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Energie : Quand l’ANRE fait le point

L’Autorité nationale de réglementation de l’électricité dans son document de 76 pages, un des premiers rapports faisant surface en ce début d’année 2023, lève le voile sur sa roadmap stratégique dans le secteur de l’électricité au Maroc.

Inscrit dans une dynamique de souveraineté tout azimut, dans le domaine de l’énergie ces dernières années, le Maroc a impulsé une véritable dynamique. Dans un rapport publié récemment, l’Autorité nationale de réglementation de l’électricité (ANRE) est revenue sur ses grandes orientations royales, catalyseur de cette ambition affirmée. « Sous l’impulsion de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, le Maroc a lancé, en 2009, une stratégie énergétique nationale qui s’appuie sur quatre objectifs fondamentaux et s’articule autour de cinq orientations stratégiques, à savoir : un mix diversifié et optimisé autour de choix technologiques fiables et compétitifs, la mobilisation des ressources énergétiques nationales par la montée en puissance des EnR, l’efficacité énergétique érigée en priorité nationale, le renforcement de l’intégration régionale, et le  développement durable », explique ledit rapport.

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Et il faut noter que ces cinq orientations clés se sont articulées de autour de quatre objectifs fondamentaux, en l’occurrence :

-Renforcer la sécurité d’approvisionnement et la disponibilité de l’énergie

-Généraliser l’accès à l’électricité à des prix compétitifs

-Maîtriser la demande

-Préserver l’environnement

Par ailleurs, cette stratégie qui comporte des programmes à court, moyen et long termes, avec des objectifs clairs et précis, s’est matérialisée par la mise en œuvre d’un ensemble de réformes législatives, réglementaires et institutionnelles. Le Maroc, fort de cette vision, a lancé plusieurs programmes d’énergies renouvelables dont la démarche « intégrée » vise, en plus de la production de l’électricité, le développement d’une filière industrielle propre, la formation et la Recherche-Développement. Ce modèle a permis, aujourd’hui, au Maroc, selon l’ANRE, de commencer à disposer d’une énergie propre et compétitive, d’un niveau d’intégration industrielle en amélioration constante et de compétences en mesure de relever les prochains défis posés par la transition énergétique. Cette stratégie a été confortée par les différentes initiatives et projets lancés par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, ce qui a permis au Maroc de réaliser, depuis 2009, des pas impressionnants sur la voie de la transition énergétique et de respecter ses engagements internationaux en matière d’atténuation et d’adaptation au changement climatique et à figurer, aujourd’hui, parmi les pays leaders en la matière dans le monde.

Un cadre réglementaire opérationnel 

« La transition vers la libéralisation a nécessité la mise en place d’un ensemble de mesures visant la séparation entre les activités ouvertes à la concurrence notamment la production, et les autres activités monopolistiques : le transport et la distribution. Cette séparation des activités est accompagnée par l’établissement d’organes autonomes et indépendants de régulation dont l’objectif principal est de surveiller l’activité de monopole dans le marché ». C’est ce qui a engendré la création de l’Office national de l’électricité par le Dahir n° 1.63.226 du 5 août 1963 et que lui furent assignées les missions de producteur et de transporteur unique de l’électricité sur le territoire du Royaume, la fonction de distribution étant partagée entre l’Office et les régies relevant des collectivités territoriales. Cette phase a duré de 1963 à 1994. Elle a permis de mettre en place un système électrique solide, mais les ambitions de développement du pays étaient telles qu’il fallait réaliser des investissements plus importants pour répondre à la nécessité de généraliser l’accès à l’électricité et de répondre aux besoins croissants de l’économie nationale. Par ailleurs, dans le domaine des EnR, la loi n° 13-09 relative aux énergies renouvelables a été promulguée par le Dahir n° 1-10-16 du 26 safar 1431 (11 février 2010) afin d’accompagner le développement de ce secteur.

