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Soufiane Rahimi, l’enfant de Casablanca devenu super-héros aux Emirats

Grâce à une performance stratosphérique du Marocain Soufiane Rahimi, le club émirati Al-Ain a remporté, samedi, la Ligue des Champions d’Asie. Le Casablancais est, à juste titre, érigé en super-héros dans le pays de Cheikh Zayed. Quelle belle consécration pour l’enfant de Derb Sultan.

C’est un véritable conte de fée que vit en ce moment l’international marocain Soufiane Rahimi, dont le nom a littéralement envahi les différentes plateformes des réseaux sociaux au Maroc et dans le Golfe. Car ce qu’il vient réaliser est une master-class digne d’un certain Cristiano Ronaldo dans les soirées européennes fantastiques du temps du Real Madrid.

A lui seul ou presque, il a démoli les défenses des Yokohama Marinos en finale retour de l’AFC Champions League. Rahimi a mis un doublé, délivré une passe décisive, provoqué un pénalty, forcé l’expulsion du gardien nippon sur un débordement dévastateur en fin de première période, dans le fait de jeu le plus important de cette confrontation.

La supériorité numérique a permis au club émirati d’enfoncer son adversaire en seconde mi-temps pour s’imposer au bout du compte sur le score fleuve de 5-1 (match aller 1-2) et accrocher fièrement une deuxième étoile, qui lui fuyait depuis 2003.

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Il y a seulement quelques mois, Rahimi comptait parmi les hommes les plus tristes au monde. Non sélectionné pour la Coupe du Monde au Qatar, il allait essuyer une nouvelle déception en voyant son nom tomber de la liste de Walid Regragui pour la dernière CAN en Côte d’Ivoire.

De quoi décourager n’importe quel joueur, surtout que le concerné a fait tout ce qu’on lui avait demandé pour retrouver les Lions de l’Atlas. Il a opéré une remarquable transformation physique avec une perte de poids qui se lisait aisément sur son visage. Il a retrouvé la pointe de vitesse qui lui permettait de multiplier les courses et les appels en profondeur, comme lors de ses années au Raja de Casablanca.

Soufiane Rahimi, qui a marqué des buts spectaculaires et décisifs avec son club juste avant la CAN, était convaincu que Regragui allait l’emmener avec lui en Côte d’Ivoire. Ce qui ne fut pas le cas. Prenant son mal en patience, il a souhaité bonne chance à l’équipe nationale. En soldat loyal et dévoué, il n’a pas voulu ajouter une couche à l’agitation ambiante.

Il n’a jamais désespéré de porter à nouveau les couleurs nationales. Il s’est remis au travail sous la houlette de son nouvel entraîneur, l’ancienne gloire argentine Hernan Crespo, qui a pris en main Al-Ain en cours de saison (novembre 2023). L’influence de l’Argentin est indéniable sur la métamorphose de son poulain.

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En tant que joueur, Crespo, attaquant tout comme Rahimi, affectionnait, lui aussi, les grandes chevauchées, le jeu dans le dos des défenseurs et un pressing permanent sur le porteur de ballon. Des caractéristiques et des qualités que le coach a intelligemment su perfectionner pour les mettre au service du collectif. Et tout particulièrement, il lui a transmis la grinta et la furia des Sud-Américains.

Les changements de dimension et d’attitude de Rahimi vont vite se faire remarquer dès le mois de mars 2024, c’est-à-dire quelques semaines après la désillusion des Lions de l’Atlas en terre ivoirienne.

Mettant à côté les difficultés d’Al-Ain en Championnat des Emirats, Rahimi allait tout emporter sur son chemin à partir des quarts de finale de l’AFC Champions League. Ses victimes ne seront pas des clubs de deuxième rang mais les deux mastodontes de l’Arabie Saoudite, en l’occurrence Al-Nassr de Cristiano Ronaldo et Al-Hilal de Yassine Bono.

Contre les coéquipiers de la superstar portugaise, pourtant donnés grands favoris, Rahimi va se surpasser en inscrivant notamment l’unique but du match aller et en réalisant un doublé au retour (3-4). Les deux équipes sont allées à l’épreuve des tirs au but qui sont souri aux Emiratis.

Au tour suivant, l’ancien rajaoui va livrer un nouveau récital de haute facture devant Al-Hilal. En l’absence de Bono, Soufiane Rahimi va réussir un triplé, dont deux pénaltys qu’il a lui-même provoqués, avant d’offrir un troisième pénalty dont il était à l’origine au Paraguayen Kaku.

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Al-Ain infligeait ainsi la première défaite de la saison (4-2) aux Saoudiens, qui semblaient invincibles jusque-là aux plans national et continental. Dans le doute, Al-Hilal, même en récupérant Bono au retour à Riyadh, s’est contenté d’une courte victoire (2-1) et a laissé filer son grand objectif de l’actuelle campagne, à savoir la Champions League.

Aux anges, le public et les médias émiratis n’oublieront jamais cette soirée magique face aux Yokohama Marinos. Les plateaux de télévision du pays ont passé toute la nuit de samedi à chanter les louanges du Marocain, qui s’est montré humble en redirigeant les projecteurs sur le mérite de toute l’équipe. Et ses coéquipiers semblaient apprécier sa volonté sincère de ne pas tirer la couverture à soi.

Soufiane Rahimi est devenu un trend non seulement aux Emirats mais dans tout le Golfe. Les réseaux sociaux sont bombardés de publications et de podcasts plus élogieux les uns que les autres envers l’enfant de Derb Sultan.

On dit qu’il est convoité par tous les clubs riches d’Arabie Saoudite, prêts à des folies pour obtenir ses services. Loin s’en faut puisque les dirigeants d’Al-Ain ne semblent pas disposés à se séparer de leur joyau, d’autant que le club ne manque pas de ressources financières. Affaire à suivre.   

Critiqué en 2021 pour son choix d’aller jouer au Golfe, alors qu’il était promis à un bel avenir en Europe, Soufiane Rahimi a finalement répondu -et de quelle manière- à tous ceux qui lui ont reproché cette décision. Après les coups durs du Qatar et de la CAN, il lui a fallu beaucoup de sacrifices, de courage et d’abnégation pour garder la tête hors de l’eau.

Quand il évoluait au Raja de Casablanca (2017-2021), il donnait déjà -malgré son jeune âge- des gages de maturité précoce, d’intelligence et d’humilité. Des qualités qui lui ont valu de redevenir bankable aux yeux des supporters marocains et, surtout, du coach Regragui, qui l’a rappelé pour le dernier stage des Lions de l’Atlas en mars dernier.

Soufiane Rahimi devra, sans nul doute, faire partie du groupe des Lions de l’Atlas pour les matches officiels, au mois de juin, contre la Zambie et le Congo. Avec l’espoir que sa bonne étoile avec Al-Ain puisse apporter une réponse au casse-tête de l’équipe nationale devant les buts.

 
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