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Edito. Le potentiel est là. Le politique tarde

Des jeunes filles qui obtiennent le baccalauréat avec des résultats excellents. Une équipe nationale de football junior qui remporte la coupe d’Afrique des nations U23. Une population jeune et dynamique, prête à se mobiliser dans tous les secteurs. Des infrastructures de haut niveau réalisées au cours des deux dernières décennies. Une diaspora marocaine passionnément attachée à son pays. Les investissements directs étrangers ont permis une accumulation de savoir-faire et des taux d’intégration assez élevés, dans des secteurs économiques de pointe, pour assurer l’émergence d’une industrie nationale intégrée (…). Et pourtant cette réalité objective est faiblement accompagnée par le pouvoir exécutif, au niveau national, et par les élus locaux, au niveau territorial. Nombreux sont les lois et les textes d’application en déphasage avec ce potentiel, sources de lenteur, voire d’obstacles à l’émergence d’une dynamique innovatrice, indispensable pour hausser le Maroc à la place qu’il mérite. Des difficultés externes existent mais ne sont pas insurmontables.

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Le Maroc a appris à manœuvrer à plusieurs vitesses. Avec le nouveau modèle de développement, le Royaume dispose aujourd’hui d’une boussole. La faiblesse du lien organique entre le secteur financier et le secteur industriel est peut-être l’une des principales explications de la difficile émergence de cette dynamique économique transformatrice. Mais les difficultés d’accès au financement, bien qu’importantes, ne sont pas les seules à expliquer ce déficit. Tamwilcom tente à nouveau de lever cet obstacle en faveur  d’un écosystème marocain des start-ups. L’« injection financière » ressemble à une « prise de vitamines » pour remédier à des carences, sans cependant vaincre les causes structurelles. Les solutions à ces causes, bien connues aujourd’hui, sont de nature politique. Elles résident dans la consécration officielle et la mise en œuvre effective des règles et des mécanismes de transparence où le mérite est la valeur sociétale suprême, diffusée de manière systémique, à tous les niveaux, et en particulier dans le domaine entrepreneurial. Il est urgent de défavoriser, voire combattre les activités spéculatives et économiquement parasitaires, où le gain est facile, activités détournant une grande part des investissements privés, sans créer ni emploi, ni valeur ajoutée. L’entreprise ne se résume pas en un capital monétaire. L’esprit d’entreprise en est le moteur. Joseph Schumpeter né en 1883, le même jour de naissance que John Maynard Keynes, et le même jour de décès de Karl Marx, nous le rappelle bien.

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Le Maroc a besoin d’une nouvelle génération d’entrepreneurs prêts à relever les défis du 21ème siècle.  D’où l’urgence d’orienter les investissements, et, de manière générale, le financement, vers des activités à risques, à haute valeur ajoutée, génératrices de nouveaux processus innovants et créatifs. Avec un ancrage territorial de cette nouvelle démarche. A la différence des gouvernements précédents dirigés par des « frères charlatans », le gouvernement actuel a l’avantage d’avoir été forgé dans la culture du pragmatisme et des affaires. Il devrait juste rompre avec la culture de la rente. C’est sur ce terrain qu’il sera possible d’apprécier la « valeur ajoutée politique » du trio gouvernemental actuel.  

 
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