Regards croisés sur le marché électrique marocain

Selon l‘ANRE, la puissance totale installée en 2021 a augmenté de 116 MW grâce à l’introduction de nouvelles capacités de source renouvelable, à savoir le Parc éolien de Oualidia (36 MW) et les Centrales solaires de Zagora et Missour (2×40 MW). Cette année a connu aussi la remise en service d’une partie de la centrale thermique à fioul de Kénitra (3×75 MW).

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Quant à la part des énergies renouvelables, elle a été de près de 19,5% du mix électrique en 2021. Les importations issues des lignes d’interconnexions Maroc-Espagne et Maroc-Algérie contribuent à hauteur d’un pourcentage total de 1,6% de l’énergie injectée à fin 2021. La composition de la production d’énergie électrique est la suivante : L’énergie électrique totale appelée en 2021 a progressé d’environ +6% par rapport à l’année 2020 et de +4,3% par rapport à 2019. En ce qui concerne la demande nationale, représentée par les livraisons du réseau de transport, elle a enregistré une progression de 5,8% par rapport à 2020.

Espérons seulement que celui de 2022 sera disponible avant janvier 2024…

Cette phrase, lâchée récemment par l’expert en Energie Amin Bennouna, est le prélude d’un billet posant quelques remarques sur le fond du rapport de l’ANRE. Dans le détail, ce dernier rappelle l’impasse complète qui a été faite sur les excédents d’électricité, « qui sont fournis au réseau électrique par nos industries chimiques produisant de l’électricité par turbines à vapeur à partir de la chaleur industrielle dans les secteurs du phosphate, du raffinage, du sucre et du papier. Les rapports de l’ONEE les désignent timidement par « Tiers nationaux » alors que, même s’ils ne fournissent au réseau qu’entre 100 et 400 GWh (0,25 à 1% de l’électricité appelée), ils produisent près de 4’00GWh (près de 10% de l’électricité appelée) qu’ils absorbent en grande partie sur le site de production mais ceux-ci n’apparaissent pas dans les comptes nationaux », explique notre expert. Soulevant d’autres incongruités, il explique que la page 16 « sépare bien la station de transfert hydraulique par pompage (STEP) de l’hydraulique conventionnelle, ce qui, à fin 2021, donne 32,9% des capacités alimentées par les sources renouvelables que sont l’éolien, le solaire et l’hydraulique conventionnelle, alors que la STEP, elle, est alimentée par de l’électricité qui n’est même pas une source d’énergie (encore moins renouvelable) ». 

Et de poursuivre : « Pourtant la page 18 du rapport alimente encore « la pseudo-ignorance » des institutionnels du Maroc qui persistent à classer les 464MW de la STEP d’Afourer dans les « capacités électriques de sources renouvelables ». Ceci permet d’afficher des pourcentages plus élevés de capacités classées comme renouvelables. On nous a promis une ANRE indépendante, pourtant elle épouse et avalise les définitions officielles n’existant ni dans les manuels d’ingénierie ni adoptées par aucun autre pays. D’ailleurs, le haut de la page 18 du Rapport rapporte 7’972GWh qui, très justement, n’inclut pas les 394GWh produits par la STEP. Alors que celle-ci, classée « renouvelable » pour les capacités de puissance et pas pour l’énergie produite. Parions que tous les rapports institutionnels de fin 2023 incluront les 300MW de la future STEP de Abdelmoumen comme « capacité renouvelable » ».

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Dans le même sens, Bennouna fait savoir que « le Rapport fait 76 pages mais ne consacre aux dépenses de l’ANRE qu’un tableau de quatre lignes et le graphique s’y rapportant. Il y rapporte 28.42MDh de dépenses annuelles en 2021 dont 7MDh affectés aux « Dépenses en MDD » (Matériel et Dépenses Diverses hors investissements), soit près de 25% du total alors que celles-ci étaient de 4,2% dans le budget général de la Loi de Finances de 2022. Plus de détails auraient sans doute permis de comprendre cette multiplication par six du poids de ces Dépenses en MDD par rapport au budget général ».

 
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