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Edito. Avant d’être technique, la déconcentration est un acte politique

Historiquement, géographiquement, humainement, culturellement, la nation marocaine est plurielle au sens le plus large du terme. C’est un fait. La diversité multidimensionnelle constitue la première richesse et la principale force du Royaume. Les Marocains n’ont aucun complexe pour s’exprimer en langues amazigh, arabe, hébreu, français, espagnol, de plus en plus en anglais et prochainement en chinois, et en d’autres langues. Les Marocains peuvent ainsi communiquer et voyager facilement, s’installer aisément partout dans le monde, échanger, partager (…). Pour autant, sur la question nationale du Sahara, ils sont patriotes et intransigeants, tout en étant solidaires, au niveau international, avec les peuples opprimés, dont la Palestine, en particulier.

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Néanmoins, en interne, cette diversité/pluralité objective est à réactiver/redynamiser politiquement, sans qu’elle fasse peur. Le Maroc a connu dans son histoire plusieurs capitales : Fès, Meknès, Marrakech et Rabat, pour ne citer que les plus connues. Certains sultans, comme Moulay Hassan, ont même gouverné à cheval, en se déplaçant en permanence. Aujourd’hui, les chantiers de la déconcentration, de la décentralisation et de la régionalisation, moyens de déclinaison effective de la démocratie, avancent difficilement et timidement, sur le plan politico-administratif.  Economiquement, Casablanca n’est plus le seul pôle économique, hérité de la période coloniale. Tanger est devenue la locomotive de la région du Nord, trait d’union vers l’Europe, la Mer Méditerranée et l’Océan Atlantique. Avec Oujda, sa cousine orientale, Nador est une belle promesse d’avenir sur la Mer Méditerranée. Tout à fait au Sud, Dakhla rappelle aux marocains leurs profondes racines subsahariennes. Marrakech est la symbiose magnifique du passé et du présent, du local et du global, de l’universel et du spécifique. Agadir, capitale de la région de Souss Massa, facilite la transition et annonce le dépaysement. La région de Fès et Meknès regorgent de trésors immatériels à revaloriser.

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Désert, hautes montagnes enneigées, plaines, zones littorales s’étendant sur deux grandes façades maritimes, matérialisent cette diversité exceptionnelle dans l’espace, pareille à cette ambiance des Andes au Chili qui a inspiré Pablo Neruda dans ses poèmes/chants magiques. Toutes ces conditions objectives sont favorables à l’émergence d’un Maroc où les acteurs politiques territoriaux devraient être capables de créer les conditions subjectives pour que chaque collectivité territoriale puisse jouer pleinement son rôle dans la construction d’une nation prospère, plurielle et solidaire. Le trio gouvernemental actuel est quantitativement majoritaire politiquement, aux niveaux national et territorial. Il n’a donc aucune excuse en cas d’échec. Les marocains connaissent bien le dicton : « Le Créateur donne des fèves (asséchées) aux édentés ».  Mais les Marocains sont aussi toujours prêts à reprendre ce qui leur a été extorqué.

 
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