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Edito. Produire, se nourrir et nourrir, sans détruire

Eau, terre et travail. Trois éléments indispensables mobilisés depuis la nuit des temps, pour assurer la nourriture et la reproduction de l’espèce humaine. Regroupés aujourd’hui dans des Etats-Nations, les humains ont recours, de plus en plus, aux notions de souveraineté alimentaire, de sécurité alimentaire et d’autosuffisance alimentaire, pour exprimer des objectifs stratégiques des politiques agricoles résultant de processus décisionnels démocratiques, guidés avant tout par un souci de bien-être collectif. De ce fait, aucune politique publique n’est « sacralisable ». Dans une démocratie, qui reste à construire en tant que choix stratégique irréversible du Royaume, les choix publics et le mode de gestion du « vivre ensemble » émanent d’une volonté collective où le débat public est la règle.

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Ce débat, où se confrontent des idées, des positions et convictions, dans un environnement où règne le respect du dialogue inclusif, ne peut que contribuer à une dynamique permanente de correction et d’amélioration desdits choix publics et de leurs modes d’application. C’est le cas du Plan Maroc Vert (PMV) et de son prolongement actuel , « Green Generation » qui met au centre le bien-être humain et la durabilité des écosystèmes naturels. Le bilan du PMV en tant que politique publique est à cet égard incontournable. Mieux, c’est même une matière à mettre à la disposition des universités, des grandes écoles, des centres de recherche, des partis politiques, des ONG (…), pour mener des études d’évaluation et engager des réflexions scientifiques et publiques, démontrer les forces et les faiblesses, et contribuer ainsi collectivement à l’émergence d’alternatives meilleures. Aucun bureau d’expertise dans le monde ne peut être à l’origine de cette dynamique sociétale.

En fait, depuis l’indépendance, et surtout après l’intervention de la Banque Mondiale, au cours des années 1960, l’Etat marocain a réservé un traitement prioritaire au développement de l’agriculture, s’inscrivant ainsi dans le choix d’insertion dans la division internationale du travail, c’est-à-dire des « avantages comparatifs ». Pendant plusieurs années, plus de 50% des investissements publics ont ainsi été consacrés au secteur agricole. La construction des barrages avait pour objectif principal d’apprivoiser l’eau du ciel et la mettre à la disposition d’un secteur agricole « moderne », en pleine expansion. Malgré la sécheresse des années 1980, cette orientation sera maintenue, avec la création du Fond de développement agricole et la subvention du matériel et équipement destinés surtout à l’accès aux eaux souterraines. Foncier et eau agricoles sont ainsi devenus des frères jumeaux (ou sœurs jumelles). Ce n’est qu’au tournant du nouveau millénaire qu’un équilibre sera instauré avec d’autres secteurs, notamment le secteur industriel.

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Mais, dès le début, l’agriculture, principale bénéficiaire des investissements publics et des exonérations fiscales, a été avant tout destinée à l’exportation. Aujourd’hui, compte tenu des leçons tirées de la crise sanitaire mondiale, des conséquences du réchauffement climatique et de l’inflation qui a fait flamber en particulier les produits alimentaires, les nouveaux enjeux locaux et globaux imposent de nouveaux défis et donc de nouveaux choix publics. Renforcer la résilience du secteur agricole, et garantir à la population un accès suffisant à des produits alimentaires indispensables et de qualité sont devenus des priorités nationales. Cultiver et produire des aliments, tout en veillant au respect des équilibres environnementaux, à la durabilité des ressources naturelles dont principalement l’eau, est un impératif. En fait, c’est là l’une des principales composantes du développement humain et durable.

 
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