Religion

Quand Ahmed Taoufik donnait des leçons de laïcité marocaine à Bruno Retailleau

Lors de la récente visite d’État d’Emmanuel Macron au Maroc, qui s’est tenue du 30 octobre au 2 novembre, un échange marquant a eu lieu entre Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur français, et Ahmed Taoufik, ministre marocain des Habous et des Affaires islamiques.

Ce dialogue, révélé par le ministre à nos confrères de Hespress et qui portait sur la laïcité et la gestion du champs religieux, a permis à Ahmed Taoufik de présenter une vision marocaine singulière de la coexistence entre religion et État.

« Nous sommes aussi laïcs »

Au cours de leur discussion, Bruno Retailleau a exprimé son étonnement face à la perception marocaine de la laïcité française : « Je comprends que notre laïcité vous étonne. » En réponse, Ahmed Taoufik a affirmé que le Maroc comprenait cette conception, tout en précisant : « Nous ne sommes pas surpris, car nous vivons également la liberté de culte. Il n’y a pas de contrainte en religion dans l’islam, où la pratique repose sur le libre choix. »

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Il a toutefois souligné deux différences majeures entre les approches française et marocaine : l’absence de séparation institutionnelle stricte, car contrairement à la France, où la loi de 1905 impose une stricte séparation entre l’État et les institutions religieuses, le Maroc ne dispose pas de lois similaires. Cette absence reflète une organisation historique et culturelle différente ; et le rôle central de l’institution d’Amir Al Mouminine (Commanderie des croyants), Ahmed Taoufik a expliqué que la Commanderie des croyants répond aux besoins spirituels des citoyens marocains, conformément à la bai’a (allégeance) et aux cinq principes fondamentaux de préservation, à commencer par celle de la religion. Il a ajouté que, même dans un cadre démocratique, l’État doit être à l’écoute des priorités et des attentes des citoyens.

« Les contextes historiques spécifiques aux pays façonnent ces différences, et la séparation stricte de l’Église et de l’État en France peut être perçue comme une phase historique parmi d’autres », a-t-il conclu.

Spécificité historiques

L’échange s’est également inscrit dans le cadre des discussions sur les défis auxquels le Maroc fait face dans l’encadrement religieux de sa diaspora en Europe. Ahmed Taoufik a souligné la complexité de la situation, notamment en France, en raison des contraintes administratives et du contexte politique interne.

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Il a rappelé que son ministère consacre chaque année des ressources importantes pour soutenir les associations chargées de cet encadrement, allouant en 2024 un budget de 96 millions de dirhams. Ces efforts couvrent des pays comme la France, l’Italie, la Belgique et le Canada, malgré des obstacles tels que les délais dans l’obtention de visas pour les prédicateurs, particulièrement avant le mois de Ramadan.

À travers cet échange, Ahmed Taoufik a mis en lumière une approche marocaine qui combine respect des libertés individuelles, rôle actif de l’État dans les affaires religieuses, et reconnaissance des spécificités historiques.

 
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