Société

Paris Sportifs illégaux. La contre-attaque de la MDJS et du conseil de l’Europe

Préserver l’intégrité du sport en luttant contre les paris illégaux, tel est le combat que mène conjointement le conseil de l’Europe et la MDJS. Une offensive à point nommé au vu de l’ampleur que prend ce fléau à travers le monde. Détails. 

Afin de sensibiliser au phénomène des paris illégaux, l’un des défis les plus cruciaux pour l’intégrité du sport et cible de la lutte contre la manipulation des compétitions sportives, le Conseil de l’Europe, avec le soutien de la Marocaine des Jeux et des Sports (MDJS), a organisé le 7 novembre à Rabat (Maroc) une conférence sur les paris sportifs illégaux. Une occasion de présenter le phénomène et les modes opératoires utilisés dans le domaine des paris sportifs illégaux, en partageant les bonnes pratiques et en identifiant des solutions concrètes pour lutter contre ce fléau.

Chakib Benmoussa, ministre de l’Éducation Nationale, du Préscolaire et des Sports du Maroc, a déclaré à cet effet que «la thématique choisie pour cette rencontre traduit une préoccupation que nous partageons tous. Le sport est un outil d’intégration privilégié qui porte naturellement en lui les valeurs de respects, de tolérance du vivre ensemble et constitue de ce fait un vecteur essentiel d’inclusion sociale».

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En effet, les deux grandes menaces pesant sur le sport et son intégrité sont historiquement le dopage et le phénomène des paris illégaux, qui constituent aujourd’hui un fléau planétaire grandissant, notamment grâce au développement d’internet et à la digitalisation accrue des modes de consommation. Autant, en ce qui concerne le dopage, l’ensemble de la communauté mondiale et des institutions sportives ont apporté des réponses efficaces, autant les paris illégaux demeurent sous-estimés dans le danger qu’ils portent sur les populations et les Etats.

Chakib Benmoussa explique à cet effet que «la question des paris illégaux reste relativement complexe… Il est aujourd’hui de notre responsabilité de faire de la pédagogie au sujet des mécanismes utilisés par les opérateurs des paris illégaux souvent liés à la grande criminalité organisée et de sensibiliser l’ensemble des parties prenantes aux dangers pesants ». 

Pour ce faire, la conférence, organisée avec le soutien du projet de coopération ACT («Addressing Competitions’ Manipulation Together» – Lutter ensemble contre la manipulation des compétitions) et la MDJS, a réuni de nombreux participants de la région (Cameroun, Côte d’Ivoire, Egypte, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Sierra Léone, Tunisie et Ouganda) aux côtés des participants marocains et invités représentant les gouvernements, les autorités de régulation des jeux, les forces de l’ordre, les opérateurs de paris, les comités olympiques et les fédérations sportives. Ce Rassemblement a aussi été l’occasion de présenter la convention de Macolin qui est le seul instrument de droit international sur la manipulation des compétitions sportives auquel tous les pays du monde peuvent adhérer. 

Elle requiert des autorités publiques qu’elles coopèrent avec les organisations sportives, les opérateurs de paris et les organisateurs de compétitions afin de prévenir, détecter et sanctionner la manipulation des compétitions sportives. Elle propose un cadre juridique commun pour une coopération internationale efficace afin de répondre à cette menace mondiale. Chakib Benmoussa a rappelé à cet effet, que «la plateforme nationale marocaine a été créée au mois de mai 2023 avec le concours du Conseil de l’Europe dans le cadre du programme ACT.  Ses structures et son mode de fonctionnement sont en cours d’élaboration et d’alignement. Un important atelier de finalisation de ce travail y sera consacré après-demain. La coordination de la plateforme nationale est assurée par mon département ministériel via la Direction des Sports et je suis personnellement très engagé sur le sujet. Je saisis cette opportunité pour remercier l’ensemble des institutions mobilisées dans ce combat, ainsi que le Conseil de l’Europe».  Et de rappeler que, «au vu des échéances importantes qui attendent le Maroc en termes d’organisations de grandes compétitions internationales telles que la CAN 2025 et la Coupe du monde FIFA 2030, le rôle de la MDJS devient primordial». 

