Comme le Maroc, le Sénégal cherche lui aussi son modèle de développement
Peut-on construire une grande nation sans schéma directeur ? Sur les traces du Maroc, le Sénégal cherche son modèle de développement. Hier, devant les élites, le gouvernement sénégalais a présenté ce qu’on pourrait qualifier de « doctrine de développement ». Décryptage !
À l’image du Maroc, le Sénégal a décidé d’investir dans la réflexion stratégique pour porter son développement. En effet, le gouvernement sénégalais ambitionne d’augmenter le revenu par habitant de 50 % en cinq ans et d’allonger l’espérance de vie de trois ans, tout en réduisant le déficit et la dette. C’était donc au cœur du nouveau pôle urbain de Diamniadio que le président Bassirou Diomaye Faye, investi en avril, a présidé, aux côtés de son Premier ministre Ousmane Sonko, le lancement d’un ambitieux programme de transformation de l’économie et de l’État, courant jusqu’en 2050 et destiné à rompre notamment avec le surendettement. Ce plan, baptisé « Sénégal 2050 : agenda national de transformation », marque une nouvelle étape dans l’action du président Diomaye Faye et interroge en profondeur le modèle de développement du pays. Dans un rapport d’une centaine de pages, ce plan de développement pose les bases d’une réflexion sérieuse sur la doctrine de développement du Sénégal.
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Rappelons que cette approche a été expérimentée en Afrique par le Maroc, qui, depuis quelques années, grâce à son intelligentsia, questionne son modèle tant au niveau national qu’international. L’Initiative Atlantique, sa percée économique continentale, ainsi que son offre socio-économique en constante transformation laissent penser qu’au cœur de ces actions se trouve une vision en construction.
À l’instar du Maroc, le Sénégal a compris l’importance de la gouvernance dans une dynamique de développement. Toute ambition de puissance économique doit s’appuyer sur une véritable feuille de route, garantissant un modèle unique dans le vaste champ mondial de la compétitivité.
Un reset économique ?
« Sénégal 2050 » ambitionne de réduire la pauvreté, de tripler le revenu par habitant d’ici 2050 et d’atteindre une croissance économique annuelle moyenne de 6 à 7 %. Cette feuille de route interroge : l’offre économique du pays (une économie à faible valeur ajoutée), les compétences humaines nécessaires pour soutenir cette économie, le modèle de gouvernance et enfin les incidences sociales.
Par ailleurs, le gouvernement entend aussi ramener la dette de l’État de 83,7 % du PIB en 2023 à 70 %, et le déficit budgétaire à 3 % « dans un délai raisonnable ». Avec les autres actions prévues, « le revenu moyen du Sénégalais devra augmenter de 1 660 dollars à 2 468 dollars, soit une augmentation de près de 50 % en cinq ans », explique le gouvernement.
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Pour la petite histoire, c’est lors de la conférence de Bandung d’avril 1955 que les pays du Sud ont émis l’idée historique d’exister sur la scène mondiale. La Corée du Sud, l’un des pays signataires de Bandung, avait un PIB de 3,9 milliards de dollars en 1960. Aujourd’hui, ce dernier a atteint 1 674 milliards de dollars.
Des décennies plus tard, on peut se demander pourquoi certains pays africains peinent encore à sortir de l’immobilisme. Pour un pays comme le Sénégal, ces dernières années, sous l’impulsion des élites, l’idée de développement et l’avènement d’un État prospère et compétitif ont animé la vie des institutions. Le Plan Sénégal Émergent de l’ex-président Macky Sall a été le premier chapitre ouvrant la voie d’un nouveau Sénégal, désireux de compter dans le cénacle des nations dynamiques. Contacté par Challenge, le patron de l’Afrique qui Ose, Alioune Gueye, a plutôt mis le curseur sur les véritables enjeux : « Aujourd’hui, nous estimons que c’est un PowerPoint de plus. L’idée est pertinente, mais je pense qu’ils sont attendus sur le terrain de la rigueur dans l’exécution et le suivi des grands projets. »