Société

Ramadan. La crise du riz est-elle inéluctable ?

Guerres, conflits, tentations protectionnistes, dérèglement climatique, dans les pays producteurs (et exportateurs) de riz, les signaux sont au rouge. Résultat, les prix repartent à la hausse. Pour l’instant, le Maroc maîtrise toujours la situation.

La flambée des prix du riz qui semble accentuer sa tendance haussière impactera-elle un marché national ramadanesque déjà sous tension ? Rien n’est moins sûr, même si la tonne en 2023 de riz a atteint un prix record de 650 dollars, un cours élevé qui devrait perdurer en 2024. L’augmentation des cours, entamée en 2023 après l’annonce par l’Inde d’une restriction de ses exportations, se poursuit et ce, au moment où le FMI, de peur d’une inflation mondiale incontrôlable, a lui aussi exhorté l’Inde à lever son interdiction, mais en vain. La situation est d’autant plus critique que les observateurs craignent que le monde ne soit frappé par une crise aussi sévère que celle de 2008, où une série de mesures protectionnistes des principaux pays producteurs de riz avait entraîné une flambée des cours du riz qui avaient été multipliés par quatre et provoqué les fameuses émeutes en Afrique, en Asie du sud et dans les Caraïbes. Pour l’instant, le Maroc maîtrise la situation et les prix du riz n’ont pas bougé, à part la fameuse hausse due à la crise du Covid où le ralentissement du commerce avait provoqué une hausse de 10 à 20 % des prix du riz selon les qualités.

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Pour faire face à la crise, le Maroc dispose bien d’une production locale, mais la riziculture qui reste relativement marginale et concentrée dans la région du Gharb, plus précisément dans la région de Rabat-Salé-Kénitra, fournit à hauteur de 75% le marché national, ce qui fait quand même plus des deux tiers des besoins de la consommation nationale alors que sur le reste, entre 30.000 et 40.000 tonnes essentiellement du riz basmati, le Maroc importe une partie et le reste est produit par les entreprises espagnoles installées dans la région de Larache. La filière présente dans le Gharb depuis les années 1940 qui génère des revenus stables pour 2.500 agriculteurs, a ainsi permis d’engranger une valeur ajoutée totale de l’ordre de 117 millions de dirhams en 2017 contre 83 millions en 2008, soit une hausse significative de 41%, dont le bénéfice revient au contrat-programme (2014) inscrit dans le cadre du Plan Maroc Vert, signé entre le Gouvernement et la Fédération nationale interprofessionnelle du Riz portant sur la période 2014-2020.

D’un autre côté, Rabat et Madrid n’ayant sans doute jamais été autant en phase depuis la fin de la guerre froide qui avait été déclenchée par le gouvernement de Maria Aznar, surfant sur une prétendue situation stratégique de l’Espagne menacée par l’activisme du royaume, la production de riz «made in spain» doit beaucoup aux rizières de Larache. Les deux pays sont désormais en phase et le plaidoyer inattendu de Pedro Sanchez en faveur d’un «sursaut stratégique» de l’Espagne en Afrique du nord avec des relations privilégiées avec le Maroc ont suscité un vrai mouvement de fond chez les patrons espagnols. Résultat dans le lot des dirigeants espagnols conscients qu’un changement de fond travaille l’axe Espagne/Maroc, les gros pontes de l’agroalimentaire se mettent en rang pour délocaliser leurs productions au Maroc, poussés fortement par la crise agricole qui secoue le vieux continent. Selon l’ICEX (Instituto de Comercio Exterior), l’organisme public chargé de promouvoir et d’encourager l’internationalisation des entreprises espagnoles, beaucoup d’entreprises agroalimentaires espagnoles ont délocalisé une partie de leur production agricole vers le Maroc.

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L’Institut du Commerce extérieur évoque ainsi quelques entreprises spécialisées dans le négoce et la production de riz comme Ebro Foods (propriétaire des marques de riz comme Brillante ou Cigala) installée dans la région de Larache avec la plus grande usine de production de riz du pays, avec une capacité de production annuelle maximale de 50.000 tonnes grâce à un investissement de plus de 15 millions d’euros et qui commercialise son riz à travers la société Mundiriz. Une production dont une bonne partie est réexportée en Europe.

 
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