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De son côté, Carmen Morte Gomez, cheffe du bureau au Conseil de l’Europe, a fait savoir que «l’intégrité est vitale à l’attractivité du sport ». « Malgré tout ce qui a été fait pour promouvoir l’intégrité, il reste encore des problèmes à résoudre, des violences et des discriminations dans le sport, de la corruption, à la fraude, au blanchiment d’argent, à la criminalité, et bien évidemment les paris sportifs illégaux, un fléau qui touche tout le monde, tous les continents et tous les sports». Et de souligner : «Nous avons besoin de tous les acteurs pour relever les défis, travailler les uns avec les autres, les acteurs nationaux et internationaux, les autorités publiques du sport, le secteur privé ainsi que la société civile ».

A titre d’information, la part du marché illégal dans le Produit Brut des Jeux des paris sportifs (PBJ : revenu des opérateurs après paiement des gains des joueurs) est aujourd’hui estimée à 45% des 80 milliards d’euros de PBJ estimé au niveau mondial. Et, même s’il est difficile d’estimer avec précision la taille du marché illégal mondial, le Conseil de l’Europe qui est à l’avant-garde du combat contre ce fléau planétaire, considère pour sa part qu’il pourrait avoisiner les 1000 milliards d’euros en termes de mises soit des montants colossaux en jeu et tout autant de revenus soustraits aux Etats et à leur budget.

A cet effet, Isabelle Falque Pierrotin, présidente du GREF (Gambling Regulators’ European Forum) a fait savoir que la question «des paris sportifs est une question majeure dans toutes les juridictions européennes ». Et «il est essentiel d’assurer la protection des joueurs face à un tel envol. Par exemple, en France 75% des parieurs sportifs ont moins de 35 ans ». Pour l’experte, « les moyens de lutte contre cette offre illégale sont variés, aucun moyen n’est à lui seul suffisant ». 

Rappelons que la conférence a été suivie, les 8 et 9 novembre, de la cinquième réunion du réseau du Conseil de l’Europe des plateformes nationales de lutte contre la manipulation des compétitions sportives, également connu sous le nom de Groupe de Copenhague.

Le Maroc, unique pays africain signataire de la Convention de Macolin depuis septembre 2021
Le Maroc est le premier et l’unique pays africain à avoir adhéré à la convention de Macolin confortant ainsi sa position en matière de préservation de l’intégrité du sport et de lutte contre la criminalité organisée et le blanchiment d’argent. Pour rappel, la convention de Macolin a été signée le 20 septembre 2021 au siège du Conseil de l’Europe à Strasbourg, par Chakib Benmoussa alors ambassadeur du Royaume du Maroc en France et le secrétaire général adjoint du Conseil de l’Europe, Bjorn Berge. Le Maroc a par ailleurs activement participé aux négociations de cette convention qui offre un cadre juridique de coopération favorisant la recherche de réponses efficaces communes aux défis posés par la manipulation de compétitions sportives et d’autres pratiques répréhensibles dans ce domaine. D’ailleurs, la plateforme nationale marocaine a été créée en mai 2023 avec le concours du Conseil de l’Europe dans le cadre du programme ACT. Ses structures et son mode de fonctionnement sont en cours d’élaboration et d’alignement et la coordination de la plateforme nationale est assurée par le Ministère de l’Education nationale, du Préscolaire et des Sports du Maroc. La MDJS est membre du Groupe de Copenhague. En tant que loterie d’Etat détenant le monopole de l’organisation et de l’exploitation sur toute l’étendue du territoire national des paris portant sur toutes les compétitions sportives y compris virtuelles (à l’exception des courses de chevaux et de lévriers), la MDJS a pour mission d’assurer l’intégrité, la sécurité et la fiabilité des opérations de jeux et à veiller à la transparence de leur exploitation, à canaliser la demande de jeux vers un circuit contrôlé par l’autorité publique et à encadrer la consommation de jeux. 

 
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