Financement

Un fort engouement des investisseurs internationaux pour la dette marocaine

Encore une levée obligataire réussie pour le Royaume, qui a finalisé l’émission en ce premier trimestre 2023 (le closing ayant été annoncé le 1er mars), plus de 1,25 milliard de dollars de créances obligataires sur le ténor 5 ans, et un montant identique sur le ténor 10 ans.

L’engouement des investisseurs internationaux a même fait baisser les spreads à 260 bp (initialement annoncés à 300 bp) sur la maturité 10 ans, soit une baisse de 40 points de base, et 195 bp sur la maturité 5 ans (initialement annoncés à 235 bp), c’est-à-dire une baisse similaire de 40 points de base. On rappelle que les spreads marocains sont calculés par rapport aux courbes américaines, en Europe la référence étant la courbe allemande. Cette levée, pilotée par la direction du Trésor, est la première depuis le quatrième trimestre 2020 où le Royaume, dont les notes actuelles sont BB+ par Standard and Poor’s et Ba1 par Moody’s, avait effectué deux levées :

-La première en septembre 2020 avec un nominal égal au milliard d’euros, sur deux maturités : 5 ans et demi & 10 ans.

-La deuxième avec un nominal de 3 milliards de dollars, subdivisée en trois maturités : 1,35 milliard USD sur le ténor 30 ans, à un taux de 4%, 1 milliard USD sur le ténor 12 ans, à un taux de 3%, et 750 millions USD sur le ténor 7 ans, à un taux de 2,375%.

Le Royaume, dont la délégation a visité les principales capitales financières mondiales (Londres, New York, Francfort et Paris) a été accompagné par des banques internationales de renom dans cette opération financière, en l’occurrence, les banques américaines JP Morgan et Citigroup, la banque Allemande Deutsche Bank et la banque française BNP Paribas. En 2020, le Maroc fut accompagné par BNP Paribas, Barclays & JP Morgan.

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Ces émissions obligataires réussies, dont la cote, véhiculée en dollars, est à Londres, démontrent la solidité de l’économie du Royaume et le constant attrait des investisseurs internationaux pour la dette marocaine. Cette bonne nouvelle pour le Maroc vient se conjuguer à une perspective positive de la croissance annoncée par la Banque mondiale ; l’institution table sur un taux de croissance de 3,1% en 2023 versus 1,2% en 2022. L’économie du Royaume semble donc rebondir et résister à des perturbations majeures à l’image de l’inflation galopante ou encore de la sécheresse.

La croissance marocaine évolue donc en dent de scie faisant suite à la conjonction des crises subies par le Royaume dans un climat mondial de tensions économiques, écologiques et politiques. Depuis 2020, l’économie marocaine, comme partout dans le monde, est en récession et ce, à cause de la pandémie, la variation du PIB enregistrée était de -7,2%. En 2021, le rebond économique est acté avec notamment le succès de la campagne de vaccination, à l’époque, le Maroc enregistre un taux de croissance de 7,9%. L’année 2022 marque un ralentissement de l’économie nationale, la croissance vaut à peine 1,2%.

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La Banque mondiale estime également que la dette est maîtrisée, malgré les multiples réformes en cours, notamment celle de la protection sociale. Selon l’institution, le déficit budgétaire à fin 2023 devrait avoisiner les 4,6% du PIB contre 5,1% à fin 2022.

Charaf Louhmadi est consultant, chroniqueur & auteur d’ouvrages. Charaf Louhmadi est ingénieur financier, auteur de l’ouvrage « Fragments d’histoire des crises financières » et intervenant au sein du pôle Léonard de Vinci, ainsi qu’à IMT Atlantique. Il publie des chroniques économiques et financières pour la presse espagnole et portugaise dans « RankiaPro Europe Magazine».

 
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