transition numérique

Marchés publics : un couac numérique de trop !

Cela fait deux jours consécutifs (hier et aujourd’hui) que le portail des appels d’offres publics « marchespublics.gov.ma » est indisponible. Le message affiché en continu, indiquant « en cours de maintenance », suscite des interrogations quant à la transition vers le tout numérique initiée par l’organisme public, il y a seulement un an.

C’est en juin 2022 que l’arrêté 21.1982 du ministère de l’Economie et des Finances a été publié. Ce texte portait sur la digitalisation des procédures des marchés publics et des cautions financières. Faisant figure de révolution dans la commande publique, ce texte dans son esprit met en avant, les conditions et modes de dépôt des dossiers et d’ouverture des plis de manière purement digitalisée, l’évaluation des offres des soumissionnaires et le cadre légal de la passation des marchés par voie électronique, ainsi que leur mode de gestion. Entrée en vigueur, le 10 Juillet 2022 (remplaçant les dispositions de l’ancien arrêté du 4 septembre 2014), ce texte prévoit l’obligation de dépôt digitalisé et d’ouverture des plis ainsi que la digitalisation des cautions financières requises dans le cadre des marchés de l’Etat pour les marchés de 5 MDH et plus.

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Ce texte a été qualifié de révolutionnaire dans la mesure où la dématérialisation de toute la procédure de passation des marchés publics y compris le dépôt et l’ouverture des plis, ainsi que l’évaluation des offres des soumissionnaires, a été redirigée vers une plateforme digitale. Aujourd’hui, le constat au demeurant amer est que cette prouesse est, depuis quelques jours, confrontée à un gros bug technique qui bloque la machine du portail des marchés publics. Sur le site officiel de la plateforme on peut voir ce message défiler en boucle : « en cours pour maintenance ».

Dans cette dynamique de digitalisation touchant presque tous les secteurs au Maroc, ce genre de souci technique surtout quand il s’agit d’institution aussi visible, envoie une image peu reluisante de l’énorme travail accompli sur le chantier du numérique. « Ce n’est pas normal que la plateforme soit en panne depuis deux jours. A minima ils doivent avoir des outils qui leur permettent de faire remonter ce genre d’erreur et rediriger vers une page pour s’excuser », déplore Redouane Haloui, président de l’Apebi. Et d’ajouter : « Pour prévenir ce genre de bug, il faut d’abord de la surveillance applicative par des remontées d’erreurs et ensuite un processus de redirection vers une fenêtre d’excuse et aussi un processus d’alerte des instituions partenaire ».

Par ailleurs, au-delà de l’impact technique (blocage en termes d’utilisation), ce sont des secteurs qui sont paralysées puisque à un certain montant il faut obligatoirement passer par la plateforme. De plus, le mutisme en termes de communication, à la suite de cette panne, soulève d’énormes questions au niveau de la transparence, pris sous un angle de gouvernance, notamment l’esprit de divulgation. Et pour un organisme aussi important, il y a une nécessité de disposer d’un service de centre d’appels afin de gérer ce genre d’incident et jouer le rôle d’interface et ce, dans l’objectif d’assurer un service public assez smart.

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A la lumière des efforts réalisés dans le chantier du numérique, il faut reconnaitre que sur le terrain de l’E-GOV, notamment la digitalisation effective et performante des administrations publiques, de véritables défis sont à relever. Il y a lieu, au-delà des actions d’effet d’annonce numérique, d’impulser une véritable feuille de route pour un véritable écosystème E-GOV au Maroc. Pour rappel, dans l’« UN E GOVERNMENT INDEX 2022 » (qui fait figure de référence internationale), le Maroc a progressivement régressé comparativement aux autres pays dans le monde passant de la position 30 en 2014, 78 en 2019 à 101 en 2022, sur 193 pays.

 
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