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Edito. La multiplication par zéro

Le Maroc est vraiment un pays exceptionnel. Deux façades maritimes. D’immenses plaines fertiles. Une superficie agricole utile de presque 9 millions d’ha, dont le ¼ irrigué. Des forêts offrant une biodiversité, sur 9 millions d’ha. Des montagnes moyennes et hautes. Des oasis et des déserts. Un sous-sol riche en minerais et surtout en phosphates avec 70% des réserves mondiales connues. Cette extraordinaire diversité géographique, à laquelle s’ajoute une population jeune, constitue en elle-même un potentiel unique pour l’attraction des investissements. A cela s’ajoutent la profondeur historique de la nation marocaine et sa diversité culturelle.

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Au cours des deux dernières décennies, chaque année, pas moins de 65 à 70% des investissements ont été publics. L’Etat, c’est-à-dire le contribuable, a financé de grands projets d’infrastructures. Routes et autoroutes. Train à grande vitesse. Infrastructures portuaires. Extension des aéroports. « Débidonvillisation » des villes (…). Des secteurs stratégiques ont pu émerger et se développer notamment dans les domaines de l’industrie automobile, de l’aéronautique, des énergies renouvelables (…). Et pourtant, pas moins des 2/3 de la population vivote entre précarité et pauvreté absolue. Pourquoi ? Est-il possible de vaincre les obstacles à l’investissement privé en simplifiant et en digitalisant quelques procédures administratives ? Des centres régionaux d’investissement ont été créés, sous la tutelle du ministère de l’intérieur, département le mieux doté en ressources et en pouvoir décisionnel. Des institutions financières internationales sont venues offrir leurs « recettes miraculeuses ». Vainement. Alors, devrait-on tomber dans le piège ultime de la résignation et du défaitisme ? Pourtant, ce n’est plus un tabou. La corruption systémique est l’obstacle n°1 à l’investissement, à la croissance, à l’accumulation interne et au développement. Tous les efforts en matière d’investissement sont récupérés et annulés par l’économie de rente. C’est la multiplication par zéro. Pourquoi investir, alors qu’une minorité bien connue garde le quasi-monopole sur les marchés publics ? Pourquoi investir, alors que l’accès au financement bancaire est fondé surtout sur des relations clientélistes ? Pourquoi investir, alors que la demande interne est limitée par la faiblesse du pouvoir d’achat et la stagnation des salaires ?

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La Constitution de 2011 a instauré de nouveaux principes relatifs notamment à la transparence, à la bonne gouvernance, à la reddition des comptes (…), ouvrant  ainsi des perspectives d’émergence d’un nouvel environnement plus attractif des investissements durables. Principes restés lettres mortes pendant la dernière décennie des « frères charlatans ». Construire un nouveau système économique dynamique, plus transparent, plus équitable et surtout respectueux de la dignité humaine, finalité première des politiques publiques dans tout Etat social et démocratique, exige la fin de l’économie de rente.  

 
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