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Chocs externes et impacts distributifs sur les prix alimentaires : L’analyse de Carlos Van Hombeeck du FMI

Chaque année, les réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale rassemblent des figures éminentes de l’économie pour discuter des défis économiques mondiaux, des politiques et des stratégies à mettre en place pour promouvoir la stabilité et la prospérité. Lors de cette édition, Carlos Edouardo Van Hombeeck, économiste brésilien et chercheur au sein du FMI, s’est penché sur un sujet d’actualité : les impacts distributifs des chocs externes sur les prix alimentaires, en particulier dans les pays à faible revenu.

L’économie mondiale est intrinsèquement connectée, et les pays, qu’ils soient riches ou pauvres, ne sont pas à l’abri des chocs externes. Ces chocs, qu’ils prennent la forme de crises économiques, de guerres, de catastrophes naturelles ou de perturbations du commerce mondial, ont des conséquences profondes sur les marchés alimentaires, et c’est précisément cet impact que l’économiste de la Banque mondiale Carlos Edouardo Van Hombeeck a examiné de près. Surtout quand l’impact, dans sa globalité crée l’inégalité.

Le premier choc qu’évoque le chercheur est bien le conflit russo-ukrainien, notamment avec les prix des céréales, études et statistiques à l’appui, qui démontrent l’envolée des cours. Les pays à faible revenu sont souvent les plus vulnérables aux fluctuations des prix alimentaires. Les ménages y consacrent une part substantielle de leurs revenus à l’achat de nourriture (45% du panier de consommation dans les pays à faible revenu, en comparaison aux 25% des marchés émergents et aux 15% en ce qui concerne les pays à revenu élevé).

Augmentation des cours de céréales après le conflit Russo-Ukrainien

Cela signifie que toute augmentation des prix alimentaires peut entraîner des difficultés financières importantes. Van Hombeeck souligne que ces ménages sont généralement les plus touchés par les chocs externes qui font grimper les prix alimentaires, car ils ont moins de marge de manœuvre pour s’adapter à ces variations. D’autant plus que, les paniers de consommation de ces ménages, pour les produits les plus basiques, sont constitués d’une prévalence importante de biens importés: 10% des 45% de nourriture composant les paniers de consommation des pays à faible revenu sont issus de l’importation, contre 9% pour les marchés émergents et uniquement 3% des pays plus avancés.

Prévalence de biens importés dans les paniers de consommation des ménages des pays à faible revenu.

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Il est impératif de comprendre les mécanismes qui sous-tendent ces impacts distributifs. Les pays à faible revenu, souvent tributaires de l’importation de produits alimentaires de base, sont particulièrement sensibles aux fluctuations des cours mondiaux. Van Hombeeck explique que lorsque les prix internationaux augmentent en raison de chocs externes, ces hausses se répercutent sur les prix nationaux. Les ménages à faible revenu, qui dépendent de ces produits, sont ainsi confrontés à une hausse de leurs dépenses alimentaires.

Le chercheur brésilien souligne que pour les pays à faible revenu, la stabilité des prix alimentaires est essentielle à la sécurité alimentaire. Les chocs externes peuvent compromettre la sécurité alimentaire en rendant les denrées alimentaires inaccessibles pour de nombreux ménages. Il est donc essentiel de mettre en place des politiques visant à minimiser l’impact des chocs sur les prix alimentaires, tout en garantissant l’accès à une alimentation abordable pour tous.

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Carlos Van Hombeeck conclut en mettant en exergue l’importance d’une approche holistique pour atténuer les impacts distributifs des chocs externes sur les prix alimentaires. Cela implique des politiques macroéconomiques prudentes (Dixit: l’augmentation des taux directeurs permet d’apporter une réponse, à court terme, à l’inflation et à la flambée des prix, au risque de faire face à une récession sur le long terme), des filets de sécurité sociale solides (plus d’égalité, en permettant l’accès aux financements et aux services financiers, uniquement un quart de la population des pays à faible revenu est bancarisé, cette exclusion financière creuse encore plus le fossé, car sans bancarisation on ne peut pas avoir accès au financement), une gouvernance transparente et efficace, ainsi que des mécanismes de réponse rapide aux chocs.

 
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