Concurrence

La hausse des prix dans les cafés sous la loupe du Conseil de la concurrence

Une concertation présumée entre propriétaires et gérants de cafés remet en question le principe de libre concurrence et suscite des préoccupations quant à l’impact sur les consommateurs marocains.

Le Conseil de la concurrence vient de lancer un avertissement clair après avoir relevé des indices d’une possible entente sur les prix entre propriétaires et gérants de cafés au Maroc. Dans un communiqué rendu public, l’instance de régulation affirme disposer d’éléments selon lesquels « certains propriétaires et gérants de cafés étudient une éventuelle augmentation des prix des boissons servies ».

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Si ces faits venaient à être avérés, le Conseil n’a pas mâché ses mots : « une enquête sera ouverte à ce sujet ». Un rappel ferme du cadre légal réglementant la libre concurrence et prohibant toute entente sur les prix a également été adressé.

Liberté des prix mais pas de concertation

Selon Ahmed Rahhou, président du Conseil de la concurrence, « la loi 104.12 est claire : la fixation des prix des produits et services est déterminée par le libre jeu de la concurrence sur le marché. Cependant, les actions concertées visant à fixer les prix ou à fausser cette libre concurrence sont interdites ».

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Cette mise au point juridique souligne la complexité de la question des prix dans un secteur comme la restauration. D’un côté, le libre marché doit en théorie permettre une fluctuation naturelle des tarifs selon l’offre, la demande et les coûts supportés par les exploitants. Mais d’un autre côté, toute concertation entre acteurs pour influencer ces prix est contraire aux règles de la concurrence.

« C’est un équilibre délicat à trouver », explique un tenancier de café. Les restaurateurs ont bien sûr des coûts à répercuter, que ce soit les matières premières, le loyer ou la masse salariale. Mais ils ne peuvent le faire de manière organisée et concertée sans tomber dans l’illégalité.

Un secteur sensible aux coûts

Cette éventuelle hausse généralisée des tarifs dans les cafés intervient en effet dans un contexte de forte inflation sur les coûts d’exploitation. Le prix des denrées alimentaires et des boissons, la flambée de la facture énergétique ou encore la hausse du SMIC ces derniers mois ont globalement alourdi les charges.

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« Les marges se sont considérablement réduites pour nombre de cafetiers », souligne un autre tenancier. « Une hausse des prix est inévitable pour nombre d’entre nous si nous voulons rester rentables ». 

Mais c’est justement ce type de concertation entre acteurs d’un même secteur qui pose problème aux yeux du Conseil de la concurrence. « Chaque établissement doit ajuster ses tarifs de manière indépendante en fonction de sa situation particulière, de sa stratégie et de son positionnement sur le marché local », tranche Ahmed Rahhou.

Risque de saturation pour le consommateur

Au-delà des aspects juridiques et économiques, cette possible hausse généralisée des prix dans les cafés fait aussi craindre un alourdissement du budget des ménages marocains, déjà mis à rude épreuve par l’inflation galopante. 

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Le café reste un loisir populaire et abordable au Maroc, mais une trop forte augmentation des tarifs pourrait inciter de nombreux clients à restreindre ces sorties.

Un risque de saturation pécuniaire du consommateur qui menacerait alors un secteur déjà fragilisé par les crises successives, entre la pandémie puis l’envolée des coûts. Un délicat équilibre à trouver pour les professionnels, sous l’œil vigilant des autorités de la concurrence.

 
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