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Marché secondaire des créances en souffrance. Le chantier quasiment bouclé

Attendu depuis quelques années, le projet de création par le Maroc d’un marché de recouvrement des créances en souffrance a connu dernièrement une accélération ces derniers mois. Ce marché secondaire des créances en souffrance qui pèse plus de 89 milliards de DH devra être créé au cours de l’année prochaine.

Depuis que la filiale de la Banque mondiale, la Société Financière Internationale (SFI), a livré, il y a huit mois, à Bank Al Maghrib son étude sur le sujet avec à la clé un ensemble de prérequis d’ordre légal, fiscal et opérationnel qu’elle juge nécessaire, le projet de création par le Royaume d’un marché de recouvrement des créances en souffrance, a franchi de grands pas. Le groupe de travail inter-institutions qui a été mis en place sous la houlette de Bank Al-Maghrib et sous l’égide du Secrétariat Général du Gouvernement, comprenant les ministères de l’Économie et des Finances, de la Justice, de l’Industrie et du Commerce, le Conseil du pouvoir judiciaire et le ministère de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des politiques publiques,  « a quasiment bouclé le chantier », selon une source proche de cette commission inter-institutions, précisant que « le projet devra voir le jour en 2024 ». Concrètement, ce chantier porte sur l’identification et la mise en place des conditions préalables pour la création de ce marché en vue de réduire le portefeuille des créances en souffrance porté par les banques à travers une cession auprès d’investisseurs intéressés. Ainsi, ces cessions permettraient d’accroître les capacités des banques à financer l’économie.

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Il faut dire qu’aujourd’hui le volume des créances en souffrance est assez conséquent pour animer un marché secondaire. En effet, l’encours des créances en souffrance est passé de 84,8 milliards de DH à fin 2021 à 89,5 milliards de DH à fin 2022, soit une augmentation de 5,5%. En fait, l’encours n’a cessé d’augmenter depuis 2021, après une année 2020 où, entre moratoires et crédits garantis, les banquiers ont eu un répit sur le segment des créances en souffrance. Rien qu’au premier trimestre 2023, les créances en souffrance ont augmenté de 5,2% et leur ratio à l’encours du crédit bancaire a atteint 8,7%, selon Bank Al-Maghrib.

L’année dernière, le taux de sinistralité (créances en souffrance rapporté au crédit bancaire) atteint les 8,4% à fin décembre 2022. Une sinistralité qui, d’un côté, pèse sur la rentabilité des banques, et de l’autre, entrave leur capacité à financer proprement l’économie.

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Aujourd’hui, sur ce front de la cession des prêts non performants (PNP), les banques locales n’ont pas beaucoup de marges de manœuvre. Car, pour l’heure, la seule façon d’investir dans un tel portefeuille au Maroc est de recourir à une structure de titrisation, un mécanisme jugé dispendieux sans compter d’autres inconvénients comparés aux réglementations régissant l’achat de portefeuilles PNP dans d’autres juridictions.

En attendant la mise en place d’un marché secondaire où elles pourront céder au meilleur prix leurs crédits en souffrance, les banques devront continuent de constituer des provisions pour créances douteuses.

 
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