Tourisme

Mondial 2030 : Comment le Maroc compte propulser son secteur hôtelier

Le Maroc, à l’aune du Mondial 2030, a décidé de construire une alliance d’expertise avec Dubaï. Hôtellerie, immobilier, les entreprises de Dubaï envisagent une opportunité d’investissement majeure de 50 milliards de dollars. Décryptage.

Selon un article publié par le site arabianbusiness, le Maroc prévoit d’augmenter considérablement sa capacité hôtelière avec l’ajout de 1,5 million de nouvelles chambres, afin d’accueillir les 26 millions de touristes prévus d’ici 2030, créant ainsi des opportunités de plusieurs milliards de dollars pour les investisseurs de Dubaï.

Avec une enveloppe d’investissement de 50 milliards de dollars prévue pour des projets liés à la Coupe du monde, notamment le développement des infrastructures, des transports, des soins de santé et du tourisme, le Maroc souhaite construire un couloir de collaboration avec Dubaï pour réaliser sa vision de transformation. « Aujourd’hui, il faut reconnaître que les élites sont très alertes sur les actions pour préparer le secteur touristique à ce grand événement mondial. Il y a un enjeu de créer, en plus de l’offre hôtelière, une autre offre hors de ce périmètre, notamment tout l’écosystème de loisirs », confie Reda Faceh, directeur du développement du groupe Accor pour l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest.

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Rappelons que récemment, les deux pays ont renforcé leur synergie avec la signature de quatre protocoles d’accord dans les énergies renouvelables, la technologie numérique et les infrastructures touristiques/hôtelières. « Notre objectif est de doubler le nombre de touristes pour atteindre 25 à 26 millions d’ici 2030… Dubaï est un brillant exemple et est devenu une plaque tournante pour les startups, l’économie numérique et l’industrie technologique. Nous aimerions donc voir comment nous pouvons construire un écosystème informatique au Maroc », explique Anas Guennoun, vice-président de la Commission internationale de la CGEM et Vice Président du conseil d’affaires Maroc-EAU.

Des liens de fraternité

En 2025, le Maroc sera le pays hôte de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), et en 2030, il co-accueillera la Coupe du Monde de football avec l’Espagne et le Portugal. Dans l’objectif d’être prêt pour ces deux rendez-vous importants, le Maroc opte pour l’expertise de Dubaï. « On s’attend à ce qu’un grand nombre d’entreprises émiraties opèrent au Maroc à l’approche de la Coupe du Monde de la FIFA. L’objectif est d’attirer des entreprises expertes en infrastructures et en événementiel. L’approfondissement du partenariat hôtelier et touristique s’appuie sur des décennies de liens fraternels étroits entre le Maroc et les Émirats arabes unis, les Émirats étant déjà le plus grand investisseur arabe du Maroc avec plus de 30 milliards de dollars – un chiffre qui devrait doubler à la suite d’accords majeurs signés fin 2023 », déclare Guennoun.

Contacté par Challenge pour comprendre ce rapprochement stratégique dans le cadre des défis à la veille du Mondial, notamment du tourisme, l’expert en politique touristique Zoubir Bouhoute se montre sceptique sur les 1,5 million de chambres annoncées. « Le Maroc aujourd’hui ambitionne de doubler le nombre de touristes à l’horizon 2030. On était à 13 millions en 2019, on veut atteindre les 26 millions en 2030. Par contre, la capacité litière au Maroc à ce jour est aux alentours de 280 ou 290 000 lits. Donc quand on dit 290 000 lits, cela équivaut à 145 000 chambres. Avec 145 000 chambres, on est loin d’un million et demi de chambres qu’on veut ajouter », précise l’expert.

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Et d’ajouter : « Dans tous les cas, le Maroc envisage de booster les investissements. Maintenant, la priorité, c’est l’aérien. Grâce à l’aérien, on enregistre des volumes importants d’arrivées. Si on atteint 500 000 lits d’ici 2030, c’est déjà bien, car le plus important aussi, c’est le taux d’occupation des chambres. À fin 2019, le taux d’occupation des chambres était de 48%.

Momentum

« Et si on augmente l’activité, on augmente les taux d’occupation, on augmente le volume des visiteurs étrangers, notamment les marchés tels que l’Inde, la Chine, le Brésil, l’Amérique du Nord, en plus des marchés traditionnels. La participation du secteur dans le PIB va augmenter, les emplois vont augmenter, d’autant plus que le secteur du tourisme, selon le Conseil du tourisme et du voyage mondial (WTTC), prévoit une progression de 5,8% pour le secteur du tourisme entre 2022 et 2032, alors que l’économie globale va progresser d’une moyenne de 2,7% seulement entre 2022 et 2023. Nous avons de belles perspectives et de nombreuses opportunités à saisir, et le Maroc va tirer profit de cet engouement. C’est le momentum. Nous avons bénéficié d’un rayonnement très important grâce aux Lions de l’Atlas. De nombreuses opérations de promotion ont été effectuées par l’Office national marocain du tourisme. Les professionnels font beaucoup de promotions pour les villes, les régions et les établissements, et il y a des signatures avec de grandes plateformes, ce qui est tout bénéfique pour le secteur du tourisme au Maroc », conclut Bouhoute.

 
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