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Le blackout : le testeur qui révèle la fragilité d’un monde ultra-connecté

Aujourd’hui, l’Espagne, le Portugal et le sud de la France en ont fait l’expérience. En plein jour, une panne massive a désorganisé une partie du réseau électrique européen, touchant des entreprises, des infrastructures essentielles et des millions de foyers. Un simple incident technique ? Un rappel brutal de notre vulnérabilité collective ? Dans « Black Out », Marc Elsberg décrivait déjà ce scénario : une cyberattaque ciblant les réseaux électriques européens, où l’interconnexion, censée renforcer la sécurité, devient un accélérateur de crise. Quelle leçon en tirer ?

Ce 28 avril dernier, l’Espagne, le Portugal et le sud de la France ont vécu un avant-goût d’un scénario que l’on croyait réservé à la fiction : une rupture brutale de l’alimentation électrique, sans alerte préalable, désorganisant les transports, perturbant les communications, paralysant les services publics et plongeant des millions de citoyens dans une incertitude totale. Cette coupure de courant, « exceptionnelle » et d’origine inconnue pour l’heure, a chamboulé le quotidien des citadins. Dans les vidéos publiées après l’incident technique, on peut voir la joie des habitants de Madrid lors du retour du courant, après une longue journée sans électricité, mais aussi, le plus souvent, sans internet et sans téléphone mobile.

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Au Maroc, même si les effets n’ont pas été de la même ampleur, dans le secteur Internet, le groupe Orange Maroc, dans un communiqué officiel, a reconnu un dérèglement de son réseau en raison de cet incident. Pas seulement Orange : l’Office national des aéroports (ONDA) du Maroc avait également été impacté. Côté cause, c’est encore le flou. Les autorités espagnoles ont lancé mardi des enquêtes pour identifier les causes de la méga-panne électrique qui a privé la péninsule Ibérique de courant pendant de nombreuses heures la veille, assurant ne pouvoir écarter à ce stade « aucune hypothèse ».
« Pour l’heure, l’origine exacte de la panne n’a pas encore été confirmée, mais les premières analyses évoquent une perte d’équilibre sur le réseau européen interconnecté, possiblement liée à une surcharge ou à un incident technique transmis en cascade. Je comprends que la cyberattaque n’est pas encore totalement écartée », nous confie Loïc JAEGERT HUBER, Directeur Régional ENGIE North Africa. Et de poursuivre :
« Ce que cela illustre surtout, c’est la complexité croissante de nos systèmes électriques, plus intelligents, plus décentralisés, mais aussi plus sensibles aux déséquilibres locaux. »

Stress test grandeur nature

Ce blackout partiel agit comme un stress test grandeur nature, un miroir qui renvoie à nos fragilités. Ce que Marc Elsberg avait imaginé dans son roman Black Out – une cyberattaque visant les réseaux électriques européens – n’a jamais semblé aussi plausible. Le livre montrait comment une interconnexion conçue pour sécuriser le système pouvait, en réalité, accélérer l’effondrement en cas de faille.

Pour le reste du monde, cette situation est plus qu’interpellante. « Pour le Maroc, cela rappelle l’importance de trois choses : renforcer la résilience du réseau national, notamment avec un pilotage dynamique de la demande et une meilleure capacité d’ajustement en temps réel ; sécuriser les interconnexions régionales tout en veillant à leur stabilité (Espagne, Afrique subsaharienne demain, Algérie à terme…) ; et surtout, accompagner le développement massif des énergies renouvelables avec des infrastructures de stockage, de flexibilité et de gouvernance énergétique modernes. Ce type d’incident n’est pas un argument contre la transition, bien au contraire, mais un signal d’alerte pour qu’elle soit bien conçue », explique le CEO d’ENGIE North Africa.

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De son côté, Mohammed ED-DOKKALY, expert IT, précise : « Plus les infrastructures deviennent intelligentes et connectées, plus elles s’exposent à des risques invisibles, souvent subtils et persistants. Face à cette évolution, la première nécessité est d’instaurer une gouvernance solide de la cybersécurité. Cela implique d’inscrire la sécurité numérique dans la stratégie globale de l’organisation, avec une répartition claire des responsabilités et une gestion proactive des risques. Il ne s’agit plus seulement de protéger des systèmes informatiques, mais bien de sécuriser des actifs critiques au cœur même du fonctionnement des services publics, des entreprises ou des collectivités. »

 
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