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Edito. La cagnotte de la honte

Plus d’un million et demi  d’euros collectés en quelques jours. Au profit de qui ? Non pas de la victime, Nahel, ce jeune adolescent, âgé de 17 ans, fils unique d’une mère à jamais meurtrie, mais au profit de l’assassin qui n’a pas hésité à appuyer sur la gâchette, et ensuite de mentir en prétendant avoir été en situation de « légitime défense ». Cette cagnotte là est peut-être le meilleur indicateur et la preuve du caractère systémique du racisme en France. Exprimer collectivement la solidarité à un criminel est un signe précurseur de « détresse sociale », annonçant des régressions structurellement destructives des valeurs humaines. Le tir à bout portant de l’agent de police sur le jeune adolescent refusant d’obtempérer n’est ainsi que « l’arbre qui cache la forêt ». Et cette « forêt de l’obscurantisme » gagne du terrain. Ces moments historiques exceptionnels de crise permettent de redécouvrir le visage hideux de cette « bête immonde » qui a fait hier tant de ravages avec les idéologies coloniale, nazie ou fasciste, et qui est toujours là, debout, reprenant du poil, prête à ressusciter la barbarie.

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Pas loin des côtes de la Grèce, un bateau transportant plus de 750 damnés de la terre, de l’air et de la mer, a fait naufrage. Une centaine de survivants qui ont déjà auparavant pu échapper à des massacres et à des conditions inhumaines. La Mer Méditerranée s’est transformée en une « grande fosse commune ». L’indifférence est quasi-générale dans le monde, et surtout en Europe, prétendument civilisée. Au nord de l’Europe, en Suède, le Coran, symbole suprême pour plus d’un milliard de musulmans, est publiquement détruit en autodafé. Pour le gouvernement suédois, il s’agit de « liberté d’expression » ! Face à cet acte ignoble, se développe une indifférence dangereuse,présente même dans de nombreuses institutions internationales. Rien d’étonnant quant à l’indifférence actuelle des médias occidentaux face à la nouvelle boucherie sioniste à Jenine, dans les territoires palestiniens occupés.

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Déjà, la pandémie du Covid-19 a révélé les fragilités mondiales et la persistance des anciens réflexes chauvinistes, fondées sur le « chacun pour soi ». La guerre en Ukraine est ensuite venue compléter ce tableau sombre et confirmer que la « préhistoire » est toujours là et que les différends continuent à être traités par la violence. Cette guerre là a cependant la particularité d’opposer des Etats dotés d’armes nucléaires et dont l’utilisation est probable à tout instant. Pire, les « démocraties » en Europe semblent être en agonie. L’ONU est depuis longtemps en panne. Le monde actuel connait un extraordinaire paradoxe. D’une part, d’immenses progrès scientifiques et technologiques, sans impact en termes d’amélioration durable des conditions de vie humaine et de protection de l’environnement. D’autre part, une multiplication des conflits armés, une croissance des inégalités et de la pauvreté et une aggravation continue du réchauffement climatique. Dans ce paradoxe, la « misère du monde » n’est pas seulement matérielle. Elle est aussi culturelle et profondément morale, nourrie de préjugés qui alimentent la peur, l’aveuglement et la haine de l’autre. L’espoir est dans la justice, au sens le plus large, un concept à revisiter, à innover, à refondre pour mieux répondre à la nouvelle réalité locale et globale, en mutation permanente. 

 
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