Télécommunications

Le Maroc à la rescousse des pays d’Afrique de l’Ouest touchés par des pannes internet majeures

Une panne de grande ampleur a frappé les services Internet dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale, suite à des incidents sur les câbles sous-marins de fibre optique.

Une dizaine de pays d’Afrique de l’Ouest et du Sud ont été touchés par une vaste panne d’Internet depuis le matin du jeudi 14 mars. De nombreux opérateurs télécoms font état de dysfonctionnements sur plusieurs câbles sous-marins qui relient le continent au réseau. Les pays du Golfe de Guinée semblent les plus touchés : Côte d’Ivoire, Liberia, Bénin, Ghana ou encore Burkina Faso. Mais les perturbations s’étendent plus au sud : Nigeria, Cameroun, Namibie et même Afrique du Sud.

Dans la nuit du jeudi 14 au vendredi 15 mars, l’ONG de surveillance du réseau Internet mondial NetBlocks notait que les coupures persistaient en Afrique de l’Ouest et qu’un rétablissement progressif était enregistré en Afrique australe. Dans un communiqué, le ministère ivoirien de la Transition numérique a fait état de « fortes perturbations du service Internet sur toute l’étendue du territoire national », liées selon lui à des « coupures inhabituelles de câbles qui sont intervenues à la fois au niveau local en raison de travaux de voirie » à Abidjan et « au niveau international sur plusieurs câbles sous-marins ». « La situation met en évidence l’importance de la coopération régionale en Afrique pour relever les défis liés à l’infrastructure des télécommunications.

Moov Africa épargné

Selon les autorités, les deux plus grands opérateurs du pays, Orange (filiale de l’opérateur français) et MTN (filiale du groupe sud-africain), sont touchés, perturbant toute la vie quotidienne, notamment économique et bancaire. Seul le troisième opérateur mobile, le Marocain Moov, fonctionne normalement, et à Abidjan, des queues inhabituelles se sont formées devant les agences Moov pour acheter et recharger des cartes SIM. Les clients de Moov Africa Côte d’Ivoire ont en effet pu continuer à accéder à Internet grâce au câble sous-marin West Africa du Groupe Maroc Telecom, qui relie l’Afrique de l’Ouest à l’Europe via le Maroc. Ce câble, d’une longueur de 9 400 km et offrant une capacité allant jusqu’à 60 Tbps, a permis de maintenir la connectivité Internet dans la région, malgré les perturbations survenues.

Lire aussi | L’UE veut faire émerger des géants paneuropéens des télécoms

Moov Africa Côte d’Ivoire explique avoir été épargné par le fait que le backbone Internet qu’il utilise est connecté à la dorsale mondiale de l’Internet via le câble sous-marin West Africa de sa maison-mère, Maroc Telecom. Or, les câbles sur lesquels des incidents ont été signalés sont le WACS, MainOne, ACE et SAT3. Au Bénin, Moov Africa contrôlait 34 % de parts du marché de la téléphonie mobile au 30 septembre 2023, d’après les données au régulateur du secteur contre 55,42 % à MTN et 10,52 % de part de marché pour Celtiis. En Côte d’Ivoire, la filiale de Maroc Telecom détenait 18,8 % des abonnés à la téléphonie mobile, selon les statistiques arrêtées à fin septembre 2023 de l’Autorité de régulation des télécommunications.

En cette période de crise, plusieurs opérateurs concurrents ont également bénéficié de la connexion offerte par le câble sous-marin West Africa du Groupe Maroc Telecom, permettant ainsi à leurs clients de rester connectés malgré les perturbations.

Face à cette situation critique, le Groupe Maroc Telecom a décidé de mobiliser ses équipes, ainsi que celles de Moov Africa, pour renforcer les capacités du câble sous-marin West Africa et des points d’accès Internet de Maroc Telecom au Maroc. Cette initiative vise à répondre aux besoins urgents des opérateurs de la région, gravement touchés par ces incidents.

Lire aussi | Litige IAM-Wana : Pour Khalid Ziani, «il est temps que l’État réforme le secteur des télécoms»

Le câble sous-marin West Africa du Groupe Maroc Telecom se révèle ainsi être une nouvelle preuve de la résilience du réseau et de l’indépendance de l’Afrique en matière de connectivité Internet. D’une longueur impressionnante de 9 400 km, ce câble dispose d’une capacité allant de 20 à 60 Tbps. Il longe la côte ouest-africaine depuis le Gabon jusqu’au Maroc, avec une extension vers le Portugal, traversant au total sept pays et disposant de huit points d’atterrissement.

Solidarité et coopération régionale

Cette intervention du Maroc démontre l’importance de la coopération régionale dans le domaine des télécommunications et met en lumière le rôle crucial que peuvent jouer les infrastructures de connectivité pour assurer le développement socio-économique des pays africains.

En ces temps incertains, cette action de solidarité montre que la collaboration entre les nations africaines peut être la clé pour surmonter les défis technologiques et assurer un accès fiable à Internet pour tous, même dans les circonstances les plus difficiles.

Dans de nombreux pays africains, les réseaux de télécommunication sont interconnectés et dépendent souvent des mêmes infrastructures, telles que les câbles sous-marins, pour assurer la connectivité Internet. Lorsqu’un problème survient, comme une coupure de câble sous-marin, cela peut avoir des répercussions importantes sur plusieurs pays. Il est nécessaire de reconnaître l’importance d’une approche collaborative pour surmonter les obstacles relatifs à la connectivité Internet en Afrique.

En unissant leurs efforts, les pays africains ont la possibilité de renforcer leurs infrastructures de télécommunication, d’accroître la résilience de leurs réseaux, et de garantir une connectivité Internet stable et fiable pour l’ensemble de leurs citoyens et entreprises », nous confie Omar Benmoussa, COO Maltem Africa, expert en transition numérique.

Lire aussi | Maroc. Mondial 2030 : le grand défi des télécoms  

De son côté, Hicham Kasraoui, Strategy & Tech Advisory – Tasmane, déclare : « Cet incident remet au goût du jour le sujet de la souveraineté numérique en Afrique. Plus que jamais, l’Afrique a besoin de son plan de résilience numérique qui définit, met en œuvre et garantit un socle minimal d’infrastructures et de services numériques essentiels au fonctionnement normal des économies et des États des pays africains. Un tel plan prévoit notamment des modalités alternatives de fourniture d’accès à Internet comme la mise en service des offres Internet par satellite. À l’heure où les nouveaux terrains de compétitivité et de puissance se jouent au niveau des nouvelles capacités de l’Intelligence Artificielle, l’accès à Internet devient un actif stratégique, voire un service public de base, aussi critique que l’accès au réseau électrique. À noter qu’une panne Internet de cette ampleur induit une multitude de ruptures de service dans plusieurs domaines et secteurs économiques, dont certains peuvent être très critiques (finance, trading…). Le coût d’une telle rupture qui dure plusieurs jours peut facilement se chiffrer à des centaines de millions de dollars. Il faudra attendre toutefois les bilans officiels des pays touchés par cette panne afin d’avoir une idée précise de l’ampleur des dégâts ».

 
Article précédent

Un autre équipementier automobile plante son étendard à Oujda

Article suivant

Le taux d'activité en légère baisse au Maroc en 2023, selon le HCP