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Edito. Ne soyons pas prisonniers du ponctuel

Actuellement, l’action publique se situe entre des réponses ponctuelles à des urgences et la nécessité d’aller vers des transformations structurelles. Changer une réalité sociale exige des sacrifices importants pour consacrer le concept de solidarité et donner force à la justice sociale. C’est à ce principal défi auquel fait face le Maroc.

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La réussite du changement exige une prise de conscience, et surtout une mobilisation active et massive autour d’un projet de société. Dans la réalité, la pratique du changement rencontre inévitablement des difficultés, voire des résistances et des obstacles inhérents aux multiples intérêts accumulés depuis plusieurs décennies et enveloppés dans une « fausse conscience ». Néanmoins, les tendances lourdes, favorables au changement, sont plus fortes, malgré la décennie (2011-2021) de stagnation, voire de régression, où les « frères charlatans » ont joué un rôle négatif. Le gouvernement actuel, malgré la « gentille petite boussole » qu’est le « nouveau modèle de développement », souffre d’une conception éclectique offrant peu de visibilité dans la conduite du changement, prisonnier ainsi d’un « pilotage à vue » où le « ponctuel » l’emporte sur le « structurel ». C’est ainsi que, dans les actions de protection du pouvoir d’achat, l’exécutif a surtout préféré agir sur l’offre plutôt que d’améliorer la demande intérieure, en termes de renforcement durable des capacités des ménages. L’impact positif de cette option a été faible, compte tenu des défaillances structurelles de cette offre, gangrenée par l’économie de rente et les multiples activités spéculatives d’intermédiation que l’on retrouve dans presque tous les circuits économiques.

La tomate illustre bien cette réalité. Vendue par l’agriculteur à 1,50 dirham le kg, elle est offerte à plus de 11 dirhams au consommateur final. La différence est empochée par cette multitude d’intermédiaires parasitaires. C’est le règne de l’économie spéculative, de la « hamza », qui fait des ravages sociaux, encourageant le développement de la paresse et du gain facile. Presque rien n’échappe à cette « gangrène parasitaire », y compris les produits hypersensibles tels que les denrées alimentaires, les médicaments, les produits énergétiques, les services de transport (…).

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Ne pas s’attaquer radicalement à ce mal profond, c’est se condamner à rester dans un cercle vicieux, tout en contribuant au développement d’un sentiment collectif d’impuissance, terrain fertile au nihilisme et prélude à une impasse implosive et/ou explosive comme en témoignent de nombreux exemples à travers l’histoire des formations sociales.

 
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