Tremblement de terre

Séisme au Maroc. Les défis du Royaume se comptent à la pelle

Cartographier les failles sismiques, standardiser les constructions, former les populations, établir des plans de mise à niveau des bâtiments vulnérables, promouvoir les constructions de typologies certifiées antisismiques, sensibiliser via les technologies de l’information, renforcer le cadre règlementaire de la construction, etc. Dans cette interview accordée à Challenge, l’architecte des écosystèmes urbains, expert judiciaire en architecture et urbanisme, Mohammed Hakim Belkadi, livre aux autorités les clés pour une gestion optimale des risques et de la période post-séisme, au lendemain de la catastrophe qui a frappé la province d’Al Haouz mais aussi Ouarzazate et Taroudante.

Au lendemain du récent séisme dévastateur qui a frappé la province d’Al Haouz et environs, le 8 septembre 2023, plusieurs architectes et urbanistes contactés par Challenge expriment leurs opinions sur les mesures nécessaires pour faire face à de telles catastrophes. Leurs commentaires mettent en lumière les défis auxquels le Maroc est confronté en matière de construction parasismique, de planification urbaine et de préparation aux risques naturels.

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Selon nos experts, la prévention des risques naturels et la création de résilience communautaire sont des défis majeurs pour le Maroc. Pour eux, une approche intégrée, impliquant l’éducation, la planification, la construction d’infrastructures résilientes, l’utilisation de technologies avancées, la collaboration et le financement adéquat, est essentielle pour faire face à ces défis. Pour nos experts, en investissant dans la résilience aux catastrophes, le Maroc peut mieux protéger ses citoyens, son économie et son patrimoine national.

Faciliter l’accès aux moyens de construire des structures résistantes

L’architecte Bellafqih Aissa, basé à Marrakech, souligne l’importance de respecter les normes de construction parasismique pour garantir la sécurité des bâtiments. Cependant, il souligne également que de nombreux citoyens ne disposent pas des ressources financières nécessaires pour se conformer à ces normes. Il met en évidence le besoin d’une sensibilisation accrue et d’un accès facilité aux moyens de construire des structures résistantes aux séismes. Il exprime également l’espoir que le Maroc puisse un jour atteindre le niveau de construction résiliente aux séismes du Japon.

Proposition d’un modèle multifactoriel pour renforcer la résilience des régions

Mohammed Hakim Belkadi, architecte des écosystèmes urbains et expert judiciaire en architecture et urbanisme, souligne la vulnérabilité des zones rurales et accidentées aux risques naturels tels que les glissements de terrain, les inondations et les incendies de forêt. Il propose un modèle multifactoriel pour renforcer la résilience des régions rurales face à ces risques. Ce modèle inclut des éléments tels que l’éducation et la sensibilisation des populations locales, la planification et l’aménagement du territoire tenant compte des risques naturels, la construction d’infrastructures résilientes, l’utilisation de technologies de surveillance avancées, la collaboration entre les acteurs concernés et l’accès à des mécanismes de financement et d’assurance.

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Il souligne également l’importance de la création d’observatoires scientifiques de veille dans les régions à risque, qui peuvent jouer un rôle crucial dans la gestion des catastrophes naturelles. Selon Belkadi, « ces observatoires permettent la surveillance en temps réel, la prévision et les alertes précoces, la collecte de données, la planification et la préparation, la réponse rapide, l’éducation du public et la recherche scientifique ».

Du point de vue économique, la reconstruction après une catastrophe naturelle représente un défi majeur pour le Maroc. Les pertes en vies humaines et les dommages matériels ont un impact significatif sur l’économie locale. La nécessité de reconstruire les infrastructures endommagées, de soutenir les industries affectées et de fournir une assistance aux communautés touchées exige des ressources financières considérables.

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Il est essentiel que le gouvernement marocain alloue des fonds adéquats pour la prévention des risques naturels, la mise en œuvre de normes de construction parasismique et la création d’infrastructures résilientes. De plus, des politiques de financement et d’assurance doivent être mises en place pour aider les communautés rurales à se remettre rapidement des catastrophes, soutient Belkadi.

 
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