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La Banque mondiale injecte 11 milliards DH en une décennie au Maroc

Un récent rapport du Groupe d’évaluation indépendant (IEG) de la Banque mondiale fait le point sur les investissements de l’institution de Bretton Woods au Maroc… Le pacte de développement est-il une réalité ?

Partenaire de longue date du Royaume, l’institution de Bretton Woods est un acteur clé dans le paysage économique du Maroc. Dans un rapport récent, la Banque, à travers une analyse bilan, mesure les impacts de son action sur la période 2011 à 2021. Il ressort du rapport du Groupe d’évaluation indépendant que l’institution de Bretton Woods a concentré ses efforts sur l’élimination de quatre obstacles majeurs au progrès économique et social du Maroc. Grâce à un engagement financier de 11,2 milliards de dollars, le groupe a ciblé la croissance du secteur privé, le développement du capital humain, la résilience au changement climatique et l’amélioration de la gouvernance. Si certaines actions ont été couronnées de succès, le pays a tout de même fait face à des défis persistants.

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Pour mener à bien sa mission, la Banque mondiale a misé sur son avantage comparatif, utilisant son expertise et ses analyses pour influencer positivement les réformes politiques au Maroc. La stratégie s’est concentrée sur l’utilisation des outils de comparaison pour engager un dialogue et informer les priorités du Maroc, notamment dans les domaines de la gouvernance du secteur public, du développement de la petite enfance et de la compétitivité des marchés et de l’environnement des affaires. Le rapport indique également que pour certaines politiques, la banque a d’abord priorisé l’impact de ses actions au détriment de la reconnaissance de ses efforts. Preuve en est la date de la démarche stratégique qu’elle a engagée lors de l’élaboration du dernier mémorandum économique pour le Maroc (2017), lequel a marqué un tournant.

Les défis…

En dépit des efforts fournis pour réduire les retards de paiement des grandes entreprises et des EEP aux PME, les résultats n’ont pas été probants. Des progrès limités ont été constatés. À ce sujet, l’institution internationale s’est adaptée à la problématique et a opté pour une nouvelle approche décentralisée, laquelle a d’ores et déjà été déployée, selon Theo Thomas, directeur du développement humain et de la gestion économique de l’IEG. Ainsi, l’impact de ces approches ajustées sera évalué lors des prochains rapports.

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De plus, certains projets d’investissement et de conseil dans le cadre de partenariat public-privé n’ont jamais vu le jour. L’échec a été également constaté au niveau du programme d’engagement des citoyens. Il s’avère que tous les efforts consentis ont été vains. In fine, cette évaluation a permis d’identifier les enseignements à tirer, lesquels permettront de guider l’engagement futur du groupe de la Banque mondiale au Maroc et même pour des pays confrontés à des défis de développement similaires.

L’aide au développement, une réalité ?

Contacté par Challenge, l’économiste Mehdi Lahlou demeure de ceux qui restent sceptiques quant à l’idée selon laquelle la Banque mondiale apporte le développement. « Si on avait un administrateur indépendant au sein de la Banque, son rôle serait, par exemple, d’interroger sur le fait comment des millions sont dépensés au travers de politiques publiques en Afrique pour lutter contre la pauvreté et que jusqu’à ce jour, on a toujours à faire à la pauvreté en Afrique ». Et de poursuivre : « Je ne crois pas que l’objectif serait de développer. L’argument du développement est purement idéologique. Les 11 milliards investis ont été récupérés avec des intérêts alors de mon point de vue ce n’est pas de l’aide ». Rappelons d’ailleurs que les statistiques de 2023 montrent une augmentation alarmante de la pauvreté et une croissance inquiétante de l’écart de revenus entre les nations. Près de 700 millions de personnes vivent dans l’extrême pauvreté, et les pays en développement ont dépensé un montant record (443,5 milliards de dollars) pour le service de leur dette.

 
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