Les cinq piliers de la nouvelle stratégie de l’Office des Changes

L’Office des Changes a présenté récemment sa stratégie pour les cinq prochaines années (2025-2029), dont la toile de fond est la construction d’une relation de confiance avec les opérateurs économiques au Maroc.
Fruit d’une large concertation avec les parties prenantes, la feuille de route a été accueillie favorablement par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), qui y voit une démarche «d’ouverture et de transparence». De même, elle offre «un levier essentiel pour soutenir la croissance, faciliter les opérations de change et améliorer le climat des affaires».
«Dans un contexte de mutation économique accélérée, marqué par une dynamique d’investissement soutenue et une nouvelle stratégie d’export ambitieuse, le rôle de l’Office des Changes est central dans l’accompagnement du secteur privé à l’international», a relevé le président de la CGEM, Chakib Alj, lors d’une rencontre tenue au siège du patronat à Casablanca.
En novembre 2024, les deux parties ont déjà scellé une convention relative à la mise en place d’un cadre formalisé pour l’échange de données et d’informations. Ainsi, elles se sont engagés à mutualiser leurs efforts pour soutenir la dynamique de développement accéléré du Royaume par la facilitation et l’assouplissement de certaines opérations de change.
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Le nouveau cadre de coopération devrait garantir l’effectivité et la pérennité des relations de partenariat, en faveur du renforcement de la compétitivité des entreprises et de la croissance économique. D’autant que l’Office œuvre pour se doter d’une gouvernance responsable et durable, au service de son développement et de sa performance globale.
Ci-après les cinq piliers de la stratégie 2025-2029, tels que détaillés par Driss Benchikh, Directeur général de l’Office des Changes:
1. Simplifier le cadre réglementaire pour renforcer la clarté, la lisibilité et l’accessibilité de la réglementation des changes
Cette ambition se traduira par l’allègement des formalités et la mise à jour régulière des dispositifs en vigueur afin d’assurer leur alignement avec les réalités économiques et les meilleures pratiques internationales. La révision de l’Instruction Générale des Opérations de Change (IGOC), prévue pour 2026, constituera une étape structurante, en proposant un cadre plus lisible, cohérent et ouvert. Dans ce même esprit, une mise à jour du dispositif EXMRE sera engagée, afin d’adapter les règles applicables aux Marocains Résidant à l’Étranger à l’évolution de leurs besoins, de leurs profils d’investissement et de leur ancrage économique au Maroc.
2. Développer le contrôle intelligent des flux financiers pour une confiance durable et une économie résiliente
Les dispositifs de contrôle sur pièces et sur place seront repensés en fonction de cette logique d’intelligence opérationnelle. Le traitement analytique des données sera renforcé par l’exploitation de bases de données nationales et internationales, et par l’intégration d’outils technologiques avancés basés sur l’intelligence artificielle permettant d’améliorer les techniques de ciblage des opérations à risque.
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Parallèlement, il renforcera le dispositif national de Lutte contre le Blanchiment des Capitaux et le Financement du Terrorisme (LBC/FT), en perfectionnant ses outils internes, tout en poursuivant les actions de formation et de sensibilisation à destination des Sociétés de Change.
L’automatisation du dispositif du contentieux des opérations de change sera renforcée, notamment par le déploiement de la plateforme « OC – Recouv » en partenariat avec l’Administration des Douanes et Impôts Indirects (ADII).
3. Renforcer la fonction statistique pour une décision éclairée et une souveraineté informationnelle accrue
Cette transformation s’accompagnera par l’amélioration continue des infrastructures de collecte et de traitement, afin de sécuriser les processus et d’assurer une qualité optimale des données tout au long de la chaîne.
Une attention particulière sera portée au renforcement de la qualité des enquêtes statistiques, à travers la révision des méthodes de collecte, une meilleure coordination avec les parties prenantes, et une exploitation plus poussée des outils numériques.
4. Optimiser la relation usager grâce à la simplicité, la proximité et la co-construction
L’Office des Changes adoptera une approche centrée sur l’usager visant l’amélioration de la qualité des services à travers la modernisation des espaces d’accueil, le déploiement d’une plateforme unique de rendez-vous et la mise en place d’un guichet permanent dédié aux Marocains Résidant à l’Étranger (MRE).
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Il s’engagera également à optimiser les délais de traitement, à généraliser les dépôts en ligne pour atteindre 90 % d’ici 2029, à améliorer l’accessibilité des services en ligne et la clarté des informations réglementaires, et à perfectionner son dispositif de gestion des doléances.
5. Accélérer la transformation numérique et renforcer la cybersécurité
Une structure de gouvernance de la donnée sera instituée afin d’assurer la qualité, la cohérence, la traçabilité et l’accessibilité des informations stratégiques. Cette structure jouera un rôle central dans la définition des référentiels, l’élaboration des politiques de gestion de la donnée et la coordination des usages transversaux.
Un Système de Management de la Sécurité des Systèmes d’Information (SMSI), aligné sur les meilleures pratiques internationales, sera mis en place pour encadrer les politiques de cybersécurité, assurer une surveillance continue des vulnérabilités et structurer les réponses aux incidents.
Parallèlement, l’Office des Changes déploiera un Plan de Reprise Informatique (PRI) et un Plan de Continuité d’Activité (PCA) pour garantir la disponibilité des services en toute circonstance, contribuant ainsi à renforcer la résilience globale de son infrastructure numérique.