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Startup: la niche des Fintechs en souffrance

Les startups marocaines peinent à trouver la voie pour devenir des licornes… Dans l’écosystème des fintechs, malgré le fort potentiel, les contraintes ont la peau dure. Décryptage.

C’était lors d’un point de presse tenu en mars 2023 à Rabat que le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, lançait encore un appel pour le changement de culture afin de développer l’écosystème des fintechs, dont le rôle est déterminant dans l’inclusion financière. Rappelons que cette intervention du wali de BAM s’inscrit dans le cadre de la loi 103-12 qui permet aux services non bancaires (notamment les opérateurs télécoms) d’offrir des solutions de paiement mettant fin au monopole des banques, pour promouvoir l’inclusion financière. Le Maroc est par ailleurs l’un des seuls pays sur le continent à déployer de nombreux efforts pour faire adopter une loi facilitant l’activité de financement participatif (crowdfunding).

L’accès au financement: un enjeu majeur

Le Fonds Innov Invest lancé par la Caisse Centrale de Garantie (CCG) pour renforcer l’offre de financement ciblant les startups innovantes en est l’illustration. Il a nécessité un prêt de 50 millions de dollars auprès de la Banque mondiale.

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Ce projet permet au gouvernement d’accompagner deux types de structures (incubateurs et accélérateurs), qui reçoivent un financement pour les start-up de leurs portefeuilles respectifs. Seulement, le constat au demeurant amer est que l’on ne dénombre encore que très peu de Fintechs en faisant partie. Si tous les éléments semblent réunis pour permettre le développement d’un écosystème Fintech performant au Maroc, qu’est-ce qui explique ce problème de croissance du secteur ? Dans nos investigations, une fintech qui développe des solutions de facturations auprès des entreprises a bien voulu nous en dire plus sur leurs réalités. « Aujourd’hui, l’une de nos problématiques majeures est bel et bien le financement, nous rencontrons de véritables difficultés en termes de levée de fonds », nous confie Sid Ahmed Ghrissi, CEO de SG New consulting. Et d’ajouter : « En plus de cela, il y a une véritable difficulté à se faire entendre, à faire émerger nos solutions ».

Dans une étude sur le développement des Fintechs en Afrique, PWC présentait la région de l’Afrique anglophone comme la plus dynamique en matière de développement des Fintechs. « Gouvernements et banques affichent leur soutien aux Fintechs en investissant temps et efforts pour leur permettre de se développer. Les acteurs traditionnels de la finance misent sur ces start-up pour se différencier, soit en collaborant directement avec elles, soit en leur permettant de se développer en dehors de leurs murs. », explique l’étude.

Quand l’Afrique anglophone se démarque

Le classement 2023 de la plateforme africa : « the big deal », des start-up ayant levé le plus de fonds par pays d’origine montre que le Kenya occupe le premier rang avec 800 millions de dollars, l’Egypte (640 millions de dollars), l’Afrique du Sud (600 millions de dollars) et le Nigeria (410 millions de dollars). Outre ces Big Four qui continuent d’accaparer la très grande majorité des financements, d’autres pays comme le Bénin (71 millions de dollars), la RD Congo (62 millions), le Ghana (57 millions), le Sénégal (44 millions), ou encore le Rwanda (44 millions), devancent le Maroc qui n’a levé que 17 millions de dollars. Notons que ce sont principalement des fintechs qui ont attiré 80,8% des financements dans ces pays d’Afrique anglophone. « Quand il y a une fenêtre de tir, il faut foncer.

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Lorsqu’on est en retard dans la mise en place des actions, on risque de voir le leadership pris par d’autres pays », nous confie une de nos sources. « Cela fait maintenant 4 ans jour pour jour qu’on s’attendait au lancement de la première licorne marocaine, mais toujours rien. L’un des premiers problèmes est celui du mindset. Aujourd’hui, le Maroc est en train de changer peu à peu de logiciel. Le logiciel anglo-saxon fait ses preuves, quand vous voyez des pays comme le Nigéria, le Kenya, ou encore récemment le Rwanda », nous confiait Marwa Cheikh Youssef, Présidente du Mouvement Tech Innovant Hack&pitch dans l’un de nos articles sur le sujet en Décembre dernier. Et de poursuivre : « Par ailleurs, on ne peut pas faire émerger des licornes sans des lois fortes en faveur des startups et surtout les levées de fonds qui vont avec ».

Et si la rentabilité était le problème ?

Selon l’association professionnelle France FinTech, c’est seulement un tiers des Fintech qui sont rentables. L’environnement est « chahuté », précise son communiqué en marge de la publication du panorama 2023 des Fintechs françaises, notant une « forte pression à la baisse des financements ». Rappelons que les financements des Fintechs en France avaient déjà reculé en 2022 de 46% par rapport à 2021.

 
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