Hôtellerie

Les abus de booking font sortir les opérateurs de leurs gonds

C’est  dans une missive d’actions d’urgence que les opérateurs du secteur de l’hôtellerie ont saisi leur ministère de tutelle pour décrire le monopole de la plateforme Booking. Amal Karioun, le président de  la Fédération nationale des agences de voyages du Maroc, parle d’une action illégale qui étouffe les opérateurs nationaux.

« Ce courrier est venu à point nommé pour dénoncer ce qui se fait en occurrence. Les pratiques abusives qui imposent unilatéralement aux acteurs de payer des commissions en devises. La plateforme Booking agit aujourd’hui au Maroc en toute illégalité et fait subir beaucoup de pertes économiques aux acteurs locaux », nous confie Amal Karioun. Le président de la Fédération nationale des agences de voyages du Maroc (FNAVM) parle d’une pratique illégale qui étouffe les opérateurs nationaux. Pour ce dernier, « les élites marocaines doivent s’inspirer du modèle turque, qui a été confronté à ce même problème et a pris une disposition spéciale interdisant formellement au groupe Booking de vendre des chambres d’hôtel turques aux citoyens en Turquie ».

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En attendant, les acteurs eux-mêmes sont montés au créneau. Dans une note qui nous ai été parvenue, on peut lire ce qui suit : « Madame la Ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Economie sociale et solidaire, nous tenons à vous informer que les membres de notre Fédération ont reçu récemment un courriel du site de réservation booking.com les obligeant à payer toutes les commissions en devises, alors qu’elles étaient payées jusque-là en dirhams constants. Cette décision unilatérale de la part de Booking a été expliquée par le changement des exigences de Banque Al-Maghrib. Madame la ministre, vous n’êtes pas sans savoir que la majorité des recettes encaissées par les hôtels via Booking proviennent des réservations faites par des Marocains et, par conséquent, le chiffre d’affaires est réalisé en dirhams alors que le paiement de la commission est dorénavant exigé en devises faisant supporter, en plus, aux établissements d’hébergement touristique le coût de 10% au titre de la retenue à la source. » Et d’ajouter : « Aussi, nous vous prions de bien vouloir intervenir auprès de Monsieur le chef de gouvernement et, le cas échéant, auprès de Madame la ministre de l’Economie et des Finances, afin de faire revenir Booking sur sa décision et de maintenir les paiements en dirhams ». Pour le président de la FNAVM, la plateforme Booking, en plus de frotter les mains, ne paye aucune taxe au Maroc. 

Booking, la tentation du monopole…

Depuis le Covid, les plateformes digitales, telles que Booking, Expedia, et d’autres, ont gagné en popularité auprès des voyageurs qui cherchent à réserver leurs voyages en ligne de manière rapide et facile. Cependant, le constat au demeurant amer c’est que cette percée à bien des égards commence à soulever des problématiques de fond, notamment les positions monopolistiques de ces acteurs.

En 2012, l’agence anti-monopole russe (FAS) a annoncé, ce jeudi, avoir condamné le site de réservation d’hébergements en ligne booking.com à une amende record de 14,9 millions d’euros pour avoir « abusé de sa position dominante ». Cette décision a été prise à la suite d’une plainte déposée par une ONG russe spécialisée notamment dans la défense des droits des PME. Booking.com, l’un des géants mondiaux de la réservation d’hôtels sur Internet, dont le siège est aux Pays-Bas, « a abusé de sa position dominante sur le marché russe des sites de réservation d’hébergements en ligne », a dénoncé la FAS. Cette dernière l’a accusé d’avoir imposé aux hôtels et aux auberges de jeunesse « l’obligation de respecter la parité des prix ».

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Sur le Vieux continent, la Commission européenne a annoncé, en mai dernier, qu’elle désignerait, le 6 septembre « au plus tard », la liste des géants du numérique soumis aux nouvelles règles de l’UE contre les pratiques anti-concurrentielles, qui doit inclure Booking également. 

Et selon la presse internationale, l’agence de voyages en ligne Booking Holdings Inc devrait recevoir un avertissement antitrust de l’UE concernant son offre d’achat de 1,63 milliard d’euros sur le groupe suédois Etraveli. Au Maroc, les opérateurs espèrent que la tutelle empreinte le pas à ces pays pour prendre les mesures qui s’imposent face aux abus de Booking.

 
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