Société

Partage des tâches domestiques. Les couteaux sont tirés

Les femmes ont profité des manifestations du 1er mai, pour remettre sur la table la question épineuse du partage des tâches ménagères. Avec le soutien effectif de ONU Femmes Maroc, plusieurs associations ont battu le pavé pour dénoncer une situation où les femmes marocaines accomplissent l’essentiel des tâches domestiques sans contrepartie, ni reconnaissance et tenter ainsi de poser les bases d’un partage plus équitable où l’écart hommes-femmes serait plus réduit.

«Travailler plus en gagnant moins» ! Voilà la quintessence du message si on veut résumer les cris scandés par les militantes de l’Association Tahadi (et les autres) au cours de la traditionnelle marche du 1er mai. Engagées dans une campagne pour l’égalité et la citoyenneté, soutenue financièrement par ONU Femmes Maroc, les femmes comptent bien dénoncer une situation où une charge lourde est supportée unilatéralement par le volet féminin de la société.

Cette campagne nationale à l’intitulé bien évident «Ch9a Dare Machi 7ogra», est censée lever le voile sur la réalité du travail domestique des femmes marocaines. Avec un tablier-manifeste de ménagère, emblème de la campagne, la marche de ces femmes et hommes de la Confédération démocratique du travail (CDT), a traversé les rues du quartier Derb Omar, pour exiger la reconnaissance de ce travail essentiel dans la vie des familles. L’ATEC avait tenu à détailler pour les ressorts de cette campagne qui vise  «à faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes au Maroc». 

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Dénonçant au passage, une situation intolérable où un investissement fort, quotidien, non rémunéré, indispensable aux foyers, soutien essentiel de la stabilité familiale, en permettant notamment d’économiser des coûts énormes en services extérieurs (garde d’enfants, ménage, cuisine, soutien scolaire, soin des personnes âgées…) reste non valorisé, non rémunéré, non reconnu et surtout rarement partagé au sein des foyers.

Sans risque de se tromper, on peut estimer que les femmes assurent une partie non négligeable du temps total consacré aux tâches domestiques par l’ensemble des femmes et des hommes. Malgré le fait que ce travail non rémunéré est indispensable au bien-être matériel des personnes et des foyers, il n’a jamais été estimé à sa juste valeur qui reconnaîtrait au moins à ces femmes une contribution essentielle de cette catégorie de la population à l’économie nationale.

Tous les organismes internationaux s’accordent à reconnaitre que les les travaux domestiques non rémunérés représentent plus du tiers du PIB et qu’ils peuvent, parfois dans certains pays, davantage contribuer à l’économie que les secteurs de l’industrie, du commerce et des transports. Pour que l’autonomisation économique des femmes soit une réalité, il est désormais urgent de mettre en place des politiques instaurant le partage des travaux domestiques et leur dispense entre les hommes et les femmes. 

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Bien sûr pour poser les bases d’un partage plus équitable, une campagne fut-elle nationale, est insuffisante pour agir sur les mentalités même s’il faut reconnaître néanmoins de grandes disparités entre les milieux ruraux et urbains. Effectivement, une évolution notable est perçue dans les milieux où l’écart entre les hommes et les femmes quant aux tâches ménagères se réduit drastiquement, non pas parce que les femmes en font moins, mais tout simplement à cause de l’augmentation des salaires et du niveau de vie, de plus en plus de femmes  délèguent à des services de livraison ou ménagers beaucoup de tâches ménagères. En conclusion, même si l’égalité entre les femmes et les hommes progresse réellement dans le royaume, on comprend aussi la colère de ces femmes épuisées face à une société indifférente à leurs souffrances.

 
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