Santé

Akdital : les confidences de Rochdi Talib

Lors de son passage au Club de L’Economiste, Rochdi Talib, PDG du groupe Akdital, a dévoilé les coulisses de la success story d’Akdital, un groupe de santé privé qui connaît une croissance fulgurante au Maroc.

Depuis ses modestes débuts avec la clinique Jrada à Casablanca, Akdital est devenu un acteur incontournable du secteur, affichant un chiffre d’affaires de plus de 600 millions de dirhams au premier trimestre de cette année et gérant 23 cliniques opérationnelles. Ce nombre devrait passer à 41 d’ici juin 2025.

Des débuts modestes et une ambition sans limite

Rochdi Talib a partagé avec nos confrères l’histoire de la création d’Akdital, marquée par des débuts modestes mais une vision claire. Frustré par les conditions de travail dans les « cliniques-villas » mal équipées, il décide de rentrer au Maroc après avoir exercé en France. « À l’époque, je ne disposais que de 4 millions de dirhams, des économies après plusieurs années d’exercice », se souvient-il. Ce montant représentait seulement 5 à 7 % de l’investissement nécessaire pour lancer la clinique Jrada. Il se tourne alors vers son beau-père, un grand industriel, qui investit 45 millions de dirhams après avoir été convaincu du potentiel de développement. Akdital, acronyme des noms de famille Akdim et Talib, voit ainsi le jour.

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En 2009, pour financer son développement, le groupe sollicite une ligne de crédit de 24 millions de dirhams. Malgré la réticence initiale des banquiers, cette somme est accordée et la clinique Jrada affiche rapidement complet. Cette réussite permet à Rochdi Talib de renégocier le tour de table du groupe. Les parts du beau-père sont cédées à ses fils, tandis que Rochdi Talib et son épouse détiennent les 50 % restants.

Le développement du groupe est également soutenu par des opportunités conjoncturelles. En 2014, la révision du plan d’aménagement urbain de Casablanca permet de construire de nouveaux étages, ouvrant la voie à de nouvelles cliniques. Le CIH, dirigé alors par Ahmed Rahhou, rachète le crédit contracté par Akdital et mobilise 60 millions de dirhams pour financer de nouveaux projets, sécurisant ainsi le foncier pour plusieurs cliniques, souligne L’Economiste.

Le bingo boursier

La pandémie de Covid-19 et le discours royal du 30 juillet 2020 sur la généralisation de la protection sociale ont marqué un tournant pour Akdital. « C’est le déclic », explique Rochdi Talib. Cette initiative a permis de solvabiliser une nouvelle population, ce qui a poussé le groupe à s’étendre au-delà de Casablanca. Pour financer cette expansion, Rochdi Talib conclut un partenariat avec Mediterrania Capital Partners, cédant 20 % du groupe contre 250 millions de dirhams, rappelle la même source.

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Le 14 décembre 2022, Akdital réalise une introduction en Bourse historique, levant 4,5 milliards de dirhams, soit près de quatre fois le montant initialement prévu. « Pour financer notre plan de développement et notre projet de croissance, nous avons opté pour la solution idéale, en l’occurrence le financement par introduction en Bourse », confie Rochdi Talib. Cette IPO confirme la transparence et la structuration du groupe, et depuis début 2023, le cours de l’action affiche une hausse de plus de 144 %.

Des perspectives prometteuses

Rochdi Talib souligne les défis auxquels Akdital est confronté, notamment en termes de tarification. Il insiste sur la nécessité de revoir la tarification nationale, en particulier pour les services de réanimation, afin de maintenir la qualité des soins. « Il est inconcevable de fournir des soins de qualité à ces tarifs. Un minimum de 4.500 dirhams par jour est nécessaire pour équilibrer les coûts d’une réanimation intensive », précise-t-il.

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L’Economiste relève que Rochdi Talib se souvient des jours où les cliniques marocaines n’étaient que des villas transformées en établissements de soins, offrant des services avec des moyens très limités. « À mon retour de France dans les années 90, j’étais stupéfait par le manque d’équipements essentiels comme les scanners ou les échographies. Nous devions souvent improviser, transporter nos patients en ambulance pour des examens, même en pleine nuit », se remémore-t-il. Ces conditions difficiles ont été qualifiées par Talib de « médecine de guerre ».

Aujourd’hui, l’évolution rapide des technologies médicales, notamment l’intelligence artificielle (IA) et la robotique, a transformé la pratique médicale. Rochdi Talib rêve de la généralisation de ces technologies au Maroc. « Cette avancée nous oblige à intégrer ces nouvelles technologies pour améliorer les soins, même dans les régions les plus reculées du pays », dit-il. La robotique permet désormais à des experts de superviser des opérations à distance, offrant ainsi des soins de haute qualité, peu importe l’emplacement du patient. « Mon rêve est de voir cette technologie se généraliser au Maroc. Nous avons déjà réussi à convaincre des fabricants de robots médicaux de s’intéresser à notre pays, malgré les défis initiaux », soutient Talib.

Combler les déserts médicaux

Accélérant son expansion depuis 2018, le groupe Akdital a mis en place un programme de développement ambitieux. En 2023, Akdital a inauguré cinq nouveaux établissements, doublant ainsi son chiffre d’affaires et ses bénéfices par rapport à 2022. À la fin de l’année, le groupe comptait 21 établissements dans neuf villes, avec une capacité totale de 2.300 lits. Cette expansion rapide devrait se poursuivre en 2024, avec l’ouverture prévue de plus d’une clinique par mois.

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« Le Maroc a besoin de renforcer son infrastructure sanitaire, avec environ 1,2 lit pour 1.000 habitants, un chiffre bien en deçà des normes internationales », explique Rochdi Talib. Le groupe prévoit une année 2024 historique au cours de laquelle il compte ouvrir 15 nouvelles cliniques, représentant près de 1.430 lits répartis dans 11 nouvelles villes. Ce qui devrait porter le total à 36 établissements et 3.622 lits, soit 20 % de l’offre nationale privée. Un investissement dépassant le milliard de dirhams est prévu cette année pour soutenir cette croissance.

 
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