane Holding, visant à développer le sourcing de ce leader de la grande distribution auprès des industriels locaux de l’agroalimentaire. Si la part de marché du sourcing local des produits marques distributeurs représentait déjà 65% en 2020, Marjane a fait savoir « son ambition d’atteindre les 80% de son chiffre d’affaires en 2024 ».

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Aujourd’hui, les opérateurs marocains sont unanimes pour dire que pour gagner en compétitivité, l’industrie agroalimentaire doit améliorer son intégration tout au long des chaînes de valeur. En effet, le taux d’intégration moyen reste encore modéré. Il est seulement de l’ordre de 25%. Cela s’explique, selon eux, par le fait que le secteur continue d’importer de nombreux intrants manufacturés, notamment les emballages en plastique. 

Sur la base d’une étude réalisée par la profession agro-industrielle, l’industrie agroalimentaire utilise actuellement l’équivalent de 10 milliards de DH de matières premières et intrants importés (hors produits agricoles). Ce qui représente un important gisement de projets d’investissement à déployer au niveau local pour un montant total prévisionnel de 680 millions de DH, avec la création, à terme, de plus de 7000 emplois directs. Selon une étude réalisée par la FENAGRI sur les opportunités de sourcing local des intrants manufacturés, les industries agroalimentaires utilisent annuellement l’équivalent de 10 milliards de DH d’intrants manufacturés importés. Ce qui constitue des opportunités de substitution de ces importations ou au moins une partie, sous forme de nouveaux projets d’investissement au niveau local (voir par ailleurs).

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Si le recours à la production locale est la priorité des industriels agroalimentaires marocains, il n’en demeure pas moins qu’il serait nécessaire de garantir la quantité et la qualité requise du produit agricole concerné, moyennant une bonne intégration tout au long de la chaîne des valeurs de chacune des filières de production.

 
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