Agriculture

Quand les tomates marocaines font le bonheur de la France !

Selon une étude du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), la France réexporte vers l’UE en moyenne le tiers du total de ses achats de tomates en provenance du Maroc. On vous explique…

Il y a seulement quelques mois, la tomate rouge marocaine était la cible d’un durcissement des contrôles sanitaires et d’impositions de barrières qui, selon les opérateurs nationaux, avaient pour objectif de fragiliser la compétitivité du produit marocain. « Aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre. Je pense qu’il n’y a plus de problème entre nous », assure Rachid Benali, président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader). L’heure est désormais à la relance du partenariat France-Maroc, dans la lignée du réchauffement diplomatique entre Paris et Rabat. Plus question de remettre en cause l’accord de libre-échange avec l’Union européenne qui permet aux tomates marocaines d’être exemptées de droits de douane moyennant quotas.

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Il faut d’ailleurs rappeler que, selon les conclusions d’un rapport du CGAAER, les tomates marocaines font le bonheur de la France. En effet, les achats de tomates de la France depuis le Maroc (premier fournisseur avec 75 % du volume) et enregistrés par les douanes comme étant des importations extra-UE ne sont en effet pas uniquement destinés aux assiettes françaises. « La France est un exportateur important de tomates, à 95 % vers l’UE (300 000 tonnes exportées en 2023 – source FAM). L’Allemagne et les Pays-Bas sont les principaux clients de la France et le Maroc son 1er fournisseur (530 000 tonnes importées en 2023), loin devant l’Espagne », explique le rapport. Et d’ajouter : « Ces importantes exportations françaises s’expliquent par l’effet “Perpignan”. En effet, comme le démontre l’analyse de FranceAgriMer dont le détail figure en annexe, une importante partie des importations marocaines en France est destinée à être réexportée dans l’Union européenne : des tonnages importants de fruits et de légumes marocains transitent vers la plateforme logistique routière internationale de Perpignan-Saint-Charles International (SCI), véritable hub de dédouanement et de réexpédition des fruits et légumes en UE. »

L’or rouge marocain a le vent en poupe…

Le Maroc est devenu en deux décennies l’un des géants de la tomate sur la scène méditerranéenne. Grâce à un climat favorable, des techniques d’irrigation optimisées et une orientation claire vers l’export, les régions du Souss, de Dakhla et bientôt de l’Oriental assurent une production continue, notamment en hiver, lorsque l’Europe du Nord est à l’arrêt. « La tomate marocaine est fiable, bon marché, et disponible en masse. Elle alimente la grande distribution française… et au-delà. Car, une fois arrivée sur le sol français, une grande partie de cette production est reconditionnée, réétiquetée, et envoyée ailleurs – en Allemagne, en Suisse, en Belgique, voire en Scandinavie. La France devient non seulement consommatrice, mais pivot commercial », nous confie une de nos sources. En chiffres, c’est près de 120 000 emplois directs, 1,1 milliard d’euros d’exportations. « Ainsi, durant la période 2021/2022, les exportations marocaines de produits agricoles ont progressé de 15 % vers l’UE et de 2 % vers l’Espagne. À titre de comparaison, sur la même période, les exportations de produits agricoles en provenance de l’UE vers le Maroc ont augmenté de 75 %, tandis que celles en provenance de l’Espagne ont bondi de 20 %. Au total, en 2022, le solde de la balance commerciale de produits agricoles est positif pour l’UE (environ 900 M€) », martèle Benali.

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Le Maroc a raison de ne pas céder au conjoncturel !

« Aujourd’hui, je pense que le Maroc, pour densifier sa compétitivité dans le domaine agricole, doit songer à aller vers d’autres marchés. Avec la ZLECAf, les produits marocains peuvent être très bien accueillis dans certains pays du continent », précise Mostafa Chehhar, directeur du Domaine Vert au Groupe Crédit Agricole. Et de poursuivre : « Et face au discours idéaliste qui prône l’arrêt de certaines cultures, j’estime qu’on ne doit pas céder aux conjonctures. Ces cultures à l’export apportent de la devise, et pas que : elles permettent à l’agriculture marocaine d’être compétitive. À titre d’exemple, dans le domaine de la culture d’avocat, qui est une mine d’or, le Maroc s’en sort bien. Selon les chiffres du spécialiste EastFruit, ces dernières années, les exportations marocaines d’avocats ont quasiment doublé, passant d’environ 22 500 tonnes en 2017-2018 à 42 300 tonnes à la fin de la saison 2021-2022. Le Maroc a ainsi gagné trois places pour devenir le 9e exportateur mondial d’avocats à la fin de l’année 2022. Les exportations de fruits et légumes marocains ont rapporté près de 90 millions de dollars, classant l’avocat à la 8e place. »

 
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