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Startup: Pourquoi n’y a-t-il pas de licornes au Maroc?

Bien que présente dans le tissu économique, la startup peine encore à faire sa révolution. Dans certains pays, au-delà des actions de l’État, par patriotisme économique, certaines grandes réussites soutiennent activement l’écosystème startup. Sous nos tropiques, le risque d’investissement demeure une barrière…

Le classement des 500 plus grandes entreprises publié l’an dernier est très révélateur du poids des entreprises Tech dans les économies. Microsoft, Apple, Alphabet (la société mère de Google) et Meta Platforms (anciennement Facebook) étaient les quatre premières entreprises du nouveau classement statistique des 500 meilleures entreprises au monde réalisé par Statista et TIME.

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Ce classement illustre la domination des entreprises de technologie et de services aux entreprises en évolution rapide, renversant ainsi les fabricants et les entreprises de biens de consommation qui étaient autrefois le moteur de l’économie mondiale. La plupart de ces entreprises, majoritairement américaines, étaient autrefois des startups. On se souvient de l’histoire emblématique de Microsoft qui a débuté dans un garage. Aujourd’hui, c’est une firme internationale qui joue un rôle majeur dans l’économie américaine, voire mondiale. Des pays comme la France, inspirés par le modèle américain, ont lancé des initiatives telles que la Silicon Valley. En France, Station F, l’un des plus grands incubateurs de startups au monde, a été lancé il y a quelques années. L’objectif était d’attirer les talents du monde entier dans le domaine de la Tech afin de faire de la France une véritable Startup Nation. Des licornes françaises telles que Meero, Deezer ou Dataiku font désormais la fierté de la FrenchTech. Par exemple, en juin 2022, Ecovadis est devenue une licorne après avoir levé 500 millions de dollars…

Au Maroc, toujours aucune licorne

L’écosystème entrepreneurial est encore embryonnaire au Maroc, soutenait la Banque mondiale dans l’un de ses rapports sur le secteur privé marocain. En termes de levée de fonds sur le continent, le Maroc demeure moins efficace. Le classement des start-up ayant levé le plus de fonds par pays d’origine montre que l’Égypte occupe la première place avec 434,2 millions de dollars, devant l’Afrique du Sud (244,7 millions), le Nigeria (61,1 millions) et le Kenya (44,2 millions). Outre ces « Big Four » qui représentent 91% du total, le reste du continent se partage les 9% restants, avec notamment le Ghana (11 millions de dollars), le Bénin (8 millions), le Maroc (5,6 millions) et le Sénégal (3,3 millions). Cela montre qu’au Maroc, les startups ne lèvent pas suffisamment de fonds pour le moment, déclare Mehdi Alaoui, CEO de la Factory…

Où sont les grandes fortunes ?

Aujourd’hui, les défis restent nombreux pour les startups en matière de financement et d’accompagnement, ce qui peut entraver leur croissance et leur réussite. Bien que des initiatives telles que le Fonds Innov Invest aient démontré leur efficacité dans le financement des startups, il reste encore beaucoup à faire pour combler le fossé en matière de financement et de gestion des capitaux par rapport à d’autres pays tels que l’Espagne, le Portugal et le Nigeria.

Les startups ont besoin de plus de prise de risque et d’investissements pour passer à l’étape suivante, de la phase de prototype à celle de l’accélération. Dans certaines régions du monde, au-delà des actions de l’État, les grandes réussites s’inscrivent dans une démarche de « give-back ». L’une des figures emblématiques de la philanthropie entrepreneuriale est le célèbre milliardaire Bill Gates. Ce dernier est très engagé auprès des startups depuis quelques années, multipliant les investissements. En 2022, via son fonds d’investissement dans les technologies propres, Bill Gates a investi près de 20 millions de dollars dans Blue Frontier, une startup spécialisée dans la climatisation. Plus récemment, c’est en France que le milliardaire a orienté son action, investissant près de 5 millions de dollars dans la startup française Smart Immune.

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De son côté, le milliardaire Jeff Bezos est également actif. Ses investissements dans des domaines tels que le paiement électronique, le spatial et l’IA sont nombreux. En 2020, à travers sa société de capital-investissement, Jeff Bezos a apporté un premier soutien financier de 30 millions de dollars à Chipper Cash, une startup spécialisée dans les solutions de paiement.

Au Maroc, le soutien aux startups reste timide dans la sphère des grandes réussites. « La notion de prise de risque n’est pas encore bien établie », déclare le CEO de la Factory. Il explique que la meilleure façon d’aider un entrepreneur est de lui donner la chance de réaliser un prototype dans le cadre d’un marché par rapport à une grande entreprise. Il souligne également l’importance des investissements directs dans les startups par les grandes entreprises, ainsi que la philanthropie entrepreneuriale comme moyen d’aider les startups et de réduire leurs impôts. Une source ajoute : « Souvent, les investisseurs sont confrontés à des projets qui, pris sous un angle pragmatique, ne répondent pas forcément aux logiques de retour sur investissement ».

 
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