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Système des retraites. Dans l’ère du social…

Depuis quelques temps, le Maroc dispose d’une véritable dynamique sociale. Mais quelle analyse bilan de ces politiques publiques ?

«Le temps du Maroc a sonné»…c’est sur ces mots pleins d’optimisme et surtout de pragmatisme, que l’analyste en géopolitique Abdelmalek Alaoui conclut son dernier livre qui dépeint les grandes prouesses du Maroc durant la crise du Covid. Ce livre au titre révélateur sur la trajectoire du Maroc dans le concert des nations dans son récit, a fait le tour des grands chantiers du Souverain, notamment celui du social qui, depuis des années occupe une place de choix dans la feuille de route de gouvernance.

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Sous la conduite éclairée du mantra royal, le Maroc a engagé d’énormes réformes qui ont permis de faire de grands pas sur le terrain du social. Et cette trajectoire sociale du Maroc a été marquée par la mise en place progressive de différents filets sociaux de sécurité au cours des deux dernières décennies. Pour la petite histoire, le premier filet social, en l’occurrence la Caisse de Compensation, a été mis en place dans les années 41. À côté de ce système, le Maroc a opté pour la mise en place d’une série de filets sociaux de sécurité visant une meilleure protection sociale des populations : La couverture médicale de base, l’Initiative nationale de développement humain (INDH), L’Agence de Développement Social, le programme Tayssir…

PFL 2007, point de départ d’un Etat social
« La Loi de Finances 2007 traduit l’ambition du nouveau Maroc d’aller de l’avant sur la voie du développement effectif sur les plans institutionnel, économique et social. Elle est le budget de confiance dans l’avenir du pays sous la conduite de sa Majesté le Roi », déclarait à l’époque le Ministre des Finances Fathallah Oualalou dans sa présentation de cette loi devant la Chambre des représentants.

Selon une note du ministère des Finances d’antan, «La dimension sociale et spatiale de la LF 2007 se concrétise à travers l’intensification des actions tendant à promouvoir les secteurs sociaux, notamment par la qualification de l’élément humain et l’amélioration des conditions de vie des citoyens.» Ce dispositif concernait principalement : la promotion de l’emploi, la généralisation de la couverture médicale et le renforcement des capacités hospitalières, les régimes de retraite (avec une enveloppe d’engagement qui s’élevait à 10.247 MDH marquant ainsi une augmentation de 11,53 % par rapport à l’année 2006)….

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« En effet, jusqu’à aujourd’hui, le premier constat est que le Maroc dans le domaine du social depuis le PFL de 2007 a réussi à se doter d’un système social pertinent. D’énormes efforts ont été engagés et même si des défis sont encore patents, nous ne pouvons que saluer les grands chantiers dans le social à l’image de la généralisation de la couverture maladie», nous confie l’Economiste Driss Aissaoui. Et de poursuivre : «Depuis 2007, ce sont des milliards de dirhams qui ont été injectés pour porter ce chantier d’un Etat social». Même si les résultats sont là, des défis dans ce domaine pèsent sur presque bon nombre de pays, y compris le Maroc.

«Rendre la protection sociale universelle et non discriminante»

Pour le spécialiste en politique publique, il faut réformer le système de retraite. «Les équilibres financiers des systèmes de retraites dans la plupart des pays du monde sont menacés d’effondrement. Encore plus, ceux construits sur le mécanisme de la répartition et de la solidarité intergénérationnelle financées par le travail et les cotisations. Au Maroc, qui ne fait pas exception et parmi les facteurs qui convergent pour éroder les caisses de retraites, on peut citer la fécondité en baisse et la nécessité de réarmer la démographie à l’horizon 2050, le rallongement de l’espérance de vie des pensionnaires dont les revenus de retraites additionnés dépassent de très loin les cotisations épargnées et capitalisées tout le long du cycle de vie.

Aussi, que le taux des actifs affiliés à un système de retraite n’est que de 4.7 millions sur plus de 11 millions d’actifs, que le taux d’emploi féminin n’est que de 22% et que les 40% des marocains vivant en milieu rural font partie du secteur informel», prévient l’Economiste, spécialiste en politique publique, Abdelghani Youmni. Et de poursuivre : «Si la question est de viabiliser le système de retraite, l’élargir et le pérenniser. Dans la perspective de construire les fondements d’un Etat de progressisme social voulu par sa Majesté le Roi Mohammed VI, ses directives se résument à rendre la protection sociale universelle et non discriminante et elle englobe la couverture de tous les citoyens contre les risques sociaux majeurs et de réduire les inégalités sociales par le biais d’allocations familiales ciblées. Pour ce qui est de la retraite, le seul risque social qui est individuel et s’assimile davantage à de l’épargne à long terme qui profite à la généralisation et se capitalise au futur pour se transformer en rente mensuelle de retraite, c’est le principe des générations imbriquées et de la retraite par répartition. Toutes ces contraintes font qu’il faut réformer le système de retraite pour tenir compte de l’espérance de vie qui se rallonge, fusionner tous les systèmes de retraite pour se conformer à l’idéal de l’équité sociale et enfin, encourager clairement l’épargne-retraite par capitalisation.

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Ainsi, face aux menaces sur l’équilibre financier des régimes, les réformes doivent être davantage paramétriques que structurelles et la fiscalité plus avantageuse pour les comptes épargne-retraite privés tout en se prémunissant contre les fonds de pension spéculatifs». «L’autre question qui reste posée au législateur et au politique, est de commencer à réfléchir sérieusement à construire des réformes qui associent système de retraite et liquidation des successions au Maroc. Ce sont deux vastes chantiers interdépendants. Une solidarité entre générations ne peut fonctionner sans liquidation de toutes les épargnes, celle des retraites et celle de l’héritage transmissible et utilisable à vue, et cela ne peut se faire que par une réforme fiscale de l’héritage qui impose une échéance temporelle », alerte-il.

 
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