Pour la première fois en Afrique, le Congrès mondial de la sûreté ferroviaire de l’UIC s’est tenu à Rabat les 3 et 4 décembre. Un événement d’envergure qui consacre la place croissante du Maroc dans le paysage ferroviaire international. Le ministre du Transport, Abdessamad Kayouh, et le directeur général de l’ONCF, Mohamed Rabie Khlie, ont mis en lumière la transformation profonde du réseau national, portée par des investissements massifs, une stratégie de modernisation ambitieuse et une vision fondée sur l’alliance entre l’humain et la technologie.
Rabat s’est imposée, le temps d’un congrès, comme le carrefour stratégique des décideurs du rail. En accueillant la 20ᵉ édition du Congrès international de la sécurité ferroviaire, coorganisé par l’ONCF et l’Union internationale des chemins de fer (UIC), le Maroc s’affirme comme un pays pionnier sur le continent.
Dès l’ouverture, Abdessamad Kayouh a rappelé la portée symbolique et technique de cette rencontre internationale. Le ministre a mis en avant le développement accéléré du rail marocain, guidé par les orientations royales, et salué « les efforts constants » de l’ONCF et de son directeur général, Mohamed Rabie Khlie, pour faire évoluer le réseau vers des standards globaux de performance et de sécurité.
Un hommage justifié, tant les transformations de ces deux dernières décennies ont hissé le Maroc au rang des nations ferroviaires les plus avancées d’Afrique.
Khlie : “La confiance internationale envers le Maroc est un signal fort”
Dans son discours, Mohamed Rabie Khlie a d’abord souligné la portée historique de l’événement,placé sous le Haut Patronage de S.M le Roi Mohammed VI : pour la première fois, ce congrès se tient en Afrique. Un choix qu’il qualifie de « hautement symbolique », révélateur de la confiance de la communauté ferroviaire internationale envers le modèle marocain.
Le patron de l’ONCF a rappelé l’énorme chantier entrepris depuis vingt ans pour moderniser, sécuriser et digitaliser l’ensemble du réseau marocain. Cette métamorphose s’appuie sur une organisation de sûreté robuste :
• 190 agents assermentés de la Police Ferroviaire,
• 50 superviseurs opérationnels,
• 1 400 agents de surveillance déployés dans tout le pays,
• un maillage centralisé autour de dix grands sites sûreté,
• et un réseau de plus de 2 000 caméras de vidéosurveillance, couvrant aussi bien les gares que la ligne à grande vitesse Tanger–Casablanca.
Des dispositifs renforcés depuis l’ouverture, en 2018, du Centre National de Sûreté, une plateforme intégrée réunissant Police ferroviaire, Gendarmerie royale, DGSN et contrôleurs, permettant une gestion unifiée et rapide des situations sensibles.
Pour Khlie, cette alliance de l’humain et du numérique constitue le cœur de la stratégie nationale : « La sûreté de demain devra être prédictive, proactive et fondée sur une combinaison intelligente des compétences et des technologies », a-t-il insisté.
Un Maroc tourné vers la grande vitesse et la mobilité urbaine
L’engagement du Maroc ne se limite pas à la sécurisation du réseau existant. Le pays a lancé, en avril 2025 sous l’impulsion royale, l’un des projets ferroviaires les plus ambitieux de son histoire : la ligne à grande vitesse Kénitra–Marrakech, long de 430 km, qui prolongera la première LGV d’Afrique inaugurée en 2018. À cela s’ajoutent 250 km de dessertes RER autour de Rabat, Casablanca et Marrakech.
Au total, l’ONCF mobilise 96 milliards de dirhams, soit près de 10 milliards d’euros, pour accompagner la mutation des mobilités au Maroc.
Un chantier majeur est également en cours avec l’acquisition de 168 nouvelles rames automotrices dans le cadre du programme PARAM, destiné à moderniser et renforcer la flotte nationale.
Pour Abdessamad Kayouh, ces investissements traduisent une vision claire : faire du rail un levier structurant du développement territorial, économique et climatique.
Un leadership marocain en résonance avec les défis africains
Les avancées marocaines prennent une dimension particulière lorsqu’elles sont mises en perspective avec les réalités africaines évoquées par Mohamed Rabie Khlie :
• 8 % des réseaux disposent d’une structure de sûreté complète,
• 12 % sont en phase de structuration,
• 80 % restent vulnérables, faute d’infrastructures, de cadres réglementaires ou de moyens financiers.
Dans ce contexte, l’exemple marocain apparaît comme un modèle d’inspiration. Le congrès de Rabat se transforme ainsi en laboratoire de réflexion pour imaginer les futurs standards du rail africain : gouvernance, formation, digitalisation, IA, dispositifs de surveillance, cultures de sûreté partagée.
Khlie a insisté sur la « mobilisation collective » nécessaire pour bâtir un réseau africain sûr, résilient et durable, aligné sur les objectifs continentaux de la vision Africa Rail 2063.
Une alliance entre humains et technologies au cœur de la “sécurité ferroviaire de demain”
Le thème du congrès — « La sécurité ferroviaire de demain : allier les personnes et la technologie » — résume la philosophie qui guide aujourd’hui le Maroc. Pour Kayouh comme pour Khlie, la sûreté ne se limite plus à une dimension technique : elle devient un enjeu stratégique, humain et technologique.
Intelligence artificielle, outils prédictifs, systèmes automatisés de détection, contrôle d’accès digitalisés, mais aussi montée en compétence des agents et culture de vigilance collective… Autant de pistes explorées et débattues à Rabat.
Cette vision intégrée, portée par les deux hommes, fait du Maroc un laboratoire régional des mobilités de demain.
À l’issue des travaux, tous s’accordent sur un point : la 20ᵉ édition du Congrès mondial de la sûreté ferroviaire marque un moment charnière. Pour Abdessamad Kayouh, il s’agit de confirmer l’ambition du Maroc d’inscrire son rail dans les standards les plus avancés au monde. Pour Mohamed Rabie Khlie, c’est l’affirmation d’un modèle national solide, tourné vers l’innovation et la coopération internationale.