Tourisme

Les recettes touristiques poursuivent leur baisse alarmante, les Airbnb pointés du doigt

Après avoir enregistré une baisse de -10,5% ou -905 millions de DH en janvier, les recettes touristiques continuent sur cette même tendance en concédant encore une chute de -6,7% ou -1,06 milliard de DH à fin février. A l’inverse, les arrivées touristiques se sont inscrites dans une tendance haussière à deux chiffres aussi bien pour le mois de janvier (+10) que février (+18). Cette divergence entre recettes et arrivées est-elle une tendance lourde ?

L’année dernière, le tourisme marocain a réalisé une belle percée en 2023. Le secteur a totalisé 14,5 millions de voyageurs, soit un bond de 34% comparativement à 2022. Avec cette performance, l’activité a enregistré un nouveau record dépassant celui de 2019, année de référence de l’avant Covid-19 avec 13 millions de voyageurs. Cela s’est traduit par un million de visiteurs de plus que l’objectif fixé pour la période 2023-2026.  Ces résultats ont eu un effet notoire sur les recettes touristiques qui ont enregistré un record absolu de 105 milliards de DH en 2023, en progression de 12% comparativement à 2022.

Fatima-Zahra Ammor, ministre de tutelle, s’était félicitée de ces réalisations. Elle avait affirmé à l’époque devant la Chambre des représentants que «le Royaume a montré sa résilience face aux tensions géostratégiques secouant le monde.

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Mais depuis le début de cette année, le Département du Tourisme ne communique qu’à travers l’indicateur relatif aux « arrivées touristiques aux postes frontières » et silence radio sur « les recettes de voyages » comme c’est le cas récemment encore. En effet, dans un communiqué, la tutelle a indiqué que le nombre de touristes ayant visité le Maroc durant les deux premiers mois de 2024 s’est élevé à plus de 2,1 millions de personnes, en croissance de 14% comparativement à la même période un an auparavant.  Au cœur de ces performances, le ministère note une contribution plus marquée des touristes étrangers, représentant 53% des arrivées, tandis que les Marocains résidant à l’étranger (MRE) constituent 47%. 

Pourtant, les recettes touristiques ont baissé depuis le début de l’année. Cet indicateur a été révélé par l’Office des changes dans ses deux derniers « bulletins sur les indicateurs mensuels des échanges extérieurs ».En effet, au 31 janvier 2024, les recettes voyages se sont établies à 7,713 milliards de DH, contre 8,618 milliards de DH à fin janvier 2023, enregistrant ainsi une baisse de -10,5% ou – 905 millions de DH par rapport à la même date de l’année écoulée, relève l’Office. A noter toutefois que c’est le deuxième montant plus élevé de l’histoire. A fin février également, les recettes de voyage ont connu une baisse de -6,7% ou -1.066 millions de DH, passant de 14.874 millions de DH à fin février 2024, contre 15.940 millions de DH à fin février 2023.

Les « Airbnb » dans le viseur

« Les arrivées de touristes sont plutôt une performance en trompe-l’œil. Ce qui nous intéresse en tant qu’hôteliers, ce sont surtout les nuitées et par ricochet les recettes », analyse un hôtelier. Comment alors expliquer que le nombre de touristes aux postes frontière augmente considérablement alors que les retombées financières ne suivent pas ?

Sur le terrain, les professionnels s’interrogent sur cette fluctuation contrastée des arrivées et des recettes en devises. « Nous attendons toujours que le ministère communique les résultats concernant les nuitées qui constituent le véritable indicateur de l’activité touristique. Bien que l’on observe une progression des arrivées de touristes internationaux, il est nécessaire de prendre du recul et d’attendre l’évolution sur plusieurs mois pour tirer des conclusions significative. Il est primordial d’observer les tendances sur les quatre premiers mois de l’année pour confirmer ou infirmer une quelconque tendance. Car si cette tendance persiste, avec une possible régression des recettes, cela deviendrait alarmant, prévient un autre professionnel.

Mais pour Othmane Cherif Alami, Président du Conseil régional du tourisme (CRT) de Casablanca-Settat,  cette baisse des recettes touristiques est une certaine forme de régulation par rapport aux pertes de marchés émetteurs et nationaux (Individuels, groupes, corporate, et MRE) à hautes valeurs de consommation.  « Normalement les tendances à la hausse devraient s’amorcer à partir du 15 avril 2024 tant au niveau du chiffre d’affaires en devises que du nombre de visiteurs. Toutefois le nombre de visiteurs augmente plus rapidement vu les prévisions supplémentaires de connexion aérienne conformément aux efforts prescrits dans la Feuille de Route stratégique du tourisme Cap 2023-2026 », souligne-t-il.

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Toutefois, nombreux sont les professionnels qui pointent du doigt les logements à travers les logements AirBnB pour expliquer cette chute des recettes officiellement comptabilisées. Pourtant, depuis août dernier, un décret visant à réglementer l’hébergement alternatif, qui gagne en popularité, est entré en vigueur. Selon les dispositions de ce décret, qui s’inscrit dans le cadre de la loi relative aux établissements touristiques et aux autres formes d’hébergement touristique, une autorisation d’exploitation doit être délivrée sur demande de l’intéressé, qui en fait la demande auprès des autorités locales compétentes.

Mais la mesure est loin d’être respectée. « Les indicateurs sur les nuitées dans les différentes unités d’hébergement sont partiels. Sur les 8 millions de MRE, au moins 25 à 30% utilisent les appartements meublés! Ils devraient être à 50% des répétiteurs visiteurs vu les prix attractifs des tarifs low-cost et faire progresser le taux de visiteurs !  Le marketing territorial offensif, global et segmenté n’est pas forcément pertinent partout, où faiblement où encore en attente de mise en déploiement collectivement », analyse Othmane Cherif Alami, précisant que des mesures seraient en cours d’exploitation vu les obligations d’échéance avec CAN 2025 et FIFA 2030.

 
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