Economie

La responsabilité solidaire en matière de TVA. Les solutions qui s’offrent aux DAF et RAF

La version 2024 du Code général des Impôts (CGI) a introduit une nouvelle mesure relative à la responsabilité solidaire des DAF et RAF en matière de TVA. Face à cette nouvelle donne, les directeurs administratifs et financiers (DAF) et responsables administratifs et financiers (RAF) doivent prendre conscience des risques qui leur incombent et envisager des mesures de protection appropriées, telles que la souscription à une assurance responsabilité. Cependant, il est crucial de comprendre les limites de cette couverture pour une protection adéquate.

Dans le contexte économique actuel, la nouvelle mesure introduite par la version 2024 du Code général des Impôts (CGI 2024) relative à la responsabilité solidaire des responsables administratifs et financiers (RAF) et directeurs administratifs et financiers (DAF) en matière de taxe sur la valeur ajoutée (TVA), revêt une importance capitale pour les acteurs économiques. La complexité de leur responsabilité solidaire en matière de TVA nécessite une analyse approfondie des enjeux et des solutions.

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A titre de rappel, selon l’Article 182 du Code Général des Impôts (CGI) 2024, plusieurs scénarios peuvent entraîner la responsabilité de ces deux acteurs clés de la gestion financière et administrative des entreprises, ce qui souligne l’importance de bien appréhender les implications pour ces acteurs incontournables et au rôle central dans la prise de décisions stratégiques, la supervision des opérations financières et la conformité aux obligations légales. Les RAF et les DAF doivent prendre conscience des risques auxquels ils sont exposés et mettre en place des mesures de protection appropriées. De plus, les entreprises elles-mêmes doivent accorder une attention particulière à la conformité fiscale et à la gestion rigoureuse de leurs obligations en matière de TVA. C’est dans ce contexte que Mehdi Tahri, expert en droit des affaires et en gouvernance d’entreprise, met en lumière la complexité de la responsabilité solidaire en matière de TVA et propose des solutions pour mieux comprendre et se protéger.

Les cas de responsabilité solidaire en matière de TVA

Selon l’Article 182 du Code Général des Impôts (CGI) 2024, plusieurs scénarios peuvent entraîner la responsabilité des RAF et DAF. L’un des scénarios évoqués est celui de la cession de fonds de commerce. En vertu de cette disposition, le cessionnaire est solidairement redevable de la TVA pour la période allant du 1er janvier jusqu’à la date de cession, à moins qu’il n’ait souscrit une déclaration d’existence dans les 30 jours suivant le début de ses opérations. Cette mesure vise à garantir que la TVA due ne soit pas éludée lors de la vente d’une entreprise.

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L’autre scénario concerne les infractions aux obligations de déclaration et/ou de paiement de la TVA. Dans ce cas, les responsables de la gestion financière ou administrative, ainsi que les bénéficiaires effectifs de la TVA non versée, sont solidairement redevables, ce qui inclut également les pénalités et les majorations. Sur ce point, Mehdi Tahri attire notre attention sur le fait que le code général des impôts ne catégorise pas explicitement la nature de la responsabilité, qu’il s’agisse de faute, d’erreur, de négligence ou de fraude. Ainsi, la responsabilité solidaire peut découler du non-respect des obligations légales, englobant diverses situations telles que la négligence, l’erreur ou la fraude.

Souscrire à une assurance responsabilité, une solution pragmatique

Face à cette complexité, l’expert en droit des affaires et en gouvernance d’entreprise suggère une solution pragmatique : la souscription à une assurance responsabilité. « Cette assurance offre une couverture contre les risques financiers liés à ces responsabilités », explique-t-il. « Cependant, il est essentiel de comprendre les limites de cette assurance. En effet, elle peut ne pas couvrir tous les scénarios de responsabilité, notamment ceux liés à la fraude ou à la négligence grave. Il est donc primordial d’examiner attentivement les conditions et les exclusions des polices d’assurance afin de s’assurer d’une protection adéquate », souligne-t-il. En d’autres termes, la souscription à une assurance responsabilité peut constituer une solution pragmatique, mais il est crucial de bien comprendre les limites de cette couverture.

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En effet, la souscription à une assurance responsabilité présente de nombreux avantages pratiques pour les individus et les entreprises qui souhaitent se protéger contre les risques financiers liés à leurs responsabilités. Tout d’abord, cette assurance offre une tranquillité d’esprit en cas de litige ou de réclamation. En cas de dommages causés à autrui ou de préjudice subi par un tiers, en l’occurrence l’État, l’assurance responsabilité peut couvrir les coûts de défense juridique, les indemnités à verser et les éventuels frais associés. Cependant, il est important de souligner que chaque police d’assurance responsabilité a ses propres conditions et exclusions. Il est donc essentiel de lire attentivement les termes du contrat pour comprendre les limites de la couverture offerte. Par exemple, certaines polices d’assurance peuvent exclure les dommages intentionnels, la fraude, la négligence grave ou des activités professionnelles spécifiques. Il est donc primordial de bien examiner les détails de la police et de poser des questions à l’assureur pour clarifier ces aspects.

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Il convient également de noter que l’assurance responsabilité ne remplace pas la responsabilité personnelle ou professionnelle. Elle offre une protection financière, mais ne dispense pas de respecter les obligations légales et les normes professionnelles. Il est donc essentiel de continuer à exercer ses activités avec diligence et prudence, même avec une assurance responsabilité en place. C’est donc en agissant de manière diligente et en se conformant aux normes légales et professionnelles, que les responsables administratifs et financiers (RAF) et directeurs administratifs et financiers (DAF) peuvent compléter leur protection et minimiser les risques de responsabilité.

Adopter une approche holistique

Comme mentionné précédemment, la souscription à une assurance responsabilité est l’une des solutions à envisager pour faire face à cette nouvelle donne de la responsabilité solidaire en matière de TVA. Cependant, il est possible d’explorer d’autres mesures de protection afin de garantir une couverture adéquate. Parmi ces mesures figurent la mise en place de procédures strictes de conformité fiscale, l’engagement de spécialistes fiscaux pour assurer une gestion rigoureuse de la TVA, la formation continue des RAF et DAF sur les obligations fiscales, ou encore la réalisation régulière d’audits internes pour identifier et corriger les éventuelles erreurs ou omissions. En adoptant une approche holistique, les entreprises peuvent renforcer leur conformité fiscale et minimiser les risques liés à la responsabilité solidaire en matière de TVA.

 
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