Bourse

La bourse est-elle juste un tremplin de croissance?

Devoteam, l’un des acteurs clés du numérique en France, a annoncé après 20 ans son intention de quitter la bourse de Paris. Au motif : les risques du marché boursier. Au Maroc, ce phénomène est aussi d’actualité. Après Centrale Danone, c’est au tour de Timar… Tour d’horizon.

Autrefois considérées comme une punition des marchés financiers ou un signe de mauvaise santé, les sorties de cotation ces dernières années sont devenues la mode. En France, le dernier en date est celui du leader français des services numériques qui a décidé après 22 ans de cotation à la bourse de Paris de se retirer du marché boursier. En Asie, le phénomène sévit également. En décembre 2023, après 74 ans à la bourse de Tokyo, le groupe Toshiba entérine son retrait. Comme Devoteam, le conglomérat a été racheté par un groupe d’investisseurs dirigé par la société de capital-investissement Japan Industrial Partners (JIP). Dans le cas du groupe français, c’est le fonds américain KKR qui a racheté les titres, s’assurant le contrôle de la société entière. Et même si les entreprises qui pratiquent ce genre d’opération peuvent prétexter des arguments tels que les difficultés économiques ou encore les risques du marché boursier, les OPA de sortie de bourse cachent bien d’autres enjeux.

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Au Maroc, ces dernières années, ce phénomène s’est instauré dans les habitudes. En effet, entre 2013 et 2017, Sofac, SCE, Fertima, Mediaco et la CGI ont quitté la Bourse. Ces deux dernières années, deux gros noms ont quitté le marché boursier marocain. Le premier, Centrale Danone, après 48 ans, et le second Timar après ses 16 années de cotation boursières. Contacté par Challenge, Abdelmalek Benabdeljalil, Executive Vice President in charge of Capital Markets and Services at BMCE Capital, déclare : « Le partage de la création de valeur est, je pense, au centre de la motivation du retrait de la cote. Certaines entreprises à un certain niveau de croissance et de développement n’ont plus besoin de fonds propres pour leur croissance et ont recours à des refinancements confortables et à un coût inférieur à celui de l’equity… c’est pour ces raisons qu’elles se retirent de la cote. Elles ne souhaitent plus partager leur création de valeur avec les autres actionnaires car elles estiment ne plus en avoir besoin. C’est le capitalisme et son égoïsme constant !!!! »

Sortir de la Bourse : les avantages pour une société à ne plus être cotée

Même si la bourse permet aux entreprises d’avoir accès à de plus larges leviers de financement, et également augmente l’image de celles-ci, cependant, ces dernières se retrouvent dans des positions de contrôle de leur action. Ainsi, un retrait du marché boursier permet de retrouver un retour à une certaine liberté d’action et de manœuvre (le management (la direction) est plus libre dans sa politique). De plus, l’ensemble des publications réglementaires liées aux marchés financiers (publication de résultats, d’objectifs, etc.), les communications obligatoires auprès des investisseurs, le recours au droit de vote, etc. sont allégés. Et la plupart des données peuvent rester confidentielles. Par ailleurs, elle permet également de sortir du champ des analystes pouvant émettre des recommandations sur la politique de gestion de la société cotée. Son indépendance stratégique est donc retrouvée une fois en dehors des marchés boursiers.

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Pour rappel, notons que dans la grande majorité des cas, la sortie de Bourse des entreprises est financée par de la dette : le rachat du capital se fait grâce à la participation d’un investisseur financier (généralement un fonds de capital-investissement, ou private equity) qui met sur pied un montage de type LBO (leveraged buy-out, à effet de levier).

Zoom sur une OPR…

Selon l’AMMC, l’OPR est une procédure qui permet aux personnes physiques ou morales, détenant, seules ou de concert, la majorité des droits de vote d’une société dont les titres sont inscrits à la cote, de faire connaître publiquement qu’elles se proposent de racheter les titres de ladite société, afin de permettre aux actionnaires n’appartenant pas à la majorité de se retirer du capital social de ladite société. Dans les détails, certains événements comme un changement de forme juridique ou la vente d’éléments d’actifs peuvent motiver le déclenchement d’une OPR, mais cette procédure fait souvent suite à une Offre Publique d’Achat (OPA) ou à une Offre Publique d’Échange (OPE).

 
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