Étude

Parité femmes-hommes en école d’ingénieurs : Le bon élève Maroc [par Charaf Louhmadi]

L’étude publiée par l’Unesco, intitulée « La course contre la montre pour un développement plus intelligent », et parue en février 2021, montre que le Royaume compte plus de 42% de femmes ingénieures. Un taux bien plus élevé que la moyenne mondiale, estimée à 28% selon le même rapport qui a été réalisé avec le soutien de la Fondation Ipsen.

Des Marocaines souvent formées au sein de classes préparatoires scientifiques, que l’on retrouve dans les grandes et moyennes métropoles du pays, mais également en classes préparatoires intégrées, soient les deux premières années d’écoles d’ingénieurs post-bac ; l’Ecole nationale supérieure des Arts et Métiers de Meknès, dont le concours d’entrée est sélectif, en est un exemple.

Ce taux d’intégration des femmes, encourageant et légèrement en deçà de la parité, impacte également leur insertion dans les parcours de recherche, car des ingénieures choisissent de poursuivre en cursus doctoral post-études d’ingénieur.

Le forum annuel des femmes ingénieures 

L’Association des Ingénieurs de l’École Mohammedia (AIEM) célèbre tous les ans les femmes ingénieures ; la 4ème édition de la rencontre annuelle de la femme ingénieure marocaine a eu lieu, le 11 mars dernier à Casablanca, en présence de la ministre de la Transition énergétique et du développement durable et du ministre de l’Industrie et du commerce.

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Cette rencontre a pour but de promouvoir le Leadership féminin, notamment autour des sujets scientifiques et technologiques. En 2023, le thème central de cet évènement fut celui du climat.

Les pays du Maghreb surclassent les membres de l’OCDE

La Tunisie et l’Algérie affichent également de bons taux d’intégration des femmes dans les écoles et métiers d’ingénieurs ; 44,2% en Tunisie et 48,5% en Algérie, des statistiques fournies par l’Unesco. Ces proportions dépassent largement celles qu’on retrouve dans les pays de l’OCDE ; on dénombre à peine 19,7% de femmes-ingénieures au Canada et 20,4% aux Etats-Unis. D’autres pays membres de l’OCDE sont surclassés par les pays du Maghreb, à l’image du Luxembourg (19,8%), de la Norvège (23,5%), du Royaume Uni (23,5%) ou encore la France (26,1%).

En France et malgré les efforts du gouvernement et des écoles d’ingénieurs en vue de promouvoir l’égalité femme-homme, les étudiantes ne représentent en effet qu’environ un quart des inscrits en école d’ingénieurs. Une proportion visiblement stagnante entre 2006 et 2022, et ce d’après une étude des chercheurs de l’Institut des politiques publiques et des statistiques relayées par le site letudiant.fr. Cécile Bonneau, doctorante en économie à l’Ecole normale supérieure et à l’Ecole d’économie de Paris, affirme que « si les filles sont moins présentes en école d’ingénieurs et en prépa, cela ne s’explique pas par leur niveau scolaire, les filles se détournent de ces filières après le bac, par choix ou par autocensure ».

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Il y a donc un travail d’orientation à mener auprès des lycéennes (voire dès le collège) en vue de limiter le plus possible ces autocensures. Une autre solution permettant de réduire l’écart, est celle de privilégier (à compétences égales) l’admission sur titre des femmes aux écoles d’ingénieurs et en amont mener des campagnes d’orientation dans les universités partenaires en vue de booster les candidatures féminines.

La Première ministre française Elisabeth Borne, polytechnicienne, pupille de la nation et deuxième Première ministre de la Vème République (après Edith Cresson il y a plus de 30 ans sous Mitterrand), a dédié sa nomination à toutes les petites filles en vue de les encourager, lors de sa passation de pouvoir avec l’ancien premier ministre Jean Castex.

Par ailleurs, ce déficit femme-homme en école d’ingénieur crée par ricochet un déficit dans les milieux de l’entrepreneuriat, en particulier ceux de la tech, où assez souvent les fondateurs (ou co-fondateurs) sont issus de formations d’ingénieur.

Gouvernement marocain : les femmes héritent de portefeuilles stratégiques

Au-delà des écoles d’ingénieurs et au sein du gouvernement, on retrouve le leadership féminin marocain ; ainsi, sept femmes ont été nommées à des postes clés au sein du gouvernement, constitué rappelons-le de 24 ministres. Il s’agit du ministère des Finances (Nadia Fattah Alaoui), celui de l’Énergie (Leila Benali), de l’Urbanisme et l’Habitat (Fatima Ezzahra El Mansouri), de la Solidarité et l’Insertion sociale (Aawatif Hayar), et enfin de la Transition numérique et la Réforme administrative (Ghita Mezzour). L’ancienne directrice régionale de la Santé Nadia Rmili a été nommée ministre de la Santé avant de décider de prendre les rênes de la mairie de Casablanca.

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Ces nominations de femmes à des postes clés au sein du gouvernement sont encourageantes et démontrent la volonté du Maroc de continuer les travaux sur le chantier de la parité et ce, à toutes les échelles de la société.

Charaf Louhmadi est consultant, chroniqueur & auteur d’ouvrages.

 
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