Marchés publics

Ferroviaire : les entreprises françaises en pole position 

Autrefois chasse gardée des entreprises françaises et espagnoles, les marchés publics dans plusieurs secteurs voient l’arrivée en force de sérieux concurrents, notamment les champions marocains et d’autres sociétés étrangères, qui réclament leur part de marché. Dans le secteur ferroviaire, comme l’automobile, les français dominent toujours.

Alors que l’ONCF a récemment officialisé son appel à concurrence pour l’acquisition de 168 trains (150 trains pour les services intervilles, Trains Navettes Rapides et Métropolitains, ainsi que 18 Trains à Grande Vitesse pour les extensions des lignes Grande Vitesse), ce marché verra s’affronter au Maroc tous les grands constructeurs internationaux de matériel roulant, notamment européens et chinois. En jeu, un investissement de 16 milliards de DH.

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Le français Alstom, l’allemand Siemens Mobility, les espagnols CAF et Talgo, l’italien Ansaldo Breda (devenu Hitachi Rail Italy), le chinois CRRC ou encore le coréen Hyundai, comptaient déjà parmi la dizaine d’industriels présélectionnés lors d’un  Appel à Manifestation d’Intérêt international (AMI) autour de cette acquisition, lancé en novembre 2022 par l’ONCF au Maroc. Désormais, le constructeur ferroviaire français se positionne comme candidat ferme. Il présenterait des offres pour les principaux lots mis en concurrence par l’ONCF, qui a confirmé ce projet dans un communiqué publié le 13 novembre dernier.

Il faut dire que le groupe est de longue date fournisseur de l’ONCF, mais aussi des sociétés de transport public de Rabat et Casablanca avec ses tramways. Le groupe français a notamment fourni le matériel roulant (12 Alstom Euroduplex) du TGV Tanger-Casablanca, baptisé Al Boraq, le premier du continent, inauguré le 15 novembre 2018 par le Roi Mohammed VI et le Président français, Emmanuel Macron.

Aujourd’hui, dans le cadre du nouvel appel à concurrence lancé par l’Office dirigé par Mohamed Rabie Khlie et au vu de la taille de ses marchés, l’ONCF, qui a transporté 45 millions de passagers en 2022, exigera, selon les termes de l’appel d’offres, que ses fournisseurs s’engagent sur des investissements industriels dans le matériel roulant.

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L’objet du méga-appel d’offres groupé est de créer un effet de masse et donc de susciter la création d’un écosystème ferroviaire complet dans le royaume, à l’image de ce qu’avait par exemple réussi voilà une décennie l’Afrique du Sud avec les contrats Gautrain (3,5 milliards d’euros), emporté par Bombardier, groupe repris depuis par Alstom, puis Prasa (4,4 milliards d’euros), emporté par Alstom.

À ce jour, Alstom, dont la filiale marocaine est dirigée par Mehdi Sahel depuis 2022, est le seul constructeur ferroviaire international à avoir une présence industrielle significative au Maroc. Le groupe avait ouvert une première usine (alors avec Nexans, sorti depuis) de harnais électriques et des transformateurs à Fès, dans lesquels il a constamment réinvesti. Il a annoncé le 13 juillet dernier la création pour 14,6 millions d’euros d’un second site industriel, également à Fès, qui fabriquera des cabines de conduite de trains régionaux et de métros (200 emplois). 

Il faut dire que l’ONCF sait très bien que son marché lucratif est lorgné par un nombre important d’acteurs sur la planète qui se livrent une concurrence féroce. Parmi eux, l’espagnol Talgo qui a clairement fait savoir son intérêt de participer à cet appel d’offres. «Talgo cherche à mettre en évidence le potentiel important de deux de ses principaux produits: le train à grande vitesse (TGV) AVRIL et le train léger de banlieue et régional EMU, qui peut atteindre 160 kilomètres à l’heure, mais qui n’a pas encore été commercialisé», explique La Información, non sans préciser que ce train a récemment obtenu l’autorisation définitive de circulation en Espagne et attise déjà les convoitises d’opérateurs internationaux qui envisageraient d’effectuer des commandes. Pour autant, force est de reconnaitre que le français Alstom part avec une grande longueur d’avance sur tous ses concurrents. A noter, que le planning de livraison s’étalera sur 4 ans entre 2027 et 2030. 

 
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