Opinions

Edito. La boussole et le technicien

Le responsable politique définit des objectifs à partir d’une vision globale, c’est-à-dire d’une « boussole non figée ». Le technicien est responsable de la déclinaison de ces objectifs dans la réalité concrète. Certes, le processus n’est ni simple ni binaire. Mais la complexité de ce processus ne devrait pas être source de confusion et justifier l’apolitisme technocratique. Dans un « Etat de droit démocratique », réalité non statique, qui reste à construire, la « boussole » ne peut être que l’expression de la volonté populaire. Les mécanismes de contrôle du politique et du technique diffèrent. La nature de la reddition des comptes n’est pas la même. En politique, elle détermine le comportement actif ou passif et le choix des citoyens.

Lire aussi | Hausse de 17% des arrivées touristiques à fin mars

La dernière « feuille de route » du tourisme (FR) 2023-2026 peut illustrer cette réflexion. Les objectifs « politiques » ont été déclinés en résultats chiffrés à atteindre. Ainsi, un investissement de 6,1 MMDH est prévu en 4 ans. A court terme, en 2026, il est question d’atteindre le chiffre de 17,5 millions de touristes, et 120 MMDH de recettes en devises, avec la création de 200.000 emplois directs et indirects. Pour cela, la FR se base sur une « nouvelle logique de l’offre ». Il est question de doubler la capacité aérienne, d’accorder une importance particulière au digital, de diversifier les produits d’animation culturelle et de loisirs, de mettre à niveau le parc hôtelier et de renforcer le capital humain. Pour cela, une « nouvelle gouvernance » est prévue en mettant en place des commissions, structures et laboratoires.

En 2022, le taux de récupération des arrivées de 2019 a atteint 84%, dépassant la moyenne mondiale de 63%. Ce taux a atteint 116% pour les recettes voyages. Cette FR est aussi perçue comme une transition vers une réflexion de fond sur le tourisme marocain de demain, avec un objectif ambitieux de 26 millions d’arrivées, en 2030. Il est question de passer du quantitatif au qualitatif. Cette démarche quantifiée ne peut être qu’applaudie, car permettant de dépasser les belles promesses. Les acteurs politiques, et les citoyens en général, peuvent ainsi apprécier une politique publique à travers les résultats. Néanmoins, certaines séquelles négatives, relevées notamment dans le rapport sur le nouveau modèle de développement, persistent et méritent d’être mises en exergue. Le secteur du tourisme n’est pas un « îlot » isolé par rapport aux autres secteurs. Quelles articulations avec les autres politiques sectorielles pour une meilleure cohérence globale et stratégique ? Sports, éducation et formation professionnelle, culture, nouvelles énergies, transports, infrastructures de base, infrastructures sanitaires, régionalisation (…).

Lire aussi | L’Afrique, un levier d’opportunités pour les IMME 

Quels sont les besoins du « touriste international » qui visite le Maroc ? Quelles réponses à ces besoins ? Qu’en est-il du « tourisme national », ce grand oublié ? Les Marocains connaissent-ils eux-mêmes leur propre pays ? La majorité écrasante de la population dispose d’un faible pouvoir d’achat qui réduit leurs possibilités de mobilité. Et pourtant, en temps de crise internationale, c’est ce « tourisme national » qui peut être le meilleur facteur de résilience d’un secteur très fragile face aux aléas internationaux, non maitrisables.

 
Article précédent

Inclusion numérique. La fondation Orange Maroc met les bouchées doubles

Article suivant

Maroc. Le temps qu'il fera, ce samedi 14 avril