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En France, la révolution de la mobilité tarde à arriver !

Pendant que certains pays, à l’image du Canada ou des USA font avancer les lignes sur les dossiers des mobilités, en France, la question de la mobilité butte encore sur des lourdeurs.

«Cette mission est née d’un sentiment de décalage entre l’ambition affichée par l’exécutif et la réalité sur le terrain. Le 28 novembre 2017, le Président de la République promettait à la jeunesse africaine « la révolution de mobilité, […] celle qui nous permettra de repenser nos liens, mais aussi la circulation des femmes et des hommes en Afrique, et entre l’Afrique et l’Europe ». Trois ans après le discours de Ouagadougou, vos rapporteurs regrettent que la politique des visas à l’égard des populations africaines reste très en deçà de l’ambition présidentielle», peut-on lire dans le rapport terrain piloté par l’ancien député français M’Jid El Guerrab, publié en février 2021. Telle un véritable plaidoyer, ce document de 45 pages met à nu les pratiques en décalage avec le discours officiel de Paris.

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«La politique des visas s’écarte, dans la pratique, de l’ambition fixée par le Président de la République lors du discours de Ouagadougou de 2017», constatent les experts du rapport. En chiffre, en 2019, la France a délivré 3,5 millions de visas de court et long séjours, sur un total de 4,3 millions de demandes. Si on prend en compte les rendez-vous qui n’auraient pas été honorés, 680.000 décisions de refus de visas ont été prises par les autorités consulaires. A l’échelle mondiale, le taux de refus était de 16,3% en 2019. Si ce chiffre concernant le Maroc n’a pas été communiqué dans ce rapport, le taux de refus à Rabat, était de 6% à l’année de la publication du rapport.

Outre les refus «systématiques de visas», il a également été constaté une hausse du coût du visa Schengen, porté à 80 euros depuis la révision du code communautaire des visas en février 2020. «Si le coût du visa de court séjour est harmonisé entre États membres, tel n’est pas le cas des frais de service que le demandeur doit régler au prestataire extérieur», fait observer le rapport. 

Au Maroc, l’obtention d’un visa français reste un calvaire

Pendant que récemment, le Canada par la voix de son ministre de l’Immigration vient de prendre une mesure importante pour faciliter la mobilité dans son pays (les détenteurs de passeports de 13 pays pourront désormais se rendre au Canada par avion sans avoir besoin d’un visa de résidence temporaire), avec le visa français, la réalité demeure encore tout autre.

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Entre les renouvellements récurrents, les refus sans restitution de frais de visa et les traitements qui vont avec, le visa français au Maroc et même en Afrique subsaharienne est un véritable parcours du combattant. Il faut d’ailleurs notifier qu’en début d’année, plusieurs acteurs marocains de la société civile dans un communiqué commun en date du 10 février 2023, avaient tiré la sonnette d’alarme sur «la discrimination et le traitement humiliant» de TLS Contact sur des demandeurs marocains de visas pour la France.

«Ce manque d’attractivité provoque une dégradation des relations avec les populations africaines et la perte de notre avantage historique sur ce continent. L’Afrique est un continent d’avenir, elle est le continent de tous les défis contemporains, mais elle reste cependant trop souvent perçue comme une menace. Une politique des visas dissuasive est susceptible de conduire les Africains à se détourner de la France au profit de destinations jugées plus attractives sur le plan du droit à la mobilité et de l’accueil. Jean-Christophe Belliard, ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, s’interroge d’ores et déjà sur le fait que, dans le domaine des sciences sociales, les principaux intellectuels africains soient établis en Afrique du Sud, au Canada, au Royaume-Uni, mais rarement en France. Il est donc important de répondre à la question de la mobilité et de la circulation, qui est l’un des principaux sujets irritants constatés entre l’Afrique et la France, explique ledit rapport.

Visas Schengen : une addition salée

En 2021, les ressortissants marocains ont déposé un total de 157.100 demandes de visas Schengen, devenant ainsi le cinquième pays mondial au plus grand nombre de visas déposés, juste derrière la Fédération de Russie (536.241), la Turquie (271.977), l’Ukraine (194.246) et l’Arabie Saoudite (173.485), précise le média Schengen VisaInfo. Parmi ces cinq pays, le Maroc a le taux de refus le plus élevé, avec 27,6% des demandes de visa déposées sur son territoire, rejetées par les représentants Schengen, alors que le taux de refus dans les quatre premiers était respectivement de 3,2%, 16,9%, 2,7% et 4,3%. 

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Et selon la même source, «étant donné que les frais d’une demande de visa Schengen est de 80 euros et qu’ils ne sont pas remboursables, cela signifie que les Marocains ont dépensé au moins 3 millions d’euros pour des visas qu’ils n’ont jamais reçus ». 

 